Elle est l’une des figures de la défense des femmes victimes de violences en France. Depuis plus de vingt ans, Anne Bouillon bataille aux côtés des plaignantes dans les prétoires. Celle qui se définit comme « avocate et féministe » publie ce 3 octobre Affaires de femmes (éditions de L’Iconoclaste).
Un livre dans lequel elle entremêle les récits de ses clientes avant et après #MeToo, ses propres expériences du monde judiciaire, et le décryptage des biais et préjugés qui parcourent encore ces affaires de violences.
Cet ouvrage est « né de la nécessité de parler des femmes qu’[elle] défend, de leurs histoires », qui « nous tendent le miroir de ce que nous sommes », et où se reflètent « nos échecs, nos contradictions, nos ambivalences, nos progrès et nos horizons », explique l’avocate en préambule.
« Nous traversons aujourd’hui une vague féministe qui est celle de la reconquête du corps des femmes, de leur intégrité, et du refus de la violence. Quel rôle l’institution judiciaire a‑t‑elle à jouer ici ? Comment faire pour qu’elle soit à la hauteur de l’enjeu ? », interroge‐t‐elle.
Anne Bouillon consacre un chapitre aux auteurs de violences, qui sont près de « un million chaque année en France », des « hommes normaux » et « pas des monstres ». « L’homme violent est tellement ordinaire que cette apparente banalité (ou son talent, son succès, sa puissance) lui sert de paravent », écrit‐elle. Des pages qui entrent en résonance avec l’affaire dite des viols de Mazan, dans laquelle 51 hommes sont jugés depuis le 2 septembre, et qui tordent le cou aux stéréotypes véhiculés par l’extrême droite, ravivés par le meurtre d’une étudiante à Paris. Nous en publions quelques extraits.