[2/6] Pendant tout l'été, Mediacités brosse le portrait de Nantes et de la Loire-Atlantique, à partir d'images d'archive et de photos satellites. Cette semaine, survol des marais salants de Guérande, l'un des paysage les plus sublimes du département, réchappé de justesse à la bétonisation.
La catastrophe n’est pas passée très loin… A la fin des années 1960, le modernisme triomphant des Trente Glorieuses a bien failli avoir la peau de l’un des paysages les plus somptueux de Loire‐Atlantique. Les marais salants de Guérande ont beau avoir plus d’un millénaire d’existence, leur exploitation est alors en crise. Trop âgés, mal équipés, trop peu nombreux, les paludiers guérandais ne font pas le poids face aux Salins du Midi ou aux mines de sel de l’Est de la France, nettement plus industrialisés. En 1975, 10 000 œillets seulement restent exploités. On en comptait plus de 30 000 un siècle plus tôt.
Puisque l’or blanc ne paie plus, l’État et quelques élus locaux envisagent alors de se tourner vers l’exploitation de l’or bleu. L’heure est au développement du tourisme de masse. Sur les pentes neigeuses des Alpes et des Pyrénées, les tours et les barres des stations de ski modernes ont déjà commencé à pousser ; sur les rivages de la Méditerranée, l’architecte Jean Balladur a entamé la construction des pyramides de la station balnéaire de la Grande Motte ; et sur le front de mer de La Baule, les grands immeubles collectifs remplacent déjà les anciennes villas de style anglo‐normand.
Alors, pourquoi ne pas aller plus loin, en utilisant les 2600 hectares de marais salants coincés derrière La Baule, Batz‐sur‐Mer ou Le Croisic ? Voilà ce qu’imaginent alors les pouvoirs publics : doubler la surface urbanisée bauloise en construisant en lieu et place des marais salants une immense marina à l’américaine, avec immeubles « pieds dans l’eau …