La plupart d’entre vous seront surpris de l’apprendre : ce dimanche 24 septembre, la France vote. Pourtant, point de campagne à l’horizon, pas de meetings publics, ni d’émissions télé dédiées… Tout se passe en coulisses, entre initiés, depuis de longs mois. L’explication principale ? Seuls des « grands électeurs » sont appelés à choisir les sénateurs qui, demain, voteront les lois de la République au nom des Français. On y trouve pour l’essentiel des maires et conseillers municipaux, mais aussi les élus départementaux, régionaux ou encore les députés.
Tous les trois ans, le Sénat – considéré comme le représentant des collectivités locales, selon l’article 24 de la Constitution française – est renouvelé pour moitié. Ce dimanche, les départements du Pas‐de‐Calais et du Nord sont concernés par le vote. Dans le Nord, il s’agit de choisir 11 sénateurs pour un mandat de six ans. Onze sénateurs pour… 16 listes en compétition (deux fois plus que dans le Pas‐de‐Calais) ! Un nombre record qui en dit long sur l’agonie des partis politiques. Ceux‐ci sont tellement affaiblis qu’ils sont incapables d’éviter les dissidences. Pis ! On trouve parfois des membres de mêmes partis sur des listes rivales.
Aux sénatoriales, l’équation personnelle des candidats joue plus que tout. « Quand on les rencontre, les maires expriment tous la volonté d’être aidés », indique Jean‐René Lecerf, ancien sénateur et ancien président du département du Nord, qui figure en 11e position sur la liste Renaissance (macroniste). Alors les têtes de liste promettent ici un appui pour une subvention, là une intercession à Paris en se prévalant d’une influence réelle ou supposée… Le tout dans une grande opacité. Le Graal ? Décrocher les 400 voix parmi 5 899 grands électeurs qui, dans le Nord, assurent un siège de sénateur.
La « cagnotte » sénatoriale
Mais à quoi tout cela va‐t‐il donc servir ? Depuis les débuts de la Ve République, en 1958, le Sénat a toujours été dominé par la droite – à l’exception d’une courte période entre 2011 et 2014. Et aucun changement n’est en vue cette année. Il n’empêche ! « Le Sénat a fait la preuve de son utilité, poursuit Jean‐René Lecerf. Plus encore quand il y a une majorité relative à l’Assemblée nationale. » « Le Sénat est un facteur d’équilibre, il a montré son importance avec ses commissions d’enquête », renchérit le sénateur communiste Éric Bocquet, qui a lancé la sienne sur l’évasion des capitaux.
Pour les partis politiques, l’enjeu c’est aussi de récupérer des moyens en obtenant un groupe au Sénat (soit au minimum dix sénateurs). La subvention annuelle de fonctionnement des groupes politiques au Sénat s’élève à environ 12 millions d’euros. Une manne répartie entre les groupes …