À quelles dates se dérouleront les élections régionales ? Pourquoi sont‐elles importantes ? À quoi servent les régions ? Et quelles seront les têtes d’affiche de ce scrutin ? Réponses dans la « FAQ des régionales » de Mediacités.
1
À quelles dates se tiendront les prochaines élections régionales ?
Le dimanche 20 juin 2021 pour le premier tour et le dimanche 27 juin 2021 en cas de second tour. Ainsi en a décidé la loi du 22 février 2021 sur le report des élections départementales, régionales et territoriales, adoptée en raison de l’épidémie de Covid‐19. Les élections régionales (et départementales) devaient initialement se tenir en mars 2021.
2
Qui peut voter ?
Tout citoyen français âgé de 18 ans ou plus et inscrit sur une liste électorale au plus tard le 7 mai 2021. Les ressortissants des autres pays membres de l’Union européenne ne sont pas autorisés à voter aux élections régionales, contrairement aux élections municipales.
3
Comment s’organise le scrutin régional ?
Depuis 1986, les conseillers régionaux sont élus, pour six ans, au suffrage universel direct via un scrutin de liste organisé dans chaque département. En règle générale, les partis politiques désignent un « chef de file » (promis à la présidence de la collectivité en cas de victoire). Il représente l’ensemble des candidats des listes (une par département) que sa formation ou son mouvement aligne au sein de la région. Le nombre de sièges à pouvoir varie d’un département à l’autre, en fonction de la population. Et chaque liste doit respecter la parité en présentant alternativement une femme et un homme.
Si une liste recueille la majorité absolue au premier tour, elle obtient un quart des élus envoyés au conseil régional par le département. Le reste des sièges est réparti à la proportionnelle entre toutes les listes qui ont obtenu plus de 5% des suffrages (gagnante comprise). En cas de second tour, c’est la liste arrivée en tête qui décroche « la prime majoritaire », soit le quart des sièges à pouvoir. Le reste est, là encore, réparti à la proportionnelle entre l’ensemble des listes ayant dépassé les 5%.
4
Quels candidats pourront accéder au second tour ?
Les listes ayant obtenu au moins 10% des suffrages exprimés peuvent se maintenir au second tour. Celles qui ont obtenu aux moins 5% des suffrages peuvent éventuellement fusionner avec d’autres.
5
Pourquoi, sur un plan politique, ces élections sont‐elles importantes ?
Dernier rendez‐vous dans les urnes avant 2022… Sur la route de l’Élysée, ces élections seront un événement politique au‐delà des seuls enjeux régionaux. La République en marche sera‐t‐elle en mesure de conquérir au moins une région ? Le parti présidentiel n’en dirige aucune – et pour cause, en 2015, lors des précédentes régionales, Emmanuel Macron ne l’avait pas encore créé. Et le Rassemblement national ? Comme en 2015, Marine Le Pen attend beaucoup des Hauts‐de‐France et de Provence-Alpes-Côte‑D’azur mais ne sera pas cette fois chef de file comme ce fut le cas dans la région de Lille (elle avait alors perdu face à Xavier Bertrand).
À droite, trois présidentiables – Xavier Bertrand dans les Hauts‐de‐France, Valérie Pécresse en Île‐de‐France et Laurent Wauquiez en Auvergne‐Rhône‐Alpes – brigueront un second mandat. C’est l’élection dans les élections : une sorte de primaire de la droite au sein des régionales. Les résultats des uns et des autres pèseront sur le choix du candidat des Républicains pour 2022. Xavier Bertrand s’est engagé à abandonner son ambition présidentielle s’il perd sa région.
Enfin, à gauche, le scrutin de juin mettra au défi écologistes et socialistes de trouver des terrains d’entente, condition pour envisager une éventuelle candidature unique à l’élection présidentielle. Ce n’est pas gagné, comme en témoigne, par exemple, les crispations que provoquent parmi les Verts le probable retour de l’ancienne ministre socialiste Najat Vallaud‐Belkacem en Auvergne‐Rhône‐Alpes.
6
Qui sera candidat dans les régions couvertes par Mediacités ?
