Fenouillet : des habitants vent debout contre un projet de complexe sportif

Mars 2024 Toulouse Complexe sportif Fenouillet
Un promoteur immobilier veut artificialiser presque 10 000 mètres carrés au bord du Lac du Bocage. Capture d'écran.

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Par Emma Conquet

Le syndicat public Hersain-Bocage s’apprête à vendre une parcelle d’un hectare au bord du lac, à la société Novilis. Un collectif d’habitants s'oppose à l'artificialisation de cet espace naturel au profit de terrains de padel privés.

Canoë, aviron, paddle, ski nautique… le lac du Bocage, dans le nord de la métropole toulousaine, regorge d’activités de plein air. Mais sur cette carte postale pourrait bientôt  s’incruster un grand complexe sportif privé. 

En effet, pour se délester de deux bâtiments délabrés situés à Fenouillet, le syndicat intercommunal d’Hersain‐Bocage (Aucamville, Lespinasse, Saint‐Alban, Fonbeauzard, Fenouillet et Castelginest) gérant et propriétaire du site, espère vendre un terrain public à Novilis. L’ambition de ce promoteur immobilier ? Construire un bâtiment comprenant dix terrains de padel (un sport à la croisée du tennis et du squash), un restaurant, ainsi que 70 places de parking, sur presque un hectare d’espace naturel. 

Mais ce revêtement en béton n’est pas au goût de tous les riverains. « A l’heure où le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) prévoit une augmentation globale de la température terrestre de 4°C en moyenne d’ici 2050, il est urgent de généraliser la végétation aux abords des villes, pour abaisser la température […] », peut‐on lire sur la pétition lancée par un collectif d’habitants, opposés au projet. 

Ni concertation, ni appel à projets

Parmi eux, Marie Grousset, ancienne adjointe de la commune entre 2008 et 2014, chargée des questions relatives à l’environnement. Elle est tombée par hasard sur le dépôt de permis de construire en naviguant sur internet. « On est contre la construction d’un projet privé et lucratif sur une zone de loisirs, tempête‐t‐elle. Il n’y a eu aucune concertation publique. » 

Et pas non plus d’appel à projets lancé pour la gestion du terrain. « C’est juste un deal », dénonce l’opposante. Vincent Bouvier, le président du syndicat public, assure pour sa part n’avoir « reçu aucune enveloppe sous la table de la part de Novilis. Je suis allé dans l’agence de mon village et je leur ai dit qu’il y avait deux baraques en péril et qu’il fallait faire quelque chose”.

Cet élu de Castelginest, qui « n’a pas choisi le padel », était plutôt guidé par « la vente de cette parcelle », dont la promesse d’achat s’élève à 200 000 euros. Un argument qui ne passe pas aux yeux de Marie Grousset. « On n’artificialise pas et on ne saccage pas une zone naturelle pour brader deux bâtiments, même si ça coûte cher de les démolir ». Pour elle, cette infrastructure sportive « pourrait largement se faire ailleurs ».

« Des écologistes investis d’une mission divine »

Vincent Bouvier tient à rassurer : « J’ai préconisé d’intégrer les bâtiments dans le caractère naturel du site, avec des coloris naturels. On n’est pas là pour bétonner, on a quand même une fibre… pas écolo, mais… proche de l’environnement ». Il voit dans ce collectif d’opposition « quelques écologistes investis d’une mission divine et prêts à tout pour dégommer des projets ». La pétition en ligne a déjà reçu 354 signatures. 

Pour l’heure, la mairie de Fenouillet « ne souhaite pas prendre position », précise Mathieu Lucchini, chef du cabinet du maire Thierry Duhamel, qui rappelle que « ça ne relève pas de la compétence de la commune ». Le syndicat Hersain‐Bocage attend la fin de l’instruction du permis de construire et de l’étude environnementale de Toulouse Métropole, pour acter la vente.

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