Huit années d’enquêtes et leurs conséquences : Mediacités publie son rapport d’impact 2024

Que deviennent les enquêtes de Mediacités une fois publiées ? Font-elles bouger les lignes dans les villes ? Comment contribuent-elles au débat public ? De l’affaire des frais du président la métropole de Lille aux bébés placés souffrant d’hospitalisme au CHU de Nantes. Du scandale de la pollution au PFAS dans le Rhône aux violences sexuelles commises par un prêtre près de Toulouse, Mediacités vous propose de découvrir le fin mot de certaines de nos révélations.

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Montage : Sarah Mahjoub

À quoi sert une enquête une fois publiée ? Que deviennent nos articles après leur mise en ligne ? Comment les lectrices et les lecteurs reçoivent‐ils ces informations ? Comment s’en emparent‐ils ? Sont‐elles utiles ? Permettent‐elles de faire bouger nos villes ? Contribuent‐elles à faire évoluer la société ? 

À Mediacités, ces questions ont toujours été une obsession. Tel que nous le concevons, le rôle social et citoyen d’un journal d’investigation ne peut se limiter à dénoncer ce qui va mal. Pour être utile, il faut encore que ses enquêtes ouvrent et nourrissent un débat public. Qu’elles contribuent à l’émergence d’une solution aux problèmes posés. Qu’elles participent à réduire les injustices. Bref, qu’elles servent ceux qui les lisent et, plus globalement, tous ceux qui, de près ou de loin, sont concernés par la situation traitée. 

Plusieurs types d’impact

C’est pourquoi, depuis 2020, nous tentons d’évaluer les effets de notre travail en publiant chaque année un rapport sur l’impact de nos enquêtes. Pour un site d’investigation comme Mediacités, cet impact peut prendre des formes bien différentes, ce qui ne rend pas sa mesure très facile. La reprise de nos enquêtes dans des médias locaux ou nationaux donne, par exemple, un plus large écho à nos informations, ce qui facilite l’ouverture d’un débat public. Mais il s’avère vite fastidieux de recenser ces mentions de façon systématique. 

De la même manière, il nous a semblé un peu vain de tenter de compiler scrupuleusement toutes les utilisations de nos articles lors de séances de conseils municipaux, métropolitains, départementaux, régionaux, voire à l’Assemblée ou au Sénat. Aussi importantes soient‐elles, ces répercussions nous échappent là encore trop souvent. 

Mediacités en chiffres en 2024

  • Une équipe de onze permanents et plusieurs dizaines de journalistes locaux indépendants travaillant avec la rédaction.
  • 710 enquêtes et articles publiés depuis janvier 2024 sur Mediacités
  • 2 millions de visiteurs sur Mediacités entre janvier et octobre 2024
  • 5609 abonnés à Mediacités et 105 000 inscrits aux différentes newsletters
  • Environ 1 800 reprises des nos informations par d’autres médias et 4 300 citations directes sur les réseaux sociaux

Impossible exhaustivité

Pour ce rapport, nous avons donc renoncé à la quête d’une impossible exhaustivité pour vous proposer une sélection (déjà longue) des plus importants impacts identifiés en 2024 et les années précédentes. Un florilège, en quelque sorte, des articles ayant fait bouger les lignes de manière évidente, initié un débat public fécond ou débouché sur une procédure judiciaire. 

Suffisant pour démontrer l’utilité d’un journalisme d’investigation à l’échelle locale ? Vous en jugerez. Mais nous y croyons dur comme fer. Sans pour autant nous bercer d’illusions : vous le verrez, nous avons aussi choisi certains articles qui, à notre grand regret, n’ont pas produit le moindre effet. La preuve qu’il n’y a pas que dans l’espace que, parfois, personne ne vous entend crier. 

Huit années d’enquête, et après…

Le travail journalistique n’est rien s’il ne trouve pas de relais chez les lecteurs, les citoyens, voire leurs représentants. C’est la raison pour laquelle nous avons fait du renforcement de notre impact l’un des enjeux de notre grande campagne de financement participatif et l’un de nos axes de développement pour 2025. La multiplication des rencontres et des débats locaux, la création de nouvelles newsletters thématiques ou encore le lancement d’une nouvelle version de Radar, notre outil de suivi des promesses et de l’action des élus, doivent nous permettre de toucher un public plus large, de donner plus d’écho à nos enquêtes et provoquer plus de réactions. Pour qu’investigation ne rime plus seulement avec indignation, mais plus souvent avec action.

Attention, journal en danger !

Depuis huit ans, Mediacités propose un journalisme d’investigation sur les pouvoirs locaux et ses enquêtes ont de l’impact dans les villes. Mais aujourd’hui notre existence est menacée. Aidez la rédaction et ses journalistes à passer ce cap en vous abonnant ou en effectuant un don (défiscalisable).

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L’impact des enquêtes de Mediacités

Comment naviguer dans ce rapport ?

Pour faciliter votre lecture de cette (longue) sélection, nous avons dressé un petit sommaire des différents types d’impacts recensés. Il vous suffit de cliquer sur leur titre pour accéder à la partie concernée :

  1. Les révélations dont s’est saisie la justice
  2. Les enquêtes qui ont fait bouger les lignes
  3. Les enquêtes qui ont initié un débat public
  4. Les enquêtes dont on regrette qu’elles n’aient pas produit plus d’impact
  5. Les enquêtes qui ont produit un effet indésirable

1. Les révélations dont s’est saisie la justice

Ni juges, ni procureurs, les journalistes de Mediacités ne sont pas là pour rendre la justice. Notre rôle de site d’investigations locales reste de révéler des informations d’intérêt public. Pas plus, pas moins. Pour autant, certaines de nos révélations peuvent susciter l’intérêt de magistrats qui, suite à nos articles, déclenchent des enquêtes. Judiciaires, cette fois‐ci. Et si cette partie‐là n’est plus de notre ressort, elle témoigne en tout cas de l’utilité et du sérieux de nos informations. 

