Quand le gouvernement a demandé la fermeture des lieux accueillant du public, le 14 mars, la 32e saison de Ciné Latino devait démarrer le 20 mars et accueillir des milliers de spectateurs, le théâtre de la Cité avait bouclé sa prochaine saison, et le groupe de rock Mademoiselle K était en route pour se produire au Bikini. « Cela me rappelle 2001, quand l’explosion d’AZF a détruit notre salle, lâche ému, Hervé Sansonetto, le patron de la célèbre salle de concerts. Nous avons attendu six ans avant de pouvoir rouvrir. » Cette fois‐ci, ce sera plutôt trois mois – ou plus. Le président Macron a annoncé, dans son allocation du 13 avril, que « les événements et les grands festivals avec du public nombreux ne pourront se tenir au moins jusqu’à la mi‐juillet », malgré le déconfinement progressif prévu à partir du 11 mai. Aucune date n’est encore prévue pour les lieux culturels, accueillant du public.
Les premiers jours suivant leur fermeture, les salles se sont attelées au plus urgent : sauver leurs emplois permanents et réorganiser leur programmation. Le théâtre Sorano a déjà reporté trois spectacles et travaille sur les quatre suivants. « Nous avons eu recours au chômage partiel pour un tiers de l’équipe et nous complétons les salaires. Mais si l’on doit annuler des spectacles, je ne sais pas dans quelles conditions ce sera possible », craint le directeur Sébastien Bournac. Le versement de la moitié de la subvention municipale (près de 500 000 euros), qui devait être voté en conseil municipal, est suspendu faute d’élections, et le théâtre doit aussi faire face aux demandes de remboursement des spectateurs.
Dès le 2 avril, le théâtre de la Cité a pris la décision d’annuler sa fin de saison, anticipant toute directive gouvernementale en ce sens. « Plus on attendait, plus on fragilisait les équipes artistiques. Il fallait les payer, maintenir nos salaires de permanents et indemniser les ouvreurs », souligne le directeur associé Stéphane Gil, soulagé d’avoir réussi à reprogrammer la moitié des compagnies à la saison prochaine. Subventionné à hauteur de 75 % sur un budget de 7 millions d’euros, le Centre dramatique national devra quand‐même éponger la perte des loyers du restaurant et des halles …