Quatre ans après son immolation : « Je voulais obliger le gouvernement à se positionner sur la précarité »

Fin 2019, Anas Kournif s’immolait par le feu devant un bâtiment du Crous de Lyon. Malgré les pronostics, le jeune étudiant a survécu. Il revient pour notre partenaire Mediapart, dont nous republions l'article, sur son geste « politique », son parcours de grand brûlé, et analyse l’enracinement de la précarité étudiante.

2023-11-Precarite etudiante-Crous-Immolation
Anas Kournif à Saint-Étienne en octobre 2023 ; rassemblement devant le Crous de Lyon, le 12 novembre 2019, en soutien à l'étudiant qui s'est immolé. Photos : Faïza Zerouala/Mediapart ; Antoine Merlet.

Sa main n’a jamais tremblé. « De toute façon, c’était soit ça, soit crever de mon côté. » À 26 ans, Anas Kournif, étudiant en troisième année de science politique, revient de loin. Assis dans le salon du domicile familial à Saint‐Étienne, il parvient à évoquer sa « tentative de suicide politique », il y a quatre ans devant le Crous de Lyon. Sans difficulté apparente, d’un ton presque neutre, s’autorisant même quelques traits d’humour. En revanche, pour ses parents, l’épreuve reste dure à encaisser. Alors qu’Anas se lance une nouvelle fois dans le récit précis des faits, ils s’éclipsent sur la pointe des pieds.

Son acte résulte d’une « accumulation », analyse le jeune homme. Alors, le 8 novembre 2019, un peu avant 15 heures, Anas se rend devant les bâtiments administratifs du Crous de La Madeleine à Lyon. Il choisit cet endroit car il s’agit d’une représentation de l’État et parce qu’« il n’y a personne ». Muni d’un bidon d’essence, il s’en asperge et s’enflamme.

Un ouvrier d’un chantier voisin lui sauve la vie en éteignant les flammes avec un extincteur. Sur le bord du trottoir sont restés son sac contenant ses papiers et son téléphone. Anas Kournif, dont les parents sont tous les deux marocains, raconte : « Quand ma sœur a été appelée par la police, la première chose qu’ils lui ont demandée, c’est si j’avais une double nationalité, car ils pensaient que je pouvais être un terroriste… »

En réalité, l’élève marxiste ambitionne surtout de « faire peur à la bourgeoisie ». Forcément, son geste entre en résonance avec celui de Mohamed Bouazizi, vendeur de légumes à Sidi Bouzid, qui, par son suicide, a lancé la révolution tunisienne fin 2010. Anas Kournif en avait entendu parler durant ses études de science politique.

En cet automne 2019, « rien ne va » pour le jeune homme. Il

Nous vous offrons l’accès à cet article

Et à toutes nos enquêtes pendant deux jours  !
Oui, on est généreux 😉 Mais pensez aussi à vous abonner  !

En renseignant votre adresse, vous acceptez nos conditions générales d’utilisation.
Mediacités s’engage à ne pas céder votre adresse à des tiers. En cas d’échec, écrivez à contact@mediacites.fr
  • J’accède aux 4 éditions de Mediacités (Lille, Lyon, Nantes et Toulouse)
  • Je découvre un média 100 % indépendant, avec 0 % de publicité

Attention, journal en danger !

Depuis huit ans, Mediacités propose un journalisme d’investigation sur les pouvoirs locaux et ses enquêtes ont de l’impact dans les villes. Aujourd’hui notre existence est menacée.
Soutenez la rédaction, ses journalistes et la démocratie locale :

Je soutiens Mediacités

  • en vous abonnant (69 € par an ou 7,90 € par mois, résiliable à tout moment et facilement) pour lire toutes les enquêtes
  • en effectuant un don (défiscalisable à 66%) pour soutenir le travail et assurer la survie d’un journal local indépendant, sans pub et à impact.

Publié le

Temps de lecture : 8 minutes

Favorite

Par Faïza Zerouala (Mediapart)

Attention : journal en danger !
Soutenez Mediacités !

Depuis bientôt huit ans, notre journal d’investigation propose des enquêtes sur les pouvoirs locaux dans les grandes métropoles. À Lille, Lyon, Nantes et Toulouse, des dizaines de journalistes publient en toute indépendance des informations inédites qui nourrissent le débat public et produisent de l’impact.
Aujourd’hui, notre campagne de financement participatif a dépassé 75% de l’objectif. Aidez-nous à atteindre les 100% d'ici au 31 décembre !
On vous explique tout ici :

Comment soutenir Mediacités ?

D’ici au 31 décembre, chaque coup de pouce compte !

Ceci fermera dans 25 secondes