A la tête de Mediacités, Jacques Trentesaux passe la main : « Ce n’est qu’un au revoir »

2024-09.Jacques Trentesaux
Jacques Trentesaux en 2019. Photo : Joseph Melin

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Par Jacques Trentesaux

Après huit années intenses passées à la présidence et à la direction de Mediacités, j’ai décidé de transmettre le relai. Je vous explique pourquoi.

L’histoire est belle. L’aventure assez incroyable. Mais tout a une fin et personne n’est irremplaçable. C’est fort de cette conviction que j’ai décidé de passer le relai à la présidence et à la direction de la rédaction de Mediacités. La transition était anticipée. Elle s’est opérée en douceur, le 1er juillet dernier.

La petite entreprise (11 permanents, 433 000 euros de chiffre d’affaires) est désormais entre les mains de Nicolas Barriquand, nouvellement élu président, et de Benjamin Peyrel, nouveau directeur de la rédaction. Tous deux sont de l’aventure depuis ses débuts. Ils sont idéalement placés pour ouvrir une nouvelle page dans l’histoire de Mediacités.

24 heures sur 24

Ma décision a été mûrement réfléchie. Porter une entreprise de presse est un travail aussi enthousiasmant qu’harassant. Je vibrais pour Mediacités 24 heures sur 24, pensais Mediacités, rêvais Mediacités… Entre l’administration, les ressources humaines, les finances, beaucoup de mes tâches étaient très éloignées du journalisme, mon vrai métier. Faute de temps, j’avais aussi le sentiment de mal animer la rédaction. Enfin, l’écriture et l’enquête finissaient par me manquer.

Je me suis donc écouté. En constatant que mon plaisir n’était plus aussi intense, j’ai préféré passer la main. Je reste néanmoins associé de Mediacités. J’en serai parfois l’un des contributeurs‐pigistes. Et mes comparses savent qu’ils pourront toujours compter sur moi s’ils en éprouvent le besoin.

2024-09.Lancement Mediacités Lille 30.11.2016
Soirée de lancement de Mediacités le 30 novembre 2016 à Lille. Un pari un peu fou ! La tension se lit sur les visages avant la mise en ligne du site ;-). Photo DR.

Sachez toutefois que ma conviction n’a pas varié d’un iota : le monde médiatique souffre de son hypercentralisation – son fameux « parisianisme » – et la démocratie, locale comme nationale, est malade. D’où l’importance de déployer des investigations en toute indépendance au‐delà du périphérique parisien ; afin d’éclairer le citoyen sur ce qui se trame dans son environnement immédiat et alimenter ainsi le débat public.

Par vents contraires

Cette conviction, toute l’équipe de Mediacités la partage. A elle de poursuivre cette mission d’intérêt général par vents contraires. Car le public peine encore à percevoir l’utilité de disposer de journalistes compétents et indépendants dans leur ville ; des professionnels de l’info mus par le seul souci d’informer au mieux. Huit ans après sa création, Mediacités demeure fragile. La campagne d’abonnement et de dons en cours le montre une nouvelle fois. Seule votre générosité lui assure la survie.

Je ne peux tirer ma révérence sans remercier toutes celles et tous ceux qui ont fait que Mediacités s’est imposé comme une marque de presse fiable et nécessaire. Je pense avant tout à l’équipe des permanents qui partage mon utopie ; mais aussi aux pigistes sans qui Mediacités ne serait pas Mediacités, aux sociétaires de la Société des Amis, à nos actionnaires qui nous ont permis d’éclore, à nos près de 6 000 abonnés… et plus largement à toute cette communauté vaillante de défenseurs d’une presse indépendante et exigeante plus que jamais nécessaire par les temps qui courent. Merci !

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Jacques Trentesaux en 2019. Photo : Joseph Melin

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Qui fait quoi désormais chez Mediacités ?

« Du changement dans la continuité », pourrait‐on résumer en reprenant un vieux slogan politique. Cofondateur, président, directeur de la publication, directeur de la rédaction, co‐rédacteur en chef de notre édition lilloise ces derniers temps et – aussi et toujours – enquêteur… Incontestablement, avec le passage de relai de Jacques, c’est une page qui se tourne à Mediacités, mais bien la même histoire qui se poursuit. Comme mentionné dans le mot de notre désormais « ex‐patron », ses anciennes responsabilités sont désormais assumées par deux autres cofondateurs de Mediacités : Benjamin Peyrel et Nicolas Barriquand.

