Toulouse : départ surprise de la directrice du Métronum

[INFO MEDIACITÉS] Virginie Choquart, recrutée il y a deux ans comme responsable de la direction des musiques par la Ville de Toulouse pour réaliser le changement de statut de la salle de concerts, quittera son poste en octobre. Un départ inattendu qui suscite de nouvelles interrogations sur l'avenir du projet.

Photo Facebook Metronum Virginie Choquart
Virginie Choquart (à gauche) fait partie des 600 portraits de femmes présentés lors de l'exposition organisée par la mairie de Toulouse pour la Journée internationale des droits des femmes du 8 mars 2021. Photo publiée sur la page Facebook du Métronum.

« Elle a fait le sale boulot, et maintenant elle se barre », souffle un acteur du milieu culturel toulousain. Virginie Choquart, nommée en octobre 2019 par la ville de Toulouse à la tête du service des musiques, a annoncé mardi dernier son départ à ses équipes, évoquant « des raisons personnelles ». A la grande surprise des employés gérant désormais le Métronum et l’organisation et l’exploitation du festival Rio Loco rattaché à la nouvelle entité.

L’ancienne directrice de la communication de la Gaîté lyrique à Paris (et non directrice comme nous l’avions écrit par erreur) avait été embauchée pour mener à bien la transformation de la salle de concerts de 600 places construite par Pierre Cohen en 2014 à Borderouge. Il s’agissait alors de passer du statut de régie municipale à celui de Société publique locale (SPL), comme nous l’expliquions il y a un an. Ce changement était couplé à l’ambition de « réinventer le Métronum ». Il ouvrait officiellement la possibilité d’associer d’autres collectivités au conseil d’administration (comme la région Occitanie et le département de Haute‐Garonne, qui n’y sont pas encore) mais aussi d’obtenir le précieux label national Smac (Scène de musiques actuelles). Celui‐ci permet d’obtenir un financement de l’Etat. Le statut de SPL offre aussi la possibilité de développer des ressources propres et de mener des activités lucratives.

Le départ de la directrice chargée de cette feuille de route pose question, quelques mois seulement après l’officialisation du nouveau statut du Métronum et moins d’un mois avant la tenue de Rio Loco, le festival musical populaire des bords de Garonne. Contacté, Francis Grass, l’adjoint en charge de la coordination des politiques culturelles et président du conseil d’administration de la SPL du Métronum, ne nous a pas répondu. « Virginie Choquart partira en octobre pour raisons familiales et nous n’avons pas de commentaire concernant cette décision personnelle, nous a répondu le service de presse de la mairie. Le Métronum va lancer le recrutement de manière imminente afin d’assurer la transition. » Quant à l’intéressée, elle n’a pas donné suite à nos sollicitations.

« On est un vrai vaisseau fantôme. On navigue à vue. C’est très difficile à vivre et ça craque dans les équipes »

Quelles que soient les raisons de ce départ, cette annonce déconcerte les employés du Métronum. « Elle a provoqué le contentement dans les équipes mais elle déstabilise aussi tout le monde (à savoir une trentaine de personnes, dont une dizaine d’anciens agents titulaires de la collectivité mis à disposition de la SPL via de nouveaux contrats, NDLR) car elle intervient juste avant Rio Loco et suscite beaucoup d’interrogations sur la suite. Selon moi, Virginie Choquart n’a pas su gérer », témoigne Jules*, un employé du Métronum. 

Ce départ intervient alors que plusieurs indicateurs étaient au rouge, à commencer par le bien‐être des employés. « Rien n’a été inventé, tout a été cassé. Elle (Virginie Choquart NDLR) a divisé les pôles communication, production et équipes techniques. Il y a très peu de communication sur le projet. On est un vrai vaisseau fantôme. On navigue à vue. C’est très difficile à vivre et ça craque dans les équipes. Beaucoup cherchent à partir », ajoute encore Jules. Même son de cloche dans le milieu des musiques actuelles. « La gestion est devenue plus dure pour les associations qui louent les studios de répétitions et la salle de concerts, sans compter la tarification qui a augmenté. Depuis que la directrice est arrivée, c’est un peu la confrontation de deux mondes », note Pascal*, un ancien bien intégré du milieu des musiques actuelles.

Le label Smac au point mort

Aucun des projets lancés pour le Métronum il y a plus de deux ans n’a encore abouti. La salle n’est toujours pas labellisée Scène de musiques actuelles (Smac), malgré le dépôt d’un deuxième dossier en avril 2021 à la Drac. Rien de nouveau non plus du côté du projet d’entreprenariat imaginé dans l’appel à projets « Réinvention. Entreprendre au Métronum », lancé le 2 avril 2021 par la mairie. La Ville indiquait alors rechercher un « projet d’entreprenariat innovant » pour « œuvrer dans les champs croisés de l’art, de la création, de l’innovation et/ou de l’économie solidaire », qui prendrait place en parallèle de l’activité de salle de concerts.

Dans les perspectives, figurait l’idée d’accueillir un restaurant et un café. C’est officiellement à cette fin que les associations culturelles réunies dans le collectif Ma Sphère et jusqu’alors hébergées gracieusement dans une aile du Métronum, avaient été priées de partir. Deux ans plus tard, leurs bureaux demeurent… vides.

Le nouveau projet du Métronum est plus que jamais mis en doute. « Depuis 2016, il y a une bérézina sur la vision culturelle de ce projet. Les directeurs sont partis les uns après les autres, dont les derniers en date, Arnaud Hamelin au bout d’un an, et maintenant Virginie Choquart au bout de deux ans. Cette dernière semblait pourtant très bien accompagnée par les politiques. Il va être difficile de retrouver quelqu’un pour piloter ce projet flou », analyse Pascal*. Et pour réussir – enfin – à décrocher le label Smac ?

Publié le

Modifié le

Temps de lecture : 3 minutes

Favorite

Par Armelle Parion

Attention : journal en danger !
Soutenez Mediacités !

Depuis bientôt huit ans, notre journal d’investigation propose des enquêtes sur les pouvoirs locaux dans les grandes métropoles. À Lille, Lyon, Nantes et Toulouse, des dizaines de journalistes publient en toute indépendance des informations inédites qui nourrissent le débat public et produisent de l’impact.
Aujourd’hui, notre campagne de financement participatif a atteint son premier objectif.
Pour garantir notre indépendance et contribuer au développement d’une presse locale d’investigation, aidez-nous à aller plus loin et à atteindre 110% d’ici au 31 décembre !
On vous explique tout ici :

Comment soutenir Mediacités ?

Chaque coup de pouce compte !

Ceci fermera dans 30 secondes