Le soleil se lève à peine. Un petit groupe de passionnés s’est donné rendez‐vous non loin de l’école supérieure d’arts appliqués et textile (ESAAT) de Roubaix. Devant les cinq ornithologues s’alignent deux rangées d’arbres séparées par une route. À cette heure‐ci, il n’y a pas beaucoup de passage. On ne distingue pas forcément les plumes vertes qui dépassent des feuillages, à demi camouflées seulement. Ce qui les trahit, c’est le volume de leurs cris qui résonnent dès que nous sortons de la voiture. Il n’y a pas meilleur réveil.
« Attention, ça chie ! », prévient Damien Villotta alors que nous nous approchons des arbres. « Ça fait quarante ans que j’observe les oiseaux », confie cet ornithologue de la Ligue pour la protection des oiseaux du Nord (LPO 59), qui connaît désormais nombre de leurs secrets. Une paire de jumelles dans une main et un carnet dans l’autre, le sexagénaire se poste automatiquement dans un coin de la rue, où la vue est un peu plus dégagée. Depuis cinq ans, il compte régulièrement les perruches à collier qui ont établi leur dortoir à Roubaix. « C’est un oiseau exotique qui vient d’Afrique et d’Asie. Elles vont en ville car il y fait plus chaud qu’à la campagne », explique‐t‐il. Avant de s’interrompre, pour compter un par un les volatiles qui s’envolent au petit matin : « Ah ! Encore cinq de plus… 6 ! 7 ! »
Les premières perruches à collier ont été observées dans la métropole lilloise dans les années 2000. Elles se regroupent toutes les nuits à Roubaix, sur les arbres à proximité de la station de métro Eurotéléport et du bâtiment de l’ESAAT, pour dormir toutes ensemble. Avant de s’envoler dès les premiers rayons du soleil. Si les oiseaux ont élu domicile dans la « ville aux mille cheminées », ce n’est pas pour la qualité de ses parcs, mais plutôt en raison de sa position centrale entre Lille et la Belgique, où ils passent leurs journées à rechercher de la nourriture – on peut en apercevoir à la Citadelle de Lille, par exemple, ou dans le parc du Héron à Villeneuve‑d’Ascq.