Ce matin‐là, le soleil éclaire par petites touches le marais de Port‐Boyer, au bord de l’Erdre nantaise. Tout le mois de septembre, des bénévoles ont chaussé bottes et cuissardes pour couper les saules et les aulnes qui empêchaient la lumière de passer et le marais de respirer. « Nous effectuons un travail de fourmi comparé à ce qu’il serait nécessaire de faire, reconnaît Clément Amour, médiateur de rivière et permanent de la fédération des Amis de l’Erdre. Mais quand on voit revenir des espèces menacées comme le campagnole amphibie ou la grande douve (Ndlr : une sorte de renoncule), ça fait plaisir ! »
Fondée en 1990 à Nantes, cette association s’était fixé pour objectif de protéger et de valoriser la rivière en espérant, un jour, pouvoir s’y baigner. Hélas, près de trente après sa création, l’interdiction de baignade dans l’Erdre est toujours d’actualité. Et les signaux attestant de sa qualité sont toujours au rouge, comme ceux de l’écrasante majorité des cours d’eau du département. Dans un communiqué publié en février dernier, la préfecture et l’Agence de l’eau dévoilaient des chiffres particulièrement alarmants : seuls 11% des ruisseaux, rivières et fleuve de la région Loire‐Bretagne sont en bon état. Loin, très loin de l’objectif de 47% fixé à la France par l’Europe pour… 2015 ! Pis, le département de Loire‐Atlantique fait partie des territoires les plus dégradés avec seulement 4% de cours d’eau en bon état.
Nitrates, bactéries, pesticides… Un cocktail ravageur
Volontiers présentée comme un atout paysager de la métropole, l’Erdre symbolise parfaitement cette situation. Avec des résultats « mauvais » ou « médiocres » sur nombre d’indicateurs : les nitrates (issus des engrais agricoles), les matières organiques et oxydables (bactéries d’origine humaine, animale ou végétale qui consomment l’oxygène de l’eau), les particules en suspension (poussières ruisselant des trottoirs par temps de pluie, notamment)…
N’en jetez plus ? Si ! On y trouve aussi des molécules de pesticides à foison. L’AMPA, produit de la dégradation du « célèbre » glyphosate (herbicide), caracole ainsi en tête d’un triste classement, aux côtés de l’atrazine, un autre herbicide reconnu comme perturbateur endocrinien, pourtant interdit depuis 2003. « L’eau …