Elles sont au moins 23. 23 personnes sans domicile fixe à avoir trouvé la mort dans les rues de Nantes, Saint-Nazaire, Rezé, Saint-Herblain ou La Baule en 2022. 23 sur les 611 à être décédées en France ces derniers mois, selon la liste établie par le Collectif « Les morts de la rue ».
Ils s’appelaient André‐Marc, Andro, Berthe, David, Edwige, Enock, Fabrice, François, Guillaume, Geoffrey, Gladys, Majina, Michel, Mickaël, Mohammad, Patrick, Sébastien et Titoun. Ou bien, comme quatre d’entre eux, ils portaient un prénom oublié depuis longtemps et que l’on ne connaîtra jamais. Ces personnes avaient entre 19 et 73 ans. Quatre d’entre elles étaient des femmes. Elles vivaient à la rue, à Nantes, Bouguenais, Rezé, Saint‐Herblain, Saint‐Nazaire, Saint‐Brevin ou La Baule. Elles y sont mortes entre les mois de janvier 2022 et mars 2023.
Cette liste macabre est extraite de celle établie comme chaque année par le collectif « Les morts de la rue » (CMDR). Publiée mardi dans les colonnes du quotidien La Croix, elle recense les noms et les âges (quand ils sont connus) des 611 personnes sans domicile fixe décédés dans les rues de France au cours des derniers mois. 611 personnes – au moins - qui, durant « les trois derniers mois avant leur décès avaient vécu majoritairement dans des lieux non faits pour l’habitation ou en centres d’hébergement d’urgence ou temporaire », détaille le collectif à l’origine du recensement. 611 personnes dont le CMDR veut « honorer la mémoire », tout en dénonçant « un scandale qui doit interpeller chacun à un niveau personnel comme collectif ».
Lutte contre le sans‐abrisme à Nantes : toujours plus, jamais assez
14 morts de la rue à Nantes en 2022
Parmi ces 611 personnes, 23 « résidaient » donc en Loire‐Atlantique. À Nantes, dans leur grande majorité (14), où le chiffre des décès est en nette augmentation par rapport aux années précédentes. Et ce malgré l’adoption en avril 2021 d’un fonds de « soutien à la lutte contre le sans‐abrisme » qui doit représenter 1% du budget métropolitain à l’horizon 2026. Une politique volontariste qui, comme Mediacités le décryptait dans une enquête d’avril 2022, ne suffit malheureusement pas encore à éradiquer le mal logement. Il y a un an, on estimait à 10 000 personnes le nombre de personnes concernées par le phénomène du sans‐abrisme au sens large dans la métropole nantaise.
La liste complète des morts de la rue en Loire‐Atlantique entre janvier 2022 et mars 2023
Mohammad, 52 ans, le 13 janvier, à Nantes.
Geoffrey, 40 ans, le 15 janvier, à Bouguenais.
Enock, 19 ans, le 14 février, à Saint Brevin‐Les‐Pins.
Gladys, 42 ans, le 18 mai, à Nantes.
Fabrice, 35 ans, le 23 juin à Nantes.
Andro, 52 ans, le 4 juillet à Nantes.
Majina, 69 ans, le 27 juillet à Nantes.
Mickaël, 46 ans, le 20 août à Saint‐Nazaire.
Un Homme, 46 ans, le 4 septembre à Nantes.
Une personne, le 6 septembre à Nantes.
André‐Marc, 61 ans, le 26 septembre à Rezé.
Berthe, 64 ans, le 13 octobre à Saint‐Herblain.
Patrick, 58 ans, le 29 octobre à Nantes.
Edwige, dite Nathalie 66 ans, le 10 novembre à Nantes.
François, 40 ans, le 7 décembre à Saint‐Nazaire.
Un homme, le 9 décembre à Nantes.
David, 47 ans, le 9 décembre à Nantes.
Michel, 73 ans, le 30 décembre à Nantes.
François, en décembre, à Nantes.
Guillaume, 34 ans, le 5 janvier à Saint‐Nazaire.
Un homme, 40 ans environ, le 8 janvier à La Baule.
Sébastien, 48 ans, le 14 janvier à Nantes.
Un homme dit Titoun, 49 ans, le 17 janvier à Saint‐Nazaire.
- » Il y a un an, on estimait à 10 000 personnes le nombre de personnes concernées par le phénomène du sans‐abrisme dans la métropole nantaise ». – Ces chiffres sont‐ils justes ? Merci
Bonjour,
Oui, mais par le sans‐abrisme entendu au sens large, tel que nous l’avions détaillé dans une précédente enquête, publiée en avril 2022 :
» En 2019, la Métropole avait estimé que 7 441 ménages vivaient ou avaient vécu dans la rue sur une courte période ou une longue durée sur son territoire. Aujourd’hui, d’après les remontées des associations et des maraudes, la Ville considère qu’il y a en moyenne 350 personnes dans les rues à Nantes. Un chiffre auquel il faut ajouter les 2 500 personnes qui vivent dans les nombreux bidonvilles de l’agglomération ou dans des squats, mais aussi les 3 900 personnes hébergées temporairement chez des tiers, des proches ou des hébergeurs solidaires, et qui retournent parfois à la rue.
Parmi ces personnes sans domicile fixe, certaines ont fait la demande d’un logement social. Pour mesurer le phénomène du sans‐abrisme, François Prochasson, conseiller municipal et vice‐président de Nantes métropole (EELV) chargée du droit au logement se fie d’ailleurs plutôt au « nombre de personnes qui demandent un logement social, qui ne reçoivent pas de solution et ne déclarent pas de logement personnel ». Celui‐ci grimpe à 10 000 personnes. »
L’enquête en question : https://www.mediacites.fr/enquete/nantes/2022/04/07/lutte-contre-le-sans-abrisme-a-nantes-toujours-plus-jamais-assez/