Enseignant à l’école urbaine de Sciences Po et consultant en coopérations territoriales, Nicolas Rio est le co‐auteur d’une tribune « Faut‐il en finir avec la démocratie participative ? ». À deux jours d’un scrutin aux enjeux historiques pour le pays, il revient sur ses propositions pour faire diminuer l’abstention en donnant un poids politique aux « sans‐voix ».
La participation est prévue en hausse aux législatives par rapport aux élections européennes. Si cela se confirme les 30 juin et 7 juillet, est‐ce qu’on pour se dire qu’au fond notre démocratie ne va pas si mal ?
On ne peut qu’être satisfait d’une hausse de la participation, mais une partie de l’électorat va rester à l’écart de cette élection. Si la participation est à 65 %, cela représentera tout de même 35 % d’abstentionnistes. Ce à quoi il faut ajouter les non‐inscrits et les mal‐inscrits qui représentent une part significative du corps électoral et qui n’ont pas pu s’inscrire sur les listes depuis l’annonce de la dissolution. C’est un effet pervers de ces élections anticipées sur un délai aussi court.
Combien de personnes cela représente‐t‐il ?
En 2022, les mal‐inscrits, c’est‐à‐dire les électeurs qui ne sont pas inscrits dans leur commune de résidence effective, représentaient 16,5 % des électeurs. Auxquels s’ajoutent toutes les personnes qui ne sont pas inscrites sur les listes électorales. Plusieurs millions, selon [la politiste] Céline Braconnier. Parmi eux, il y a une surreprésentation des jeunes, des non‐diplômés et des Français naturalisés.
Le point de vigilance, c’est le décalage entre le profil des votants et celui des abstentionnistes. Ce qu’ont montré Céline Braconnier et Jean‐Yves Dormagen, les deux spécialistes français de l’abstention …