C’était en 2015. Plusieurs fortes mobilisations avaient rassemblé les agents de la future Métropole, inquiets de la dégradation de leurs conditions de travail et de la baisse de leurs salaires. Qu’allaient-ils devenir dans cette fusion aux allures d’absorption du département par la communauté urbaine du Grand Lyon ? Presque trois ans plus tard, les revendications se sont tues. Du moins, en apparence. Car le souvenir de l’indifférence de Gérard Collomb devant les forces de l’ordre, matraques à la main, qui sortaient les agents du hall de la Métropole, reste vif. « Cet épisode est marqué au fer rouge dans l’esprit des gens. C’est pour cela que certains ont peur et ne s’exprimeront pas. D’autres n’attendent plus rien », lance Sébastien Renevier, président du syndicat CFE‐CGC à la collectivité.
Créée dans l’urgence et sans concertation, la Métropole est vendue par ses deux promoteurs Gérard Collomb et Michel Mercier (alors président du conseil général) comme un coup de génie institutionnel. Fusionner, sur le territoire du Grand Lyon, le département et la communauté urbaine – 4500 agents chacun – doit simplifier le tant décrié mille‐feuilles administratif, permettre de réaliser à terme de substantielles économies et rendre plus cohérente et lisible l’action publique pour les citoyens. Bref, une première en France parée, sur le papier, de toutes les vertus. En prime, sa naissance liée au binôme « transpartisan » Collomb‐Mercier la protège de toute critique politique.
Mais il s’agit d’une naissance dans la précipitation. C’est le fond du problème, selon Dominique Raquin, responsable CGT à la Métropole : « Dans la rapidité de la mise en place, l’accompagnement des agents, prenant en compte les problématiques de chacune des fonctions et de chacun des métiers n’a pas été réalisé. Le seul objectif était que tout soit fixé au 1er janvier 2015 ». « Oui, la Métropole s’est constituée dans un délai très contraint, reconnaît Marc Grivel, premier vice‐président (Synergies‐Avenir) chargé des Ressources humaines. Mais pour mener une réforme de cette ampleur, des orientations et des décisions claires et rapides doivent être prises si on veut éviter le risque d’enlisement. »
Doctorant en science politique à l’IEP de Lyon et travaillant sur les questions de construction métropolitaine, Christophe Parnet analyse ce moment comme un tour de force. « Il fallait faire vite pour éviter les blocages au Parlement, et surtout pour agir avant les élections sénatoriales de 2015 et le possible changement de majorité, décrypte‐t‐il. Mais la thématique de l’urgence va aussi être utilisée dès 2012 par Michel Mercier et Gérard Collomb avec l’idée qu’on ne doit pas rater “le train de la modernité”. Ils vont mettre en avant le côté visionnaire de leur projet, sauf …