Lille : les contradictions de la politique anti‐ghettos

Réaliser la mixité sociale dans les quartiers. C'est l'objectif – ambitieux - affiché par la Métropole de Lille au travers d'une nouvelle politique d'attribution des logements sociaux. En attendant, l'accès au logement pour les plus pauvres pourrait devenir plus ardu.

Lille Porte des Postes 2
L'agence Lille - Porte des Postes de LMH, l'office HLM de la Métropole de Lille. Photo : Nadia Daki

« Quelle est votre situation ? Ah, vous êtes titulaire du RSA. Ça va être compliqué. » Tout commence par cette réflexion, entendue dans une agence de Lille Métropole Habitat (LMH), l’office public HLM de la Métropole Européenne de Lille (MEL). Une jeune femme, Aurélie, en quête d’un appartement à Lille Sud, voit ses espoirs ainsi douchés par une agente d’accueil du bailleur social. De quoi se demander si, dans certains quartiers populaires de Lille, les titulaires du RSA ne seraient pas victimes de discrimination. Mediacités a voulu vérifier. Nous nous sommes donc rendus dans les huit agences que compte LMH sur la métropole en nous faisant passer pour une bénéficiaire du RSA.

Résultat, dans les trois agences lilloises, on nous fait clairement comprendre qu’avec ce type de revenu, notre demande de logement n’a que très peu de chance d’aboutir. A l’inverse, cette réserve n’est soulevée dans aucune des antennes situées en dehors de Lille. Un agent de LMH évoque une « volonté de Martine Aubry » ; un autre parle « d’une directive » émanant de la MEL ; et un troisième précise : « Il y a déjà beaucoup de titulaires du RSA sur ces quartiers. Depuis le début d’année 2017, la priorité est donnée aux salariés. »

Pour Aurélie, la réponse est difficile à entendre. « Je ne comprends pas qu’on puisse parler de priorité pour des personnes dont la situation est moins alarmante », estime‐t‐elle. Depuis un an, la jeune femme vit dans un studio d’une résidence LMH à Wazemmes. Quand elle est entrée dans cet appartement, elle gagnait correctement sa vie. Depuis, elle est devenue l’heureuse maman d’un bébé. Mais sa situation professionnelle s’est dégradée… Tout comme son dossier, jusqu’alors considéré très favorablement par LMH, affirme‐t‐elle.
Des quartiers « saturés » de pauvres
Au cours de notre enquête, nous avons également reçu le conseil d’éviter certains quartiers qui, aux dires de plusieurs agents de LMH, seraient « saturés » de pauvres, et de nous positionner plutôt sur d …

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Publié le

Temps de lecture : 7 minutes

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Par Nadia Daki

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