À Roubaix, un hôpital ébranlé par des soignants « qui ne tiennent plus »

Infirmière depuis trente-cinq ans à l’hôpital de Roubaix et militante à la CGT, Sylvie Decarnin alerte sur les conditions de travail de plus en plus précaires des soignants. Une situation qui fait fuir les professionnels de santé et entraîne un absentéisme massif.

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Sylvie Decarnin, infirmière depuis 35 ans, dans la cour du centre hospitalier de Roubaix. Photo : Brianne Cousin / Mediacités.

Le 11 avril, le centre hospitalier de Roubaix a déclenché un plan blanc pour une raison exceptionnelle : le manque de personnel. Pourquoi les professionnels de la santé fuient‐ils l’hôpital ?
Le plan blanc a été déclenché plusieurs fois en raison de la crise Covid. Mais en avril dernier, c’était différent. Il manque environ 60 à 70 infirmières à l’hôpital de Roubaix. On est incapable de faire tourner les services. On ferme des lits un peu partout. Dans mon service, il doit y avoir 7 ou 8 postes non pourvus. Il y a une infirmière et une aide‐soignante pour deux étages et 24 à 25 malades. L’absentéisme est record. En trente‐cinq ans de maison, je n’ai jamais vu ça…
Les gens ne tiennent plus.

Moi, je suis proche de la retraite, je compte les jours en espérant pouvoir tenir le choc. Je suis rincée, il n’y a pas d’autres mots. Je suis rincée, usée, cassée et inquiète. On enchaîne des jours à 12 heures de travail. On espère qu’on va nous mettre des jeunes professionnels pour remplacer ces postes vacants. Mais est‐ce qu’ils vont rester ? Faire une carrière à l’hôpital, ce n’est plus du tout attractif. On ne peut pas concilier vie professionnelle et vie personnelle. De toute façon, on n’arrive pas à recruter faute de professionnels sur le marché.

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Propos recueillis par Brianne Cousin

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