Révolutionner l’économie et métamorphoser les territoires ? Plusieurs consultants, experts et gourous faisant commerce de la naïveté des responsables politiques le leur promettent régulièrement. Pas Michel Grossetti. Directeur d’études à l’EHESS et professeur de sociologie à l’Université Toulouse Jean‐Jaurès, lui les met plutôt en garde contre les généralisations hâtives et simplifications auxquelles il est parfois tentant de se raccrocher… L’universitaire en profite pour battre en brèche quelques idées reçues sur l’attractivité territoriale, le développement des villes petites et moyennes, la métropolisation, la plus‐value des infrastructures de transports mais aussi la « rançon » du succès que doivent acquitter les grandes villes, à travers l’exemple de la métropole de Toulouse et de la région Occitanie. Un propos qui détonne.
Comment s’explique la réussite de la métropole de Toulouse – qui connaît un boom démographique et voit son nombre d’emplois croître régulièrement – par rapport à d’autres grandes villes françaises comme Lille, Nice, Strasbourg ou même Paris ?
Michel Grossetti : Le dynamisme de Toulouse des quarante dernières années, qui ne se dément pas pour l’heure, tient plus à une série de hasards économiques et de loupés politiques qu’à une « recette » facilement transposable. Le système productif toulousain est devenu ce qu’il est grâce à un mélange de choix politiques – locaux et nationaux – plus ou moins aboutis, d’initiatives privées et de contingences historiques. Bien plus, en tout cas, qu’à l’héliotropisme ou à