2020, année du design ? L’idée avait de quoi séduire. Mais, à un mois de la fermeture des grandes expositions de Lille Capitale mondiale du design, difficile d’affirmer que le rendez‐vous métropolitain aura transformé le territoire. L’événement, entamé laborieusement le 9 septembre (après un premier faux démarrage en décembre 2019), aura pâti de circonstances particulières liées au covid, certes, mais également fait la preuve d’un certain nombre de dysfonctionnements.
Le 5 juin 2018, à la Villa Cavrois, devant un parterre d’officiels, d’artistes et de designers, tout sourire, Damien Castelain s’enflamme : « Ce projet sera un accélérateur de la transformation économique et écologique de notre métropole, qui en a besoin. Le design va infiltrer toutes les politiques de la métropole et je m’en porte garant. » Le logo à peine dévoilé, le président de la MEL rêve déjà de 5 millions de visiteurs. Et six mois plus tard, à la Cité des Congrès de Valenciennes, Denis Tersen, le directeur général du comité d’organisation, baptisé World Design Capital (WDC), imagine un « grand choc d’attractivité avec l’ambition de dépasser les 9 millions de visiteurs et de créer une métropole durablement désirable ».
Beaucoup imaginent alors un nouveau Lille2004 dans la foulée de ce titre de Capitale mondiale du design décroché après Mexico, en 2018, et Taipei, en 2016. Dès juin 2018, Denis Tersen évoque des événements festifs dans la rue. De là à imaginer des chars design et une parade avec Philippe Starck en guest star, il n’y a qu’un pas. Damien Castelain assure alors que ce n’est pas « un projet pour un petit nombre, il faut que tous puissent y prendre leur part ». En réalité, design n’est pas culture et l’événement n’est pas complètement destiné au grand public. Pourtant, c’est bien d’argent public qu’il s’agit.
Un budget très incertain
Pour obtenir les chiffres précis, ce n’est pas simple. Ni la MEL, ni la WDC ne les communiquent facilement, et nos demandes répétées sont restées sans réponse. Mais dans un document daté de février 2020, on apprend que le budget global (pour la période d’octobre 2019 à mi‐2021) est de 5 717 500 euros. Dans la colonne des recettes, on note 3,8 millions d’euros de subventions de la MEL, 400 000 euros de la Région, 188 000 du Ministère de la Culture et 50 000 euros du Ministère de la Politique de la Ville. A cela, il faut ajouter 900 000 euros de mécénat, 70 000 euros de partenariats et 300 000 euros de recettes espérées de la billetterie. A ce stade, impossible de dire si tous ces objectifs seront atteints, même si les expositions du Tri Postal (10 euros l’entrée) et de la Gare Saint‐Sauveur (gratuit) connaissent un joli succès. Cette dernière accueille quelque 2 …