L’élu municipal Djillali Lahiani est un personnage difficile à cerner. Malgré sa longévité à la mairie de Toulouse – il en est à son quatrième mandat -, l’actuel adjoint aux Cultures urbaines reste, par bien des aspects, une énigme. Sous des dehors affables et derrière l’image d’un ardent défenseur de la « diversité » à Toulouse, l’élu joue un rôle plus trouble et présente un parcours ponctué de taches d’ombres.
Né en 1960 à Blida, à 50 kilomètres au sud d’Alger, Djillali Lahiani arrive en France en septembre 1972 à l’âge de 12 ans. Il est accueilli par son oncle Mohamed Laradji, propriétaire d’une maison à Saint‐Lys (Haute‐Garonne). Cette figure familiale va jouer un rôle essentiel dans l’ascension politique de son neveu et lui donner « le virus de la politique », comme l’écrivait le Journal Toulousain dans un portrait consacré à l’élu municipal en 2018.
L’héritage harki
Ancien député en Algérie (1958–1962), Mohamed Laradji est une figure des Harkis à Toulouse. Conseiller régional de Midi‐Pyrénées au milieu des années 1980, l’homme politique, décédé en 2008, jouissait d’une certaine notoriété locale, selon Robert Huguenard, député RPR de la 2e circonscription de Haute‐Garonne entre 1993 et 1997. « C’était quelqu’un de connu, une personnalité, un homme bien, très ami des Baudis qui pouvaient profiter de ses super réseaux », poursuit ce fin connaisseur des arrière‐boutiques de la droite toulousaine. Plus controversé au sein même de la communauté harkie où certains lui reprochent de « ne pas être passé par les camps de transit et de reclassement » lors du rapatriement entre 1962 et 1965, Mohamed Laradji profite de sa relation privilégiée avec les Baudis père et fils – qui régnèrent sur Toulouse entre 1971 et 2001 – pour introduire son neveu auprès de Dominique Baudis dans les années 1980.
C’est au cours de la campagne pour les Régionales de ce dernier que Djillali Lahiani fait la rencontre, en 1986, d’un certain Jean‐Luc Moudenc. « Le début d’une amitié de plus de trente ans, assurait‐il au Journal Toulousain en 2018. Si l’on doit me reconnaître une qualité en politique, j’espère qu’il s’agit de la loyauté. »
Malgré ses fréquentations, l’orientation politique de Djillali Lahiani n’est pas encore très affirmée. À la fin des années 1980, le jeune homme adhère à « France Plus », une association proche du Parti socialiste. Fondée par Kader Arif et dissoute en 1997, cette concurrente de SOS Racisme incite alors les jeunes issus de l’immigration maghrébine à participer à la vie civique. Pour un ancien membre de la section toulousaine, Djillali Lahiani était loin d’y faire l’unanimité. « Sa présence tenait plus à de l’opportunisme qu’à un engagement sincère, estime cet adhérent de la première heure de l’association. Il s’est servi de France Plus pour ses ambitions parce que l’on rencontrait des ministres, des politiques. Mais il a rapidement été mis à l’écart. »
Dans les pas de son oncle, Djillali Lahiani fait finalement son entrée en politique, à 35 ans, sur la liste du maire sortant Dominique Baudis (étiquetée UDF‐CDS) lors des élections municipales de 1995. Rare « élu de la diversité » au conseil municipal cette année‐là, Djillali Lahiani se trouve moins d’accointances avec Philippe Douste‐Blazy qui ne lui propose pas de place éligible sur sa liste en 2001. D’abord ulcéré, il se console bien vite en retrouvant une place au sein du conseil municipal, à la faveur de décès et de démissions.
Sous les mandats de Douste‐Blazy, puis de Moudenc à partir de 2004, Djillali Lahiani est chargé des musiques actuelles. Il est également maire du quartier n°16 qui comprend Papus, la …