Certains la moquent, d’autres la craignent. Sur la toile, on l’évoque dans des forums. Sur twitter, elle a même droit à un hashtag : « #TesPasDeLille si t’as jamais croisé Mado la Punk en train de gueuler !! » C’est dire. Présente en première ligne sur les manifs, haranguant les passants en centre‐ville ou les usagers du métro à coups de « vous êtes des moutons », ou encore « petits esclaves bien braves du travail forcé mais consentants », Mado est une figure locale. Un personnage familier pour de nombreux Lillois sans que personne ne sache finalement qui elle est.
Ce jour de juillet, elle s’est endormie sur l’une des tables du Relax, un café de la place Nouvelle Aventure, dans le quartier de Wazemmes. L’un de ses repaires, avec Les Tilleuls, un autre café situé sur cette même place. La tête posée sur un oreiller, rien ne semble pouvoir la perturber. Pas même la musique qui gronde. Il est 15 heures. On ose à peine la déranger. Une main posée sur son épaule lui fait quitter précipitamment les bras de Morphée. « Hey, salut ! C’est toi qui m’as donné un oreiller ? » lance‐t‐elle d’une voix légèrement rauque et éraillée. Dans les rues de Lille, cette voix trahit sa présence aux « Oi!, Oi ! », [onomatopées en référence à la Oi!, musique punk anglaise] qu’elle crie.
Aujourd’hui, sa crête iroquoise qui pointe d’ordinaire fièrement vers le ciel retombe en mèches roses et lisses sur un crâne rasé. « C’est long à faire, explique‐t‐elle. Environ 2h30 si tu veux qu’elle tienne bien. Mais attention, c’est du pipeau le truc de la bière. Faut juste utiliser de l’eau et du savon. » Cette crête, c’est un emblème familial : ses deux derniers garçons [ndlr : Mado est la maman de cinq garçons] et sa défunte chienne Khira l’avaient eux …