Toulouse : reprise partielle et contestée du travail pour Airbus et ses sous‐traitants

Le constructeur européen a redémarré partiellement sa production quelques jours après le début du confinement. Une décision destinée à sauver la filière aéronautique qui peine à réunir les conditions sanitaires requises en période de pandémie.

Airbus st eloi
Le site Saint-Eloi d'Airbus à Toulouse / © Gael Cérez

Le 18 mars, deux jours après l’annonce présidentielle, Airbus met ses usines françaises à l’arrêt temporairement. Objectif du pilier de l’économie toulousaine : adapter les postes de travail et mettre en place de nouvelles règles d’hygiène pour assurer la santé de ses salariés. L’avionneur prévoit un retour à la production pour le lundi 23 mars. Le temps de mettre en place « une désinfection stricte et des mesures de distanciation » dans les usines, selon Guillaume Faury, président directeur général d’Airbus. La relance de la production sur les sites français et espagnols est annoncée, comme prévu, le 22 mars.

En France, 10 à 15 % des effectifs sont concernés par cette reprise d’activités : 45 personnes sur la chaîne A320, des salariés du centre de livraisons pour répondre aux compagnies aériennes qui viennent récupérer leurs commandes, et des ingénieurs des bureaux d’étude travaillant sur Catia, un logiciel trop lourd à gérer en télétravail. Reviennent également sur le pont des salariés « support », qui s’occupent de gérer les pannes des avions encore en vol, mais aussi ceux des activités spatiales et militaires, et de la cybersécurité. A Blagnac, malgré des annulations de plus en plus nombreuses, le service de formation de pilotes en simulateur de vol fonctionne encore, grâce à un effectif ramené sous la barre des 10 %. Pour la plupart des autres activités, le télétravail reste de mise.

Dans ces conditions, impossible de maintenir les prévisions d’activités de 2020 : l’objectif de livrer « environ 880 avions commerciaux » cette année passe à la trappe. « La productivité sera basse au début et même très basse. Nous la retrouverons plus tard », assure Guillaume Faury, dans une vidéo adressée à ses « employés, clients, fournisseurs et partenaires ». Après une visite complète des services d’hygiène et de sécurité, l’usine toulousaine de Saint‐Eloi réactive, le 24 mars, ses chaînes de production dédiées à l’A330 et à l’A350. Mais, l’après-midi même, les salariés sont renvoyés chez eux. « Toutes les garanties n’étaient pas réunies », selon Jean‐François Knepper, délégué syndical central (DSC) de Force Ouvrière, syndicat majoritaire de l’avionneur européen.

Alors qu’une activité partielle se met en place tant bien que mal en France, Airbus annonce le 30 mars l’arrêt de la majorité de la production en Espagne – jusqu’au 9 avril inclus – sur décision du gouvernement espagnol pour combattre le Covid‐19. Le même jour, sur le site de Blagnac, des ouvriers d’un atelier refusent de travailler et rentrent chez eux. « Ils ne se sentaient pas en sécurité », selon la CGT. 
Qui a décidé de maintenir l’activité ? 
Bien que le secteur aéronautique ne fasse pas nommément partie des activités essentielles listées par la ministre du travail Muriel Pénicaud, la filière est en lien avec les transports et la défense, fait valoir un porte‐parole d’Airbus. « Le maintien en condition opérationnelle des flottes militaires, c’est Airbus. Les satellites et la cybersécurité aussi. On ne peut pas tout arrêter », argue‐t‐il. Officiellement, la décision a été prise par la direction du groupe aéronautique. Mais, en interne, le discours diffère …

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Par Gael Cérez et Armelle Parion

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