Dans les Hauts‐de‐France, Xavier Bertrand (ex‐LR) est candidat à sa réélection, même s’il ne cache pas ses ambitions pour la présidentielle de 2022. Le président sortant aborde le scrutin en position de force. Adversaire résolu du Rassemblement national, le vainqueur de Marine Le Pen en 2015 retrouvera cette fois face à lui le député Sébastien Chenu. Mais ce dernier a échoué à conquérir la mairie de Denain lors des dernières municipales. Et les bisbilles internes au groupe RN ont alimenté la chronique du conseil régional. Le succès remporté aux européennes montre toutefois que le parti lepéniste peut surmonter ses divisions lors des élections. Xavier Bertrand semble bien parti pour bénéficier à nouveau de la division à gauche. Car si tous les candidats appellent au rassemblement, aucun ne semble prêt à se désister vraiment. Au Parti socialiste, le souvenir de Pierre de Saintignon, obligé de se retirer au second tour pour faire barrage au FN, ne suffit pas à privilégier l’union. Le PS a cette fois désigné le sénateur Patrick Kanner comme tête de liste. Mais Ugo Bernalicis, qui mènera la bataille pour La France insoumise, ne veut pas entendre parler d’une alliance avec un ancien ministre de Manuel Valls. Le député LFI n’exclut pas en revanche de travailler avec Karima Delli, tête de liste EELV, ou Fabien Roussel, le secrétaire national du PCF. Nouveau venu dans cette compétition, LREM a désigné Laurent Pietraszewski, le secrétaire d’État chargé du dossier des retraites. José Evrard, pour Debout La France, complète cette ligne de départ provisoire.
En Auvergne‐Rhône‐Alpes, Laurent Wauquiez (LR) briguera lui aussi un deuxième mandat même s’il n’a encore officialisé ses intentions à la mi‐février 2021. Il part (grand) favori. À sa droite, le Rassemblement national devrait investir Andréa Kotarac, ex‐Insoumis passé avec pertes et fracas dans l’écurie de Marine Le Pen. Déjà chef de file aux élections métropolitaines dans le Grand Lyon en 2020, le transfuge avait essuyé un fiasco : dans seulement deux circonscriptions sur 14, ses listes ont dépassé les 10% ; et aucun élu RN au Grand Lyon au final. Le député de Villeurbanne Bruno Bonnell défendra les couleurs de La République en marche. Un choix surprenant, avant tout médiatique. Les écologistes misent eux sur Fabienne Grébert, conseillère régionale sortante non‐encartée à EELV. Alors que les socialistes attendent que Najat Vallaud‐Belkacem se déclare. Ce serait un retour aux sources pour l’ex-ministre de l’Éducation : elle fut élue de la région Rhône‐Alpes, aux côtés de Jean‐Jack Queyranne (PS), de 2004 à 2008. Enfin, la France insoumise a investi un duo Magali Romaggi et Gabriel Amard, gendre de Jean‐Luc Mélenchon et adepte du nomadisme électoral. Parachuté en Isère, il a tenté de se faire élire dans le Nord (aux municipales 2020) et dans le Jura (aux législatives de 2017), après avoir dirigé la mairie de Viry‐Châtillon (Essonne) et siégé au conseil régional d’Île-de-France.
En Occitanie, la présidente sortante Carole Delga vise un nouveau mandat. Partenaires dans sa majorité, les écologistes ont fait le choix de présenter leur candidat pour ravir la région à l’élue socialiste, ou du moins peser davantage dans l’exécutif. C’est Antoine Maurice, candidat défait aux dernières municipales à Toulouse, qui portera leurs couleurs. Ses anciens partenaires archipéliens de la France insoumise font eux aussi route à part, menés par l’eurodéputé Manuel Bompard et la conseillère régionale Myriam Martin.
À droite, Aurélien Pradié, député LR du Lot, reprend le flambeau tenu en 2015 par Dominique Reynié. À l’extrême‐droite, l’ancien député UMP de Gironde Jean‐Paul Garraud qui a été choisi pour mener la liste RN en Occitanie.
Par ailleurs, le maire centriste de Balma, Vincent Terrail‐Novès, a affirmé le 9 février sur France bleu Occitanie, qu’il serait sans doute candidat et qu’il avait été approché par La République en marche.
En Pays de la Loire, à quatre mois du scrutin, les candidats semblent avoir décidé de jouer à « celui qui se présente le plus tard ». Tout en affutant leurs armes. Présidente (LR) sortante, après avoir succédé en cours de mandat à Bruno Retailleau, Christelle Morançais devrait briguer un nouveau mandat, mais ne s’est toujours pas déclarée. Pas plus que l’ancien ministre François de Rugy, pressenti pour porter les couleurs de La République en Marche. Du côté des écologistes, encouragés par de premiers sondages flatteurs, les militants EELV ont désigné la Vendéenne Lucie Étonno pour mener campagne. Mais un autre prétendant se verrait bien conduire un « pôle écologiste », qui rassemblerait notamment EELV, Génération écologie et Génération.s : l’ancien vice‐président EELV du conseil régional, Mathieu Orphelin, élu député du Maine‐et‐Loire sous la bannière du parti macroniste en 2017, avant de le quitter pour revenir dans le camp écolo. Un camp qui pourrait se voir adjoindre les forces socialistes si les appels à au rassemblement des forces de gauche venaient à aboutir. Pour le moment, le député socialiste de Mayenne, Guillaume Garot a été désigné candidat pour ramener dans le giron du PS cette région que le parti dirigea de 2004 à 2015. Il fait partie des rares à être déjà sur la ligne de départ, avec le candidat du Rassemblement National et ancien député européen, Hervé Juvin, mais aussi les représentants du parti mélenchoniste, La France Insoumise, Sandrine Bataille et Mathias Tavel.
