Aigrettes, carpes, cormorans… Pierre Delfour recense les espèces du lac de Mazade à Miremont, une commune de 2 500 habitants, située à 25 kilomètres au sud de Toulouse. Installé sur ses berges depuis 50 ans avec sa femme Françoise, l’octogénaire montre des oies grises et leurs petits. « Les pêcheurs croisent les familles le dimanche, c’est un lac connu pour sa faune et sa beauté », glisse‐t‐il. Une riche biodiversité s’est développée sur cette ancienne gravière reconvertie en lac il y a trente ans. Mais pour lui, « tout sera détruit si Boralex arrive à ses fins ».
Boralex ? Un autre oiseau, mais de mauvais augure pour ces Miremontais. L’entreprise canadienne d’énergie renouvelable, forte de 192 millions d’euros de chiffre d’affaires dans l’hexagone en 2020, projette depuis cinq ans d’installer sur le lac un parc photovoltaïque flottant. Au total, 26 676 panneaux solaires répartis en trois îlots occuperaient près de la moitié de la superficie du plan d’eau – soit 9,61 de ses 23 hectares. Le projet ne manque pas d’atouts : l’inclinaison plus faible des panneaux que sur une surface terrestre et leur refroidissement par l’eau du lac permettrait d’améliorer leur productivité sur le long terme. Des arguments de taille pour l’entreprise, qui tente de convaincre la vingtaine de familles riveraines et la municipalité… mais réussit surtout à agréger les colères. Et à faire de ce projet, un nouvel exemple des réticences face à la façon dont se déploie la transition énergétique, alors que l …