Il n’y a bien que quelques climato‐sceptiques pour nier le fait que notre mode de vie développé à l’ère industrielle est responsable du désastre écologique annoncé. Plus que jamais, il devient primordial de mettre un coup d’accélérateur et modifier nos façons de produire et de consommer pour envisager un futur enviable, en suivant les préceptes du « penser global, agir local ». C’est dans cet esprit qu’au nom de l’association Eisenia, nous souhaitons alerter nos élus et nos concitoyens sur la collecte et la valorisation des déchets par la Métropole de Lyon, à travers une « saisine du Défenseur des droits ». Objectif ? Obtenir l’avis d’une instance extérieure sur la gestion a priori hors‐la‐loi des biodéchets sur le territoire : non‐respect de la loi « biodéchets » et de la hiérarchie des modes de traitement, fixation abusive du taux de la Taxe d’enlèvement des ordures ménagères (TEOM).
Rembobinons pour les Lyonnais effrayés par nos amis les vers de terre. À l’échelle de la Métropole, ce n’est pas moins de 128 000 tonnes de biodéchets qui viennent nourrir, chaque année, les deux incinérateurs situés dans la ville. Et ceci, rien que pour les ménages. Pas besoin d’être un expert pour imaginer la dépense d’énergie pour transporter puis brûler des déchets composés à 80% d’eau, alors même que nos sols agricoles manquent cruellement de cette matière organique indispensable. Parmi les autres producteurs de biodéchets, un certain nombre de marchés alimentaires de la Métropole devraient mettre en place un tri des biodéchets à la source. Le marché de la Croix‐Rousse produit à lui seul, par exemple, 254 tonnes de biodéchets par an. Des biodéchets qui, faut‐il le rappeler, partent tout droit à l’incinérateur…
Des alternatives au « tout‐à‐l’incinération »
Consciente qu’il faut alerter mais aussi trouver des solutions, Eisenia a imaginé des alternatives au « tout-à‑l’incinération » en vigueur sur le territoire de la Métropole. Notre plan B, une organisation prospective de la gestion des biodéchets, a massivement recours à des techniques qui permettraient de retraiter sur place une partie importante des poubelles produites par les particuliers, les marchés alimentaires, les entreprises, collectivités ou encore les restaurants. C’est typiquement le cas du lombricompostage, un moyen simple et extrêmement efficace de retraiter les déchets organiques et dont le développement est le cœur d’activité de notre association.
Cette technique – agricole à la base – est souvent assimilée à un mode de retraitement individuel alors qu’elle peut dorénavant s’adapter à des volumes de déchets très variés. Si elle existe en l’état depuis un peu plus d’une centaine d’années, elle est inspirée du rôle prépondérant de la micro et macrofaune du sol (dont fait partie le ver de terreau) dans le cycle de la matière en milieu naturel, qui a fait ses preuves depuis bien plus longtemps. Ce processus fantastique de recyclage permanent nous permet, à nous autres humains, de bénéficier de sols fertiles. Problème : il est mis en péril à l’heure actuelle. Et, devinez quoi, le manque de « retour au sol » des matières organiques en est une des causes.
Une centaine d’emplois locaux rien qu’à Lyon
L’association Eisenia – qui porte le nom de ce ver mangeur de déchets – défend le développement d’une gestion des biodéchets qui vise à prouver la viabilité technique, économique et sociale de cette méthode de traitement, y compris à grande échelle. Pourquoi « économique et sociale » ? Parce que notre « plan B » permettrait de créer sept à dix emplois locaux, par arrondissement, rien que pour les déchets ménagers, et autant de lien social. Qu’en serait‐il des déchets des marchés alimentaires, des restaurants ou des cantines collectives ? Si elle mérite encore d’être affinée, éventuellement en lien avec les pouvoirs publics, notre prospective s’appuie sur une étude de terrain et le croisement de données (géographiques, démographiques, productions de déchets) basés sur plusieurs quartiers ou villes de l’agglomération, notamment les 1er et 4e arrondissements.
Eisenia présentera sa saisine devant le Défenseur des droits ainsi que son étude prospective ce vendredi 17 novembre à 11h30 au restaurant Chão Goiano (120 boulevard de la Croix‐Rousse – Lyon 1er).
Pour en savoir plus sur l’association Eisenia. A lire aussi l’article d’Eisenia « Lombric cherche futur », rédigé pour la Frapna. |
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