  • En 2024

Damien Castelain – Procès Février 2024 (17)

LILLE - Affaire Castelain : 2024, l’année du jugement

Le 15 juin 2018, Mediacités révélait comment le président de la métropole européenne de Lille (MEL), Damien Castelain, avait fait prendre en charge par la collectivité des dépenses personnelles telles que des soins de hammam, des séjours dans un hôtel de luxe parisien, des parfums ou… des chaussettes. Montant des factures : quelque 20 000 euros. Après avoir longtemps contesté les faits, et suite à une enquête sur place de l’Agence française anti‐corruption (AFA), le président de la MEL finira par rembourser la somme via un étrange « don » à l’institution. Trop tard, néanmoins, pour échapper à un procès, l’affaire ayant fait l’objet de signalements au procureur de la République. 

👊 Impact 

Au bout d’un feuilleton aux multiples rebondissements narré par Mediacités, « l’affaire des frais » a enfin été jugée… en juillet 2024. Soit six ans après notre premier article. À l’issue d’un procès plus large impliquant Damien Castelain dans trois autres dossiers, le tribunal judiciaire de Lille l’a condamné à un an de prison avec sursis, 20 000 euros d’amende et cinq ans d’inéligibilité pour détournement de fonds publics, abus de confiance et prise illégale d’intérêts. S’il n’a retenu pour illégales que 548 euros de notes de frais « dont le caractère personnel est manifeste », le tribunal a souligné la « gravité » des faits « commis par une personne investie d’un mandat électif ». Le feuilleton va toutefois se poursuivre. Estimant la peine trop légère, le parquet a en effet interjeté appel

 

LYON - Les notes de frais de Laurent Wauquiez

On ne peut pas (encore ?) parler de révélations, mais la justice s’est déjà saisie du sujet… à notre initiative. Depuis septembre 2021, Mediacités réclame à la région Auvergne‐Rhône‐Alpes la communication des notes de frais de ses élus, dont celles du premier d’entre eux : son ancien président Laurent Wauquiez. Ce minimum de transparence a beau être prévu par la loi, notre démarche est pour l’instant restée vaine. Mais le feuilleton continue.

👊 Impact 

Le 21 mai 2024, le tribunal administratif de Lyon rend sa décision et « enjoint » Laurent Wauquiez à nous transmettre les notes de frais réclamées dans un délai de deux mois. Victoire ? Pas encore tout à fait. Le 12 juillet 2024, nous recevons un courrier du Conseil d’Etat nous informant que la région Auvergne‐Rhône‐Alpes a présenté un recours en cassation contre cette décision. La balle est désormais dans le camp de la plus haute instance administrative française.

 

LILLE - Condamnations à Ilevia / Transpole  et à la CGT

C’est une affaire qu’a révélée Mediacités en 2018 mais qui n’a été jugée qu’en avril de cette année, après bien des péripéties. Trois salariés du concessionnaire des transports publics de la métropole de Lille, Ilévia (ex‐Transpole) ont comparu le 31 mars devant le tribunal correctionnel de Lille. Ces élus ou proches de la CGT étaient accusés d’avoir allègrement profité de l’argent du comité d’entreprise pour leurs besoins personnels en 2015–2016. Deux d’entre eux ont été lourdement condamnés, dont l’ancien trésorier adjoint du CSE. À l’époque patron de la toute puissance CGT, il a écopé d’une peine d’un an de prison avec sursis et 10 000 euros d’amende.

👊 Impact 

Au‐delà de comportements personnels répréhensibles – tels un voyage familial aux États‐Unis de 15 000 euros payé directement par le CE ou l’appropriation personnelle d’un véhicule du CE – l’affaire a permis de mettre en lumière les relations troubles du syndicat dominant avec la direction d’Ilevia-Transpole. Il est aussi à souligner qu’elle n’a pu éclater que grâce aux informations recueillies sur le fonctionnement du CE durant les deux courtes périodes où la CGT a perdu sa majorité, permettant leur transmission à la justice. On soulignera enfin l’absence à ce procès de l’entreprise Ilévia‐Transpole qui a fermé les yeux sur la gestion d’un comité d’entreprise, doté d’un budget de 3,5 millions de budget annuel.

 

  • Et avant

LYON -  Béton lyonnais, pollueur hors‐la‐loi

En octobre 2019, Mediacités révèle que l’industriel Béton lyonnais, centrale à béton implantée à Décines‐Charpieu à proximité d’un captage d’eau potable du Grand Lyon, est dans le collimateur des services de la préfecture pour des atteintes à l’environnement depuis 2010 et qu’elle a fait l’objet de plusieurs avertissements.

👊 Impact 

Après nos premiers articles, plusieurs associations environnementales puis la métropole de Lyon s’emparent du dossier. Au printemps 2020, le parquet de Lyon décide d’ouvrir une enquête, comme nous l’avions révélé cette année‐là. Poursuivi pour le non‐respect de la réglementation d’une « Installation classée protection de l’environnement », Béton lyonnais a fait l’objet d’un procès en septembre 2023, lors duquel le Grand Lyon s’est porté partie civile. L’entreprise a été condamnée à 50 000 euros d’amende, dont 20 000 euros avec sursis, par le tribunal correctionnel de Lyon. Elle n’a pas interjeté appel « car l’administration a considéré que les installations étaient désormais conformes, argumente son avocat Christophe Neyret, même si la justice a reproché à Béton lyonnais d’avoir mis trop de temps à se mettre en conformité. »

Waldemar Kita en audition devant les sénateurs en juin 2024 (c) Capture d’écran Sénat (2)
Waldemar Kita en audition devant les sénateurs en juin 2024. Capture d’écran Sénat

NANTES - Fraude fiscale : enquête sur le patron du FC Nantes

En 2018, Mediacités dévoilait les coulisses financières du propriétaire du FC Nantes Waldemar Kita : ses sociétés holding domiciliées en Belgique et au Luxembourg ou encore son portefeuille d’investissements, qui va des jets privés aux laboratoires spécialisés dans l’anti-rides et le gonflement de pénis. 

