« Le projet Notre‐Dame‐des‐Landes sera donc abandonné ». Il y a cinq ans, le 17 janvier 2018, le Premier ministre Édouard Philippe annonçait la fin d’un projet vieux de plus de quarante ans : la construction d’un nouvel aéroport sur les 1600 hectares du site de Notre‐Dame‐des‐Landes, près de Nantes. Lancé dans les années 1970, mis en sommeil puis réactivé à l’orée des années 2000, ce gigantesque projet, soutenu par la plupart des grands élus locaux, a profondément divisé, engendré des dizaines de recours et provoqué l’occupation des terrains par les opposants (la fameuse ZAD) pendant six ans.
Avant, donc, d’être abandonné par l’État, qui annonce dans le même temps le réaménagement de l’aéroport de Nantes Atlantique. Prévu initialement pour être achevé en 2025, ce dernier n’a toujours pas débuté. Préfète de la région Pays‐de‐la‐Loire au moment des faits, Nicole Klein a du alors gérer la fin du projet et l’évacuation difficile de la ZAD. Cinq ans plus tard, elle revient sur cet épisode et les leçons que l’État a pu tirer de ce gigantesque fiasco.
Mediacités : Il y a cinq ans, tout juste, Édouard Philippe, alors Premier ministre, annonçait l’abandon du projet de construction d’un nouvel aéroport à Notre‐Dame‐des‐Landes. A l’époque, vous êtes préfète de la région Pays de Loire depuis un peu moins d’un an. Comment vous êtes‐vous emparée de ce vieux dossier éminemment conflictuel ?
Nicole Klein : Je connaissais déjà Nantes pour y avoir occupé le poste de secrétaire générale de la préfecture en 2000. Je savais donc où j’allais. J’avais même déjà fait remarquer à l’époque que des agriculteurs habitaient et travaillaient toujours sur la zone prévue pour construire le futur aéroport. Je pressentais déjà qu’il serait difficile d’obtenir l’accord de tous. Ce que beaucoup ignoraient – notamment à la DGAC ou à Paris.