7
À quoi servent les régions ?
Depuis 2016 et la réforme territoriale adoptée pendant le quinquennat de François Hollande, la France métropolitaine compte 12 régions, auxquelles s’ajoutent la collectivité territoriale de Corse et cinq départements et régions d’outre-mer (Guadeloupe, Réunion, Guyane, Martinique et Mayotte). Ces collectivités, depuis 2015, ont perdu « la clause générale de compétence », c’est-à-dire qu’elles n’ont plus le droit d’agir dans n’importe quel domaine au nom de l’intérêt public local. Elles doivent s’en tenir à leurs compétences fixées par la loi mais celles‐ci sont larges et d’importance. Parmi les gros morceaux : la formation professionnelle, les lycées et les transports hors‐agglomération, avec notamment les trains TER.
Le conseil régional intervient aussi en matière d’aménagement du territoire et de développement économique. Il établit un plan régional de gestion des déchets. Il peut aussi soutenir la politique de la ville, participer à la rénovation urbaine, s’occuper de gestion de l’eau ou se mêler de culture, comme par exemple le projet d’Institut pour la photographie, dans les Hauts‐de‐France, ou la rénovation du musée lyonnais des Tissus en Auvergne‐Rhône‐Alpes. « La loi fait clairement de la région l’échelon du développement de l’économie et lui confie la charge de l’aménagement durable du territoire », résume vie-publique.fr, le site internet de la République française.
8
Combien gagne un conseiller régional ?
Les mandats régionaux sont parmi ceux les plus rémunérateurs de la République. Dans une région peuplée d’au moins 3 millions d’habitants – c’est le cas des quatre couvertes par Mediacités (Pays‐de‐la‐Loire, Occitanie, Auvergne‐Rhône‐Alpes, Hauts‐de‐France), un conseiller régional est indemnisé à hauteur de 2722 euros bruts par mois. Cette indemnité est majorée de 10% pour les élus qui siègent à la commission permanente et s’élève à environ 3800 euros pour les vice‐présidents. L’indemnité d’un président de région (d’au moins 3 millions d’habitants) s’établit au maximum à 5640 euros bruts mensuels.
9
Les élections régionales passionnent‐elles les foules ?
Ce scrutin ne mobilise pas autant que les élections municipales ou que la présidentielle. En 2015, le taux d’abstention avait dépassé les 50% au premier tour pour redescendre à 41,5% au second. La perspective de victoires du Front national dans les Hauts‐de‐France et en Provence-Alpes-Côte‑D’azur avaient poussé les électeurs de ces deux régions à se rendre plus massivement aux urnes qu’ailleurs. En 2010, l’abstention avait encore été plus forte avec respectivement des taux à 53,6% et 48,8% pour le premier et second tour. À l’inverse, les régionales de 2004, marquées par un grand chelem du Parti socialiste (à l’exception de l’Alsace), affichaient une abstention à 39% (pour le premier tour) et 34% (pour le second). Incontestablement, la situation sanitaire au moment du scrutin pèsera sur la mobilisation de l’électorat.
10
Avec la crise du Covid, des dispositions particulières sont‐elles prévues pour les régionales 2021 ?
Oui. Le projet de loi voté en février à l’Assemblée nationale, pour décaler l’élection en juin, autorise chaque électeur à disposer d’un maximum de deux procurations, contre une seule en temps normal. Une telle disposition, limitée aux scrutins de juin 2021, doit permettre de limiter l’abstention. Mais il ne faut pas en attendre des miracles… Mis en place en juin 2020 pour le second tour des élections municipales, déjà perturbé par le coronavirus, ce système de double procuration n’avait pas empêché l’abstention de flamber à 58,4%, soit 4 points de plus que le premier tour (le 15 mars 2020). Le gouvernement a par ailleurs prévu d’allonger la durée de la campagne à dix‐neuf jours contre douze habituellement. Les candidats auront enfin la possibilité de mettre en place des « numéros verts », gratuits donc, auxquels les électeurs pourront appeler pour connaître les programmes.
Nicolas Barriquand, avec la rédaction de Mediacités