« Comment est‐ce possible en France ? Cette décision est scandaleuse. Le conseil a tranché alors qu’il disposait de preuves contraires. J’accepte de témoigner pour qu’aucune femme n’ait plus à endurer ce que j’ai vécu. » Comme toujours, Lina* est calme. Mais sous sa voix posée gronde une colère sourde. En 2017, alors étudiante à Lyon‑2, elle dénonce le harcèlement de son directeur de thèse, un professeur très reconnu dans le milieu universitaire. Conséquence, en 2018, Lyon‑2 décide de le suspendre avec privation de salaire pendant un an. L’affaire avait à l’époque fait du bruit. Elle était loin d’être terminée…
Le 10 septembre 2020, en appel, la section disciplinaire du Conseil national de l’enseignement supérieur et de la recherche (Cneser) a relaxé le professeur en question, qui n’a jamais repris ses cours à Lyon‑2 (il est aujourd’hui professeur invité à l’université canadienne de Dubaï). La décision passe alors inaperçue, malgré la médiatisation de l’affaire deux ans plus tôt. Or, comme nous l’avons découvert au cours de notre enquête, dans son analyse du dossier, le Cneser s’est appliqué à décrédibiliser le témoignage de l’étudiante sur la base d’éléments faux.
Après la libération de la parole et les errements de la direction à l’École normale supérieure de Lyon (ENS) [lire les enquêtes de Mediacités ici et là], après la gestion laborieuse d’un étudiant de Science Po Lyon accusé de viols par plusieurs femmes dévoilée par Mediacités, après les récentes révélations de Rue89Lyon sur le harcèlement subi par plusieurs étudiantes de Jacques Gerstenkorn à Lyon‑2, notre contre‐enquête éclaire sous un autre jour la question des violences sexistes et sexuelles au sein de l’enseignement supérieur. Elle illustre le décalage entre un discours officiel qui