TRIBUNE : Mesdames et messieurs les candidats, allez‐vous sauver l’APU du Vieux‐Lille et les libertés associatives ?

Un collectif d'associations sollicite les candidats aux législatives pour qu'ils s'engagent à sauver l'Atelier populaire d'urbanisme, une association d'appui aux mal-logés menacé par la suppression d'une subvention de la MEL qu'ils estiment totalement injustifiée.

Logement
Illustration Jean-Paul Van der Elst

Nous, associations de défense des droits implantées dans le territoire de la Métropole européenne de Lille (MEL), vous interpellons solennellement, à quelques jours d’un second tour de scrutin législatif qui, selon toute vraisemblance, verra les élu.es de l’extrême droite entrer massivement au Parlement national et, peut‐être, gouverner le pays.

Comme ils et elles le font toujours, comme ils et elles le font déjà dans les pays où leurs partis sont au pouvoir, ces élu.es mèneront une politique qui reviendra sur des droits fondamentaux essentiels et sur l’autonomie des associations, indispensable au fonctionnement des démocraties et de l’Etat de droit. Nous n’avons malheureusement aucun doute là‐dessus. Nous savons que nous devrons défendre plus encore demain celles et ceux qui subiront directement ces politiques, dans leurs vies et dans leurs corps.

Ce que nous savons moins, c’est si nous pourrons compter sur les élu.es démocrates et républicains pour nous défendre, au niveau national ET au niveau local.

« Incitation à la haine »

Lors de sa dernière réunion du vendredi 28 juin 2024, le bureau de la Métropole européenne de Lille a confirmé sa décision inique et injustifiée, adoptée le 19 avril dernier, de supprimer la subvention de 38 000 euros, jusqu’alors versée à l’Atelier Populaire d’Urbanisme du Vieux‐Lille qui accompagne des centaines de familles en situation de mal‐logement dans la MEL au titre de son travail d’accompagnement des nombreuses familles en difficulté sur notre territoire.

La vice‐présidente de l’Habitat, continue de reprocher à cette association, sans aucun fondement et contre toute évidence, d’avoir « incité à la haine et à la violence » lors d’une expulsion d’une aire d’accueil de gens du voyage. Ce alors qu’une salariée de l’association, sollicitée par les personnes concernées, était présente pour vérifier que les droits des personnes étaient bien respectés, comme c’est notre mission de le faire.

La MEL prend donc le risque considérable de faire disparaître une association active depuis quarante‐cinq ans, qui accompagne des centaines de familles chaque année. 

Les dangers du « contrat d’engagement républicain »

Les élu.es du territoire ont‐ils et elles bien conscience qu’en activant le « contrat d’engagement républicain » (CER) pour réprimer l’action d’une association de défense des droits des habitant.es de la MEL – ou en ne s’y opposant pas comme ils et elles devraient le faire – cela crée un précédent qui pourra être utilisé demain pour réprimer d’autres associations sur ce motif.

Le 18 juin dernier, à la Bourse du travail de Lille, nous étions d’ailleurs plus d’une centaine de personnes représentant une grande diversité du monde associatif et syndical pour alerter sur les dangers du CER et pour défendre les libertés associatives et notre indispensable autonomie.

Nous demandons donc solennellement aux élu.es démocrates et républicains de tout mettre en œuvre, dans leurs mandats actuels et futurs, et dès maintenant pour que la MEL revienne sur cette décision, conscientes et conscients de leur responsabilité historique.

Nous savons qu’ils et elles peuvent le faire, dans le cadre des instances de la MEL où leur prise de position courageuse suffira à arrêter le processus absurde dans lequel la machine administrative s’est lancée sans raison.

Nous leur demandons explicitement de prendre l’engagement public, auprès des familles et des bénévoles de l’APU avant le vote de dimanche, qu’ils et elles seront à nos côtés demain.

Elues locales, élus locaux, candidates et candidats progressistes et démocrates, allez‐vous défendre l’APU du Vieux Lille qui agit depuis quarante‐cinq ans pour les habitant.es de la MEL et pour une société plus juste, égalitaire, inclusive et démocratique ?

Premiers signataires : Atelier populaire d’urbanisme du Vieux‐Lille, Observatoire des libertés associatives, Syndicat des avocats de France, Le Mouvement associatif Hauts‐de‐France, la Ligue des droits de l’homme‐ Lille, Utopia 56, Da So Vas femmes Gens du Voyage, Dignité Humaine, Pas Sans Nous Roubaix, Collectif solidarité Roms Lille Métropole…

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Par Un collectif d'associations lilloises