Nous avons en effet profité de ce changement « au sommet » pour faire évoluer notre organisation interne. Depuis le 1er juillet, Nicolas remplace Jacques à la présidence de la société Mediacités et à la direction de la publication – à lui, désormais, les convocations au tribunal ! Comme vous le savez, notre journal doit régulièrement défendre ses enquêtes à la barre. Nicolas reste par ailleurs rédacteur en chef de notre édition lyonnaise. A Lyon, il travaille en binôme avec le journaliste Mathieu Périsse.

Également cofondateur, Benjamin Peyrel, que nos lecteurs nantais connaissent pour avoir été rédacteur en chef de l’édition de Nantes pendant six ans, est quant à lui devenu directeur de la rédaction. Il coordonne nos quatre rédacteurs en chef, tout en continuant de piloter les actions de développement de notre journal, tant sur le plan éditorial que de la recherche d’abonnés.

Le départ de Jacques nous a enfin conduit à repenser notre organisation à Lille, ville dans laquelle l’ancien président de Mediacités était le plus impliqué. Depuis ce 9 septembre, nous avons ainsi été rejoints par Sheerazad Chekaik‐Chaila, nouvelle rédac‐cheffe lilloise. Installée depuis douze ans dans le Nord en tant que journaliste, Sheerazad était jusqu’à présent correspondante de Libération pour la région des Hauts‐de‐France. Passée à La Voix du Nord, elle a également collaboré ces dernières années avec l’agence AEF, sur la question du logement notamment, Les Jours, Mediapart, Reporterre ou encore… Mediacités. Depuis 2019 et un reportage au long cours sur l’ancien squat lillois « 5 étoiles », vous avez pu régulièrement lire du Sheerazad Chekaik‐Chaila dans nos pages. Pour notre édition lilloise, elle fait désormais équipe avec Yves Adaken et Matthieu Slisse.

Enfin, nous ne pouvons pas conclure ces quelques lignes sans saluer Jacques, infatigable ambassadeur de notre journal, et le remercier très chaleureusement pour son immense investissement en faveur d’une presse indépendante. Nous lui devons d’avoir permis à cette idée folle qu’est Mediacités de naître et de perdurer toutes ces années. Merci et chapeau « patron » !

L’équipe de Mediacités

 

 

  • Ah qui se souvient.…ou a entendu parler ! de J.J.S‑S et de Françoise Giroud qui ont beaucoup défrayés la « chronique » en leur temps ! et plus « récemment » de l’interpellation de Jacques en vis à vis de Christophe Barbier, je m’en souviens très bien ! sur l’avenir de l’Express.……tous les deux ensuite successivement démissionnaires ensuite du groupe .…..pour le plus grand bonheur, je parle de Jacques, de Médiacités. Et voilà qu’il part ! au fait pour faire quoi ? mystère.….
    Quoiqu’il en soit Jacques , BRAVO ! encore BRAVO, la presse d’investigation est FONDAMENTALE en démocratie. et j’ai faiblement participé à l’essor de Médiacités, mais je ne reviendrais pas, Jacques, sur mes propos sur l’absolue nécessité de pérenniser financièrement une entreprise face aux extrêmes puissances de l’argent et de « politiques » trop souvent véreux . Tu quittes Médiacités, mais je continuerais à suivre et à me préoccuper de l’avenir de Médiacités. So long Jacques

  • Quel joli prénom que celui de votre successeure ! il fait partie de ma culture, enchantée dans l’enfance par les récits des mille et une nuits ! (en traduction, hélas, car je n’apprends l’arabe que depuis peu).
    une vieille dame de 77 ans

  • Je garderais un excellent souvenir de nos échanges et de notre rencontre. Je salue ton investissement pour Médiacités qui et une presse d’investigations indispensable et que tu as portée et souvent défendue avec force et persuasion.
    Je te souhaite pleine réussite dans tes nouveaux projets.
    Bien amicalement,

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