👊 Impact 

Des informations dont a pu se saisir le Parquet national financier, qui a ouvert une enquête en 2019 sur Waldemar Kita. A ce jour, le patron du club nantais est toujours mis en examen, mais la procédure est bloquée. Pour autant, la rédaction de Mediacités poursuit ses investigations sur les affaires de l’homme d’affaires franco‐polonais. En 2021, nous révélions par exemple l’ampleur de la fraude liée à sa domiciliation en Belgique et il y a quelques mois qu’il quittait justement ce pays pour s’installer en… Suisse.

 

TOULOUSE - L’adjoint à l’urbanisme inquiété pour “prise illégale d’intérêts, trafic d’influence passif, corruption passive et blanchiment”

Même si nos éditions portent le nom des grandes métropoles, nous ne nous limitons pas aux seuls centre‐villes. Ainsi, à Cugnaux, ville de 17 000 habitants de la périphérie toulousaine, nous avons révélé que près d’un quart des logements construits en quatre ans avaient été attribués à une même entreprise de promotion immobilière. Laquelle avait employé celui qui allait devenir le maire‐adjoint à l’urbanisme.

Le maire d’alors, Alain Chaléon, a d’abord tenté d’imposer le silence à ses adjoints, leur demandant de ne pas réagir par mail ou sur les réseaux sociaux — et qualifiant au passage notre média de « torchon » tout en le menaçant d’un procès. Avant de voir sa propre majorité imploser en janvier 2020, à la suite d’une nouvelle publication sur son adjoint. Cela l’a finalement conduit à renoncer à se représenter aux élections municipales 2020.

👊 Impact 

Ouverte fin 2019 après nos révélations sur le mélange des genres d’un ancien adjoint à l’urbanisme de Cugnaux (Haute‐Garonne), l’enquête préliminaire pour prise illégale d’intérêts, trafic d’influence passif, corruption passive et blanchiment, recel de prise illégale d’intérêts s’est accélérée en 2022. Trois personnes mises en cause, dont l’ancien adjoint Roger Montlibert, ont été placées en garde à vue et auditionnées, le 11 janvier 2022. Selon le procureur de Toulouse, l’enquête est à son stade final. Les moyens de la justice toulousaine étant particulièrement faibles, le dossier n’est pas encore conclu à notre connaissance. 

Parallèlement, la plainte en diffamation de Roger Montlibert contre Mediacités a été jugée en mars dernier et nous avons été relaxés.

 

LILLE - Le maire de Valenciennes mis en examen

Le 27 mars 2023, Mediacités révèle que Laurent Degallaix, le maire (Horizons) de Valenciennes fait l’objet d’une plainte pour trafic d’influence. Celle‐ci a été déposée six mois plus tôt par une jeune femme qui a eu une relation intime avec lui et qui l’accuse de lui avoir promis de l’embaucher à l’accueil de la mairie en usant de son pouvoir pour transférer la titulaire du poste. Elle finira par obtenir un poste dans une structure para‐municipale. À l’appui de ses dires, elle produit un échange de textos avec le maire et un enregistrement accablant dont Mediacités a retranscrit des extraits. Moins d’un mois après nos révélations, elle dépose une nouvelle plainte, pour subornation de témoins, dénonçant cette fois des pressions pour qu’elle renonce à son action judiciaire. 

👊 Impact 

Les deux plaintes vaudront à Laurent Degallaix d’être auditionné en juin 2024 par la police judiciaire de Lille et d’être mis en examen. Six ans plus tôt, le maire avait déjà subi une garde à vue en lien avec la vente controversée de l’Office municipal HLM (V2H) à une filiale de la Caisse d’épargne Nord France Europe… dont il était par ailleurs salarié. Elle aussi révélée par Mediacités, l’affaire s’est soldée par une amende de 25 000 euros pour « ingérence » à la suite d’une procédure de plaider‐coupable.

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Siège des Hospices civils de Lyon. Photo : Mathieu Périsse

LYON - Hospices civils de Lyon : le gros conflit d’intérêts de Carole Burillon

Après nos révélations sur un conflit d’intérêts estimé à 500 000 euros impliquant Carole Burillon, cheffe de service aux HCL (et par ailleurs élue à la métropole de Lyon), et épinglé dans un rapport de la Chambre régionale des comptes, Anticor a adressé un signalement au parquet de Lyon. 

👊 Impact 

Au printemps 2023, la justice décide d’ouvrir une enquête sur ce dossier. Celle‐ci est toujours en cours.

2. Les enquêtes qui ont fait bouger les lignes dans nos villes

Lorsqu’elles mettent en lumière des comportements illégaux, des situations illégitimes ou dangereuses, nos enquêtes peuvent contribuer concrètement à transformer les choses. Un changement parfois salutaire pour les personnes concernées ou pour la collectivité. Petit florilège de ces articles qui ont changé nos villes en 2024. Et avant. 

  • En 2024 

LYON - PFAS : nos révélations de l’Assemblée Nationale au palais de justice

Pas moins d’une trentaine d’articles. Sur Mediacités, le dossier spécial consacré à la vallée de la chimie, cette vaste plateforme industrielle qui s’étire au sud de Lyon, est garni. Il l’est d’autant plus depuis que plusieurs de nos journalistes (Lucas Martin‐Brodizicki et Hugo Coignard notamment) multiplient les révélations sur le scandale des PFAS. Derrière ces quatre lettres se cache une famille de polluants dits « éternels » qui ont contaminé l’eau, l’air et l’environnement des abords du Rhône sur des dizaines de kilomètres.

