Le 10 décembre 2023, le lycée privé musulman Averroès de Lille, sous contrat d’association avec l’État depuis 2008, apprenait qu’il perdait son agrément. Une décision rarissime prise trois jours plus tôt par le désormais ex‐préfet du Nord, Georges‐François Leclerc, et validée le 27 novembre par la « commission de concertation pour l’enseignement privé ». Cette entité composée d’élus locaux, de représentants de l’Etat ainsi que de l’enseignement privé [lire la liste des membres plus bas], se réunissait alors pour la toute première fois.
Ce jour‐là, les membres de ladite « commission de concertation » ont voté par seize voix pour, zéro contre et neuf abstentions en faveur de la résiliation du contrat d’association entre l’État et le lycée Averroès, ce qui équivaut à la fin de tout financement public pour l’établissement et à sa mort programmée. Une décision que le préfet dit justifiée par des « faits graves ». Les 2h30 d’échanges de cette réunion révèlent pourtant d’importants biais et un dossier aux nombreuses fragilités.
Mediacités a reconstitué le déroulé de cette audience à huis clos. Les éléments inédits, que nous portons à la connaissance du public, décrivent une commission qui n’aura eu de « concertation » que le nom, et qui s’assimile davantage à une chambre d’enregistrement afin d’entériner les positions radicales du préfet… mais aussi du président de la Région Xavier Bertrand, qui s’est invité pour l’occasion. Le tout dans une ambiance houleuse, sans respect du contradictoire et avec des arguments parfois énoncés au mépris des faits.