Intraitable avec Elisa, la filiale d’Eiffage concessionnaire du Grand stade de Lille, la MEL a imposé des pénalités substantielles à l’entreprise que cette dernière conteste en justice. Le 4 juillet dernier, le rapporteur public a préconisé un remboursement de 29,250 millions d’euros.
Huit ans de procédure, 6 500 pages versées au dossier, des « écritures fleuves » et un litige à plusieurs dizaines de millions d’euros que la justice administrative va devoir trancher. Mardi 4 juillet, une fort instructive – et technique – audience a levé le voile sur le bras de fer qui oppose la Métropole européenne de Lille (MEL) à Eiffage et sa filiale Elisa, à qui le géant du BTP (20 milliards d’euros de chiffre d’affaires, 75 000 salariés) a confié la construction, l’exploitation et la maintenance du Grand Stade de Lille (aujourd’hui appelé Decathlon Arena – Stade Pierre Mauroy). Un conflit d’importance mais beaucoup moins médiatisé que celui qui oppose la MEL à Alstom à propos du doublement des rames du métro de Lille, que les experts n’ont pas réussi à régler.
L’entreprise Eiffage estime que la MEL lui a imposé à tort des pénalités de l’ordre de 18 millions d’euros et a subi un préjudice dans l’exécution du contrat pour un total de 50 millions d’euros jusqu’à présent mais dont le montant ne cesse de grossir année après année. Les deux protagonistes sont en effet liés par une sorte de contrat de mariage de trente et un ans – un Partenariat Public Privé (PPP) – d’une complexité telle que les spécialistes eux‐mêmes peinent parfois à le comprendre. Ce PPP confie la maîtrise d’ouvrage de la construction du stade à Elisa, filiale à 100 % d’Eiffage, la MEL payant en échange une redevance annuelle. La collectivité ne deviendra propriétaire du bâtiment qu’à l’issue du contrat, c’est-à-dire en… 2043.