Depuis le début de l’année, Mediacités a ainsi révélé que des boues d’épuration chargées de PFAS ont été répandues dans des cultures de l’Est lyonnais ; dévoilé la stratégie d’Arkéma, l’industriel au cœur du scandale de pollution, pour continuer à produire toujours plus de PFAS ; ou encore épinglé, dans une enquête menée en partenariat avec France 3, les rejets dans l’air de polluants éternels de Daikin, l’autre chimiste dans le collimateur des pouvoirs publics et des associations environnementales.

👊 Impact 

Ils sont de plusieurs ordres. Nos révélations sur les boues d’épuration ont ainsi rebondi à l’Assemblée nationale où le député (LFI) du Rhône Gabriel Amard a tenté de faire voter un amendement pour interdire la vente et l’épandage des boues contenant des PFAS. Sans succès.

Publiées conjointement avec France 3, nos révélations sur les rejets atmosphériques de Daikin ont, quant à elles, résonné au palais de justice de Lyon. Comme nous l’avions raconté, des riverains d’Oullins-Pierre-Bénite et l’association Notre Affaire à tous s’en sont emparés pour plaider leur cause dans une procédure intentée contre l’industriel japonais, en vue de suspendre un arrêté préfectoral concernant l’usine. Avec succès cette fois‐ci.

Notre enquête fouillée sur la stratégie industrielle d’Arkema pour les années à venir, mâtinée de greenwashing, a par ailleurs fait réagir la municipalité de Chasse‐sur‐Rhône, en aval de l’usine du chimiste. Dans un communiqué intitulé « Révélations Mediacités sur Arkema et les PFAS : mettre fin à l’impunité des industriels ! » et publié le 16 mai, Christophe Bouvier, le maire de la commune, condamne « les opérations de communication visant à cacher ou à enjoliver la réalité ». La veille, Mediacités s’invitait à l’assemblée générale d’Arkema pour interpeller son PDG sur la participation financière de son groupe aux opérations de dépollution et l’inviter à boire d’eau du robinet de Ternay… contaminée aux PFAS.

 

LILLE - AIL du Nord : coup de frein au clientélisme 

A partir de la fin 2021, Mediacités se penche à plusieurs reprises sur les actions d’intérêt local (AIL) du département du Nord. Ce dispositif accorde à tous les conseillers départementaux une enveloppe personnelle de subventions qu’ils peuvent attribuer selon leur bon vouloir. Soit au total près de 12,5 millions d’euros distribués entre 2018 et 2023. Problème, ces aides, qui fleurent bon le clientélisme, soutiennent parfois des actions loufoques. De plus, la bonne utilisation des fonds n’est jamais contrôlée. Exemple des dérives possibles, nous avons découvert que deux conseillers départementaux avaient financé une association créée par un élu de la majorité municipale de Roubaix dont ils étaient eux‐mêmes membres.

👊 Impact 

À la suite de nos enquêtes, les choses ont commencé à bouger au conseil départemental. L’opposition écologiste s’est emparée du sujet pour réclamer soit la disparition pure et simple des AIL au profit d’un budget participatif, comme l’a déjà fait un département comme la Seine‐Saint‐Denis, soit la définition de règles d’attribution plus strictes (définition d’un montant maximum, de critères précis, etc.). Le président Christian Poiret a approuvé la deuxième option et mis en place un groupe de travail afin de mieux encadrer les AIL. La Chambre régionale des comptes a enfin publié un rapport en septembre 2024 qui critique vertement le « saupoudrage » et l’efficacité des subventions et recommande de nouvelles mesures de contrôle.

 

NANTES - Audencia : l’école de commerce change sa direction et interdit une association harceleuse

Les premières enquêtes de Mediacités sur Audencia remontent à septembre 2022. Nous révélions alors la souffrance de dizaines de  salariés, victimes d’un « management toxique et sexiste »

👊 Impact 

Ces premiers articles débouchent sur un audit, une remise en cause des pratiques managériales et un large remaniement de la gouvernance. Après la démission de son adjoint quelques jours après la publication de notre enquête, le directeur de l’établissement, Christophe Germain, a, lui aussi, quitté ses fonctions, en juillet 2023.

En juin 2023, c’est un autre scandale que met à jour Mediacités. Depuis quinze ans, une association étudiante (G‑Eyes) diffuse un « JT » vidéo qui projette sur grand écran au sein de l’école des images d’étudiants et surtout d’étudiantes, dont le contenu s’apparente à du sexisme, voire à du harcèlement.

👊 Impact 

Juste avant la publication de l’enquête de Mediacités sur ce « JT » vidéo, la direction d’Audencia prend la décision de dissoudre le pôle “JT” et de « mener une investigation concernant les autres activités de l’association, avant de suivre le processus interne qui pourra décider de plus fermes mesures individuelles ». Un an plus tard, la nouvelle direction fait son mea culpa en envoyant un courrier au personnel et aux étudiants.

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Victime d’un prêtre pédocriminel, Mickaël (à droite) a été empêché de devenir prêtre par deux prélats de l’Église, Norbert Turini et Laurent Camiade (à gauche). / Illustration Gael Cérez

TOULOUSE - Un prêtre accusé de viol enfin éloigné de sa paroisse

En mars dernier, Juliette Mazet a témoigné dans nos colonnes des viols que lui aurait imposés Franz de Boer, un prêtre lotois, en 2013. Ces faits étaient connus du diocèse du Lot depuis 2015, mais celui‐ci n’a pris aucune mesure pour mettre le curé hors d’état de nuire. 

👊 Impact 

Le prêtre a été éloigné de sa paroisse, suite à la publication de l’enquête de Mediacités, le temps que l’enquête préliminaire soit close.

 

LILLE - Affaire Agius : l’adjoint à la maire de Calais démissionne

Le 6 février 2024, la maire de Calais, Natacha Bouchart, demande à son premier adjoint, Emmanuel Agius, de se mettre en retrait de tous ses mandats et de démissionner de la présidence de l’office public HLM Terre d’Opale Habitat (TOH). C’est la conséquence de la publication, quelques jours plus tôt, d’un article de Mediacités révélant comment sa compagne a pu racheter à bon prix un appartement mis en vente par l’office HLM, sans qu’il prenne la peine de s’abstenir au moment du vote validant la cession. Le 14 février, notre journal récidivait en dévoilant une autre vente d’appartement de TOH, cette fois au bénéfice de sa fille. 

👊 Impact 

Emmanuel Agius a depuis démissionné de tous ses mandats. Et suite à des signalements, une enquête préliminaire a été engagée par le parquet. L’OPH a par ailleurs diligenté des audits et l’Ancols, le gendarme des bailleurs sociaux, s’est saisi du dossier.

 

LYON - Vidéos humiliantes à l’EM Lyon : la fin d’une tradition

Des sexes en gros plans, un étudiant sur lequel on urine et autres scènes d’humiliation… Le 3 septembre dernier, Mediacités révèle l’existence depuis des décénnies de séances de projections de vidéos de la vie de l’EM Lyon, lors de soirées festives, dont certaines particulièrement dégradantes et parfois tournées sans le consentement des personnes concernées.

👊 Impact 

Contactée lors de la préparation de notre enquête, la direction de l’école nous avait assuré tout ignorer de cette tradition mais lançait une procédure disciplinaire. Deux semaines après notre publication, le compte Instagram de Ligne de Mire annonce la fin de l’association. « En accord avec la corporation des étudiants, l’EM Lyon a décidé de suspendre définitivement les activités de [L2M], communique l’école, évoquant « la diffusion d’images d’archives contraires au respect des droits des personnes et aux valeurs » de l’EM.

Un impact regrettable néanmoins : une chape de plomb s’est abattu sur l’école de commerce depuis notre enquête. Consigne a ainsi été passée de ne pas répondre à la presse afin d’ébruiter le moins possible l’affaire de ces vidéos humiliantes.

 

TOULOUSE - Le président du Département revoit les travaux de son bureau à la baisse

Mediacités a mis la main sur le projet de réaménagement de l’espace de travail de Sébastien Vincini, le président du conseil départemental de la Haute‐Garonne. Un chantier d’un montant global de plus de 85 000 euros, qui interrogeait vu les contraintes budgétaires pesant sur les finances départementales et la baisse drastique des subventions aux associations.

👊 Impact 

Interrogée par Mediacités avant la publication de l’enquête, la collectivité s’est opportunément souvenue de ses difficultés financières pour affirmer qu’une partie des travaux avaient été annulés. Une prise de conscience tardive vu que le projet était encore sur les rails quelques semaines plus tôt…

 

  • Et avant
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Un bébé à la maternité. Image d’illustration / Photo Creative Commons : Janko Ferlič on Unsplash

NANTES - Une solution pour les bébés placés dépérissant à l’hôpital

C’est une enquête qui a marqué les esprits et fait bouger les choses. Et pour cause : elle concernait les plus fragiles d’entre nous, des nourrissons, séparés de leurs parents pour les protéger. En juin 2021, quand Mediacités Nantes publie ses révélations, ils sont une dizaine à être ainsi placés à l’hôpital, certains depuis plusieurs mois, faute de place dans des structures adaptées ou en famille d’accueil. Avec une conséquence terrible : le développement du syndrôme d’hospitalisme, une carence affective conduisant ces nouveaux‐nés à un état dépressif grave et à se laisser dépérir. 

👊 Impact 

Notre article a conduit le département à engager des moyens pour éviter que la situation de l’été 2021 se reproduise. « Depuis, nous avons encore eu quelques situations mais rien d’aussi important qu’en 2021, indiquait Claire Tramier au Figaro en août 2022. Outre la mise à disposition de professionnels pour suivre ces enfants à l’hôpital, la vice‐présidente Familles et protection de l’enfance au département de Loire‐Atlantique annonçait également la construction d’une nouvelle pouponnière à Saint‐Nazaire en 2023.

Du mieux pour ces nourrissons, donc. Pour autant, la situation des services d’aide sociale à l’enfance dans le département (comme partout en France) reste critique. Le titre d’une autre enquête, publiée par Mediacités Nantes en avril 2024 et confirmée six mois plus tard par un rapport de la Chambre régionale des comptes, était sans équivoque : la protection de l’enfance de Loire‐Atlantique à l’agonie.

 

LYON - Les frais du directeur de l’Opéra enfin encadrés

De 8 000 à 8 500 euros par mois… Voilà ce que, de longues années durant, Serge Dorny, s’octroyait en notes de frais, en plus de son salaire. Hôtels et restaurants de luxe, voyages, cadeaux divers… rien n’était trop beau pour celui qui dirigeait alors le prestigieux Opéra de Lyon. Avant les révélations de Mediacités, du moins. 

👊 Impact 

Car après la publication de notre enquête, basée sur l’épluchage rigoureux de plus de 3000 documents comptables, il a été contraint de revoir son « train de vie de diva » à la baisse. Contraint et forcé, puisque nos articles ont poussé le procureur de la République à demander à la Ville de Lyon – premier financeur de l’Opéra – de conduire  un audit ayant débouché sur l’encadrement strict des frais du directeur

Quelques années après nos révélations et quelques mois après le départ de Serge Dorny pour l’Opéra de Munich, un rapport de la Chambre régionale des comptes est même venu confirmer toutes nos informations, pointant une fois de plus le manque d’encadrement des collectivités financeuses sur la gestion de l’institution.

 

NANTES - Treillières : la transparence progresse après nos enquêtes

En septembre 2020, Mediacités lance une série d’enquêtes sur la gestion catastrophique de cette commune de 10 000 habitants au Nord de Nantes. 

👊 Impact 

Suite à nos révélations en cascade, les démissions s’enchaînent au sein de l’équipe municipale, le maire de la ville est contraint d’abandonner son siège à la communauté de communes et la justice se penche sur plusieurs affaires. 

Après un premier rapport accablant de la Chambre régionale des comptes en 2021, la commune a pris les choses en main. Sur les dix recommandations formulées par la CRC, sept ont fait l’objet d’une « mise en œuvre complète  » ont souligné les magistrats financiers dans un “audit flash” publié en septembre dernier. Ce qui a permis à Mediacités de titré “Treillières : après les scandales et les révélations, la transparence progresse”

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Sur la parcelle de Nicolas Gagneux, montée du Chemin neuf, à l’été 2021. Photo : N.Barriquand/Mediacités.

LYON - Coupe d’arbres : la ville de Lyon adopte une nouvelle procédure

En juillet 2021, Mediacités consacre une enquête à la coupe d’une trentaine d’arbres sur la colline de Fourvière, en plein secteur sauvegardé et (en théorie) protégé par l’estampille « Espace boisé classé », par le promoteur immobilier Nicolas Gagneux (6e Sens). Le goût pour la tronçonneuse de l’homme d’affaires avait provoqué la fureur de ses voisins et l’embarras des nouveaux élus écologistes de la ville de Lyon alors que Nicolas Gagneux avait obtenu les autorisations pour abattre ses frênes et autres marronniers. À la suite de nos révélations, d’autres médias, comme France 3, s’étaient intéressés au trou béant laissé par le patron de 6e Sens en contrebas de L’Antiquaille.  

👊 Impact 

En mars 2022, à l’occasion d’un article consacré à une nouvelle coupe derrière la maison de Nicolas Gagneux, nous avons appris que notre première publication et son retentissement avait modifié la surveillance, par la ville de Lyon, des « Espaces boises classés » (EBC). « Depuis cette histoire, nous avons mis en place un dispositif d’alerte au sein du service d’urbanisme appliqué : dès qu’une demande d’abattage d’arbres est déposée dans un EBC, elle remontent automatiquement jusqu’aux élus, en l’occurrence l’adjoint à l’urbanisme et moi‐même », nous avait confié Nicolas Husson, alors adjoint au maire de Lyon chargé de la biodiversité.

 

NANTES - La décharge sauvage du foot évacuée

C’est un terrain qui n’aurait jamais dû se retrouver sous le feu des projecteurs. À l’été 2019, Mediacités révèle qu’une décharge sauvage abrite au moins 400 tonnes de billes de pneus issues des terrains de foot synthétiques de la métropole nantaise. L’entreprise Art‐Dan était pourtant chargée de les « revaloriser », selon les termes de plusieurs marchés publics passés avec des communes locales. Elle a préféré les entreposer à l’abri des regards à Carquefou, dans la périphérie de Nantes. Un dépôt illicite qui laisse planer une menace pour l’environnement et la santé des habitants.

👊 Impact 

Quelques mois après la publication de notre enquête, la préfecture de Loire‐Atlantique réagit : l’entreprise Art‐Dan est mise en demeure d’évacuer le site. Les centaines de sacs contenant les billes en plastique sont finalement acheminés vers une société de recyclage. Selon les informations de Mediacités, c’est bien l’écho rencontré par notre enquête qui a poussé la préfecture à mener des inspections et à rendre cette décision.

 

3. Les articles qui ont initié un débat public

Parmi les centaines d’articles publiés par Mediacités chaque année, il y a aussi ceux qui, sans forcément produire de conséquences immédiates, nourrissent le débat public et les conversations. Dans nos métropoles mais parfois aussi à l’échelle nationale, quand elles sont reprises par nos confrères. Quelques exemples de ces enquêtes qui ont agité le bocal en 2024 et les années précédentes. 

  • En 2024 
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Le lycée Averroès Photo : Matthieu Slisse / Mediacités

LILLE - Lycée Averroès : nuance et recul

Le 18 octobre 2023, le magazine Le Point révèle que la préfecture du Nord souhaite mettre fin aux subventions publiques versées au lycée privé musulman Averroès, créé en 2003 à Lille‐Sud. La publication de cette information est l’un des points chauds d’une très intense séquence médiatique. Jusqu’au mois de juillet, le plus important établissement musulman de France (plus de 500 élèves scolarisés) sera accusé de séparatisme dans de très nombreux médias, à l’instar notamment du Figaro qui répercuteront la grille de lecture du préfet du Nord Georges‐François Leclerc. Depuis le 1ᵉʳ septembre 2024, et malgré de nombreux recours devant les tribunaux, le lycée Averroès fonctionne hors‐contrat. Une décision motivée par des manquements « aux principes fondamentaux de la République ». 

👊 Impact 

Tout au long de ce feuilleton médiatique, Mediacités a compté parmi les médias qui ont pris beaucoup de recul avec le discours préfectoral. Dès le mois de décembre 2023, nous rappelions combien ce dossier était sensible et politique. En janvier 2024, nous révélerons ensuite — un enregistrement à l’appui — les nombreuses irrégularités qui ont émaillé la « commission de concertation pour l’enseignement privé » réunie le 27 novembre 2023 et qui a acté la résiliation du contrat d’association. Ces révélations seront d’ailleurs utilisées dans la défense du lycée Averroès lors de leurs deux audiences devant le tribunal administratif, le 24 janvier et le 11 juillet 2024. Au total, ce sont pas moins de 15 articles que Mediacités aura consacré au cas Averroès entre octobre 2023 et juillet 2024. De quoi ajouter de la nuance sur ce sujet très sensible.

 

NANTES - Un débat public sur les obsèques civiles 

C’est une histoire interminable, commencée il y a plus de quinze ans. Jean‐Marc Ayrault était alors maire de Nantes et promettait la création prochaine d’une “Maison des adieux” pour permettre aux Nantais d’offrir à leurs défunts des obsèques civiles et non religieuses. Reprise à son compte par Johanna Rolland, la promesse finit par tomber à plat en mars 2022, quand Mediacités révèle que la Ville renonce au projet, faute de financements.

👊 Impact 

Suite à notre enquête, reprise par l’opposition, la municipalité décide d’organiser un dialogue citoyen autour de la question. La concertation a lieu en avril 2023 et débouche sur quarante propositions. Johanna Rolland doit alors prendre une décision. Le 20 décembre 2023, elle annonce qu’il n’y aura pas de Maison des adieux, mais que trois salles serviront, entre autres choses, à recevoir des obsèques civiles.

 

LILLE - Marcq Institution : la lutte contre le harcèlement en question

Le 22 février, Mediacités publie une enquête en collaboration avec Politis sur la suspension d’un professeur d’anglais du prestigieux lycée privé Marcq Institution, situé à Marcq‐en‐Baroeul, dans la partie cossue de la banlieue de Lille. L’enseignant a été sanctionné le 31 janvier par la direction après avoir été accusé par une élève d’avoir eu « une attitude inappropriée » lors d’un cours dispensé la veille. De fait, les témoignages recueillis par nos deux rédactions font état d’un comportement assimilable à du harcèlement sexuel et d’une volonté d’humiliation. « Dès qu’il y a un fait qui jette le moindre doute, une décision est prise », assure l’établissement, qui a par ailleurs signalé l’incident au rectorat.

👊 Impact 

Dans cet article, Mediacités et Politis donnent toutefois la parole à d’anciennes élèves affirmant avoir subi des comportements déplacés à caractère sexuel de la part de ce professeur dans les années précédentes. Nous révélons également que plusieurs alertes le concernant avaient déjà été effectuées, et qu’elles étaient remontées à au moins deux reprises au niveau de la direction. Des faits qui battent en brèche le discours officiel d’une réaction inflexible en cas de « moindre doute ». Il est vrai que ce lycée cultive une image élitiste, sur laquelle Mediacités s’était aussi penché, et qu’il entend manifestement protéger à tout prix.

 

  • Et avant
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Illustration : P.Leibovici pour Mediacités

Alerte sur le fonctionnement des crèches privées

Alerté par plusieurs cas de maltraitance d’enfants dans des crèches privées de nos métropoles, Mediacités lance en septembre 2022 un appel à témoignages auprès de ses lecteurs. En quelques semaines, nous recevons plus de 130 réponses, dans lesquelles parents et professionnels de la petite enfance partagent leur ressenti, préoccupations et, parfois, leurs grandes souffrances. 

Après un gros travail de vérification et d’investigation, cet appel aboutit à la publication de plusieurs articles réunis dans un dossier spécial consacré au secteur de la petite enfance. Nous dévoilons notamment les bouleversements suscités par la montée en force des crèches privées dans le secteur ces dix dernières années et la course au profit effrénée qu’elle suscite au détriment des conditions d’accueil des enfants.

👊 Impact 

Un an plus tard, les deux auteurs de ces enquêtes, Mathieu Périsse et Daphné Gastaldi, en tirent un livre, Le prix du berceau, paru aux éditions du Seuil. Ils y décrivent les coulisses de ces sociétés pour qui la petite enfance est d’abord une industrie à optimiser. Le débat politique qui s’ensuit les conduira à l’Assemblée nationale pour être auditionnés par les députés dans le cadre d’une commission d’enquête consacrée au « modèle économique des crèches et à la qualité de l’accueil des jeunes enfants au sein de leurs établissements ». En septembre 2024, la publication d’un autre livre enquête sur le sujet, signé du journaliste Victor Castanet, montre que le problème reste entier.

 

LILLE - Les “bébés Coca” : un enjeu de santé public national

Des enfants aux dents gâtées par les boissons sucrées. Publiée en 2022, notre enquête sur les « bébés coca » révélait l’existence de bambins à la dentition abîmée qui désarçonnent les professionnels de santé des Hauts‐de‐France. Un enjeu de santé publique méconnu et jusqu’alors peu pris en compte par les pouvoirs publics.

👊 Impact 

Après la publication de notre article, lu par plus de 60 000 lecteurs, de nombreux médias se sont emparés du sujet, en faisant un sujet de débat national. Les politiques ont embrayé. L’écologiste Karima Delli a par exemple plaidé pour la mise en place d’un véritable dispositif au conseil régional des Hauts‐de‐France. Et la sénatrice du Pas‐de‐Calais, Amel Gacquerre, a posé une question écrite au gouvernement sur les moyens d’endiguer le phénomène. Les réponses n’ont toutefois pas convaincu les professionnels de santé jusqu’ici.

 

LYON - Harcèlement chez Vatel : étudiants en grève et omerta brisée

En mars 2023, Mediacités publie une enquête intitulée « A l’école hôtelière Vatel, omerta et réaction tardive face à des accusations de violences sexistes et sexuelles ». Témoignages et courriers internes à l’appui, Mattéo Tiberghien et Nathan Hallegot révèlent le harcèlement voire les gestes déplacés de deux professeurs du restaurant d’application parisien du groupe lyonnais – autoproclamé numéro 1 mondial de son secteur – à l’endroit de leurs étudiants ou d’anciens étudiants. Leur article documente aussi la gestion de ces enseignants par la direction de Vatel : alertée depuis au moins 2020, celle‐ci les a maintenus en poste.

👊 Impact 

Deux semaines après la publication de notre enquête, une classe de 3e année de Vatel se met en grève. « Votre article a beaucoup tourné parmi les Vatéliens [le nom que se donnent les étudiants du groupe] », nous confie l’un des étudiants mobilisés. Ces derniers réclament des explications officielles de la part de la direction de l’école. Conséquence du mouvement : le restaurant d’application parisien ferme plusieurs jours. La grève s’étend au fil des semaines suivantes jusqu’à une soixantaine d’étudiants qui réclament le départ des professeurs mis en cause. En vain. D’après nos informations, les deux continueraient toujours d’enseigner à Vatel. Ils auraient toutefois mis fin à leurs comportements problématiques.

En parallèle de nos publications, d’autres médias s’emparent du sujet. L’Agence France presse (AFP) publie notamment une dépêche mi‐avril qui reprend et confirme les informations révélées un mois plus tôt dans Mediacités. Alors que l’hôtellerie-restauration était jusqu’à présent restée hermétique à la libération de la parole initiée par le mouvement #MeToo, l’affaire Vatel contribue à briser l’omerta dans ce secteur. En juin dernier, à leur tour, nos confrères de Tribune de Lyon s’intéressent ainsi au phénomène. « Violences en cuisine : la génération qui dit non ! », titre à sa Une le magazine. Point de départ du dossier très complet publié dans ses pages : les révélations du 14 mars 2023 de Mediacités.

 

LILLE - Bizutages : la fac de Médecine de Lille face à ses responsabilités

Au cours des deux dernières années, Mediacités a consacré pas moins de six articles à documenter les soirées d’intégration – autre nom du bizutage -, des étudiants de la faculté de médecine de Lille. Un travail au long cours qui a exploité aussi bien une enquête très poussée d’un lanceur d’alerte détaillant l’organisation des groupes de bizuteurs et leurs pratiques, que des vidéos et des photos interceptées sur les réseaux sociaux ou des documents officiels. Nous avons ainsi pu mettre en évidence le rôle de l’alcoolisation forcée et de l’humiliation lors de ces soirées ainsi que l’omerta, voire la passivité, des autorités universitaires face à ces dérives. 

 

👊 Impact 

Pour prolonger ces révélations, Mediacités a organisé dès octobre 2022 un débat public afin de réfléchir à des solutions. Force a été de constater six mois plus tard que les bizutages continuaient tandis que la faculté de Lille se murait dans le silence en refusant de répondre à nos questions. Nous avons alors dévoilé le contenu de rapports censés rester secrets, dont une enquête de l’inspection générale de l’éducation, du sport et de la recherche (Igesr) particulièrement critique à l’égard de l’Université accusée de pérenniser et d’amplifier les dérives. Cet article a été publié à la veille d’un procès devant déterminer les responsabilités dans la mort d’un étudiant en médecine, percuté par un camion au sortir d’une de ces soirées d’intégration alcoolisées. Sur le banc des inculpés : trois étudiants aux manettes de l’organisation de la soirée. S’appuyant sur le rapport de l’Igesr, la famille de la victime a obtenu le renvoi du procès en février 2025 afin que l’Université soit jugée aux côtés des trois étudiants accusés de « bizutage » et de « complicité de bizutage ».

 

4. Les enquêtes dont on regrette qu’elles n’aient pas produit plus d’impact

Le journalisme est – très – souvent une école d’humilité. On peut passer parfois des jours et des semaines sur un article, y investir son temps et son énergie, sans réussir à produire aucun changement. Cela signifie‐t‐il qu’il ne fallait pas s’intéresser au sujet ? Devons‐nous regretter d’avoir publié ces enquêtes qui n’ont parfois trouvé ni écho, ni lecteurs ? Évidemment non. 

  • En 2024 
Bordeaux : new pediatric emergency department
Bijoux, matériel médical, stupéfiants… Selon notre enquête, le vol est un mal récurrent à l’hôpital. L’institution préfère pourtant garder le silence. Photo d’illustration : Ugo Amez / SIPA

Vols à l’hôpital : le grand silence des pouvoirs publics

Fin 2023, Mediacités publie une enquête sur les vols à l’hôpital, un mal récurrent mais passé sous silence qui plombe pourtant à la fois l’ambiance au travail, la qualité des soins et l’équilibre financier des institutions hospitalières. Pour mener à bien son investigation, Matthieu Slisse s’est notamment appuyé sur les très nombreux témoignages reçus suite à un appel publié sur Mediacités

👊 Impact 

Signe que le sujet intéresse, notre enquête est rapidement reprise par de nombreux médias nationaux : RTL, Le Parisien, France Inter, mais aussi les JT de France 2 et de TF1. Un large écho qui ne suffit pas à faire bouger les institutions. Au moment de l’enquête, c’est tout juste si le ministère de la Santé accepte de nous donner par écrit quelques réponses lacunaires et peu convaincantes. Relancé un an plus tard, il n’a pas donné suite à nos questions. 

Notre appel à témoignages nous a néanmoins permis de faire émerger un autre sujet concernant l’hôpital : celui des erreurs médicamenteuses à l’hôpital. Selon les estimations, elles conduiraient au décès de 55 000 à 130 000 personnes par an. Dans l’indifférence des pouvoirs publics. Un sujet majeur qui a donné lieu à deux nouvelles enquêtes dans nos colonnes.

 

Aide sociale à l’enfance

Ce n’est pas un sujet que Mediacités a découvert cette année. Depuis sa création en 2016, notre journal a enquêté à maintes reprises sur la grande misère de la protection de l’enfance, son manque de moyens et ses dérives. Nous avons poursuivi ce travail en 2024, en dressant, par exemple, un portrait effarant de la situation en Loire‐Atlantique : centres d’urgence surchargés, foyers saturés, familles d’accueil trop rares, manque de travailleurs sociaux… Lors de notre enquête, un millier d’enfants carencés ou violentés étaient en attente de suivi malgré une décision du juge.900 signalements étaient en attente d’évaluation. Un véritable scandale qu’un rapport de la Chambre régionale des Pays de la Loire confirmait quelques mois plus tard.

Si la situation