Jean Tirole aime à se faire passer pour l’incarnation de la retenue. Voire du désintéressement. Il avait confirmé ce sens de l’humilité dans une interview donnée à Paris Match en 2015 : « Les scientifiques ne travaillent pas pour l’argent ». Sans doute. Ceci n’empêche pas le prix Nobel 2014 de compléter astucieusement son salaire de professeur, qui plafonne en fin de carrière à environ 5 000 euros mensuels, par divers moyens.
Depuis 1994, Jean Tirole est le président d’une société par actions simplifiées baptisée Tirole Economie. Cette société mène des activités de « conseil, consultation, assistance, prestations intellectuelles dans le domaine de la micro‐économie, économétrie, économie industrielle et économie financière ». La loi Le Pors interdit aux fonctionnaires « la participation aux organes de direction de sociétés ou d’associations », sauf les associations à but non‐lucratif du genre « association de quartier », ou à caractère « social et philanthropique », etc. Une exception notable est prévue dans le cas où le fonctionnaire concerné n’occupe qu’un emploi à temps partiel d’un maximum de 70 %. Est‐ce le cas de Jean Tirole ? A‑t‐il diminué son contrat de travail – et son traitement – de 30 % pour pouvoir présider son entreprise ? Cela semble peu vraisemblable. Mais nous ne le saurons pas puisque l’intéressé n’a pas souhaité répondre à notre sollicitation.
Ce que l’on sait, en revanche, c’est que la petite entreprise ne connaît pas la crise. Sur la période 2005–2010, elle a engrangé la coquette somme de 319 000 euros. A cette époque, Tirole Economie était une société civile dont le capital était partag …