« Si Darmanin brigue Tourcoing, c’est pour échapper à l’impopularité de Macron »

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Jean-Pierre Balduyck, ancien maire de Tourcoing de 1989 à 2008. Capture d'écran vidéo Weo

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Par Alexandre Lenoir

Jean-Pierre Balduyck, maire (PS) de Tourcoing de 1989 à 2008, en a fini avec la politique active. Mais ça ne l’empêche pas de vouloir contrer les ambitions du ministre candidat Gérald Darmanin. Il a choisi pour cela de soutenir la liste citoyenne Ambition commune et s’en explique à Mediacités.

Avec trois mandats de maire de Tourcoing à son actif (1989–2008), Jean‐Pierre Balduyck, 78 ans, agit désormais en coulisse, en tant que co‐président du comité de soutien du collectif Ambition Commune. Lancé il y a quelques mois par Franck Talpaert, conseiller à la sécurité de l’ancien maire Michel‐François Delannoy (2008–2014), ce mouvement prône l’engagement citoyen et se dit apolitique. Il a pourtant réussi à obtenir le ralliement du PS, qui, pour la première fois depuis 50 ans, ne présentera pas de liste à Tourcoing. Jean‐Pierre Balduyck a accepté de nous recevoir dans l’ancien hospice qui lui sert de demeure pour nous expliquer sa démarche et livrer son décryptage sur la bataille en cours.

Pourquoi avoir décidé de rejoindre Ambition Commune ?

À Tourcoing, le PS n’est plus capable de composer une liste. Le parti a payé très cher son impopularité lorsque François Hollande gouvernait, puis il a été saboté par les divisions et les meurtrissures des primaires. Aujourd’hui, les militants socialistes doivent travailler avec les membres de la société civile. Il y a urgence, notamment en ce qui concerne l’environnement. Franck Talpaert a la carrure, le charisme, et une véritable ambition pour la ville. Je suis persuadé qu’il peut parvenir à rassembler les Tourquennois.

Gérald Darmanin, comme vous ancien maire de la ville, a‑t‐il raison de se porter à nouveau candidat ?

Il a un toupet monstre, il veut faire croire aux Tourquennois qu’il revient parce qu’il aime la ville, mais en réalité, il agit par calcul politique. Si Darmanin brigue Tourcoing, c’est pour échapper à l’impopularité d’Emmanuel Macron après sa mauvaise communication sur la réforme des retraites. C’est un ambitieux, qui rêve même sûrement de la présidence. Ce manque de solidarité, c’est assez grave. Selon moi, être ministre est un honneur, on ne devrait pas pouvoir s’en défaire si facilement. Pourquoi Macron ferme‐t‐il les yeux sur cette trahison ?

Prêter main‐forte à la candidate d’Europe Ecologie Les Verts vous paraissait inenvisageable ?

Même si j’ai beaucoup de respect pour Katy Vuylsteker, je désapprouve leur façon d’appréhender les alliances. Ils ont beaucoup d’ambition et sont devenus exigeants envers leurs partenaires potentiels. Bien sûr, il faut reconnaître qu’avoir obtenu 12 % des suffrages lors des dernières élections européennes était un tour de force, mais rien ne permet d’affirmer qu’ils pourront faire plus aux municipales. En attendant, il n’est pas possible de conclure un accord avec eux sans se renier. 

Le Rassemblement national a‑t‐il des chances de l’emporter ?

Bien sûr ! Aux dernières élections européennes, ils sont arrivés en tête avec près de 1 700 voix d’avance. Cela montre qu’ils sont tout à fait capables de séduire à Tourcoing. On ne peut pas exclure que Rémi Meurin devienne maire. C’est même une hypothèse plus que probable.

Qui pour succéder à Damien Castelain à la tête de la Métropole européenne de Lille ?

Ni Gérald Darmanin ni Martine Aubry ne peuvent être élus. Je pense que beaucoup de maires de petites communes vont sortir du bois. Le maire de Mons‐en‐Barœul, Rudy Elegeest, a l’envergure pour diriger la MEL. C’est un candidat crédible car il n’est pas du genre à se laisser faire. Personne ne pourrait tirer les ficelles dans son dos. 

Propos recueillis par Valentin Hamon‐Beugin (ESJ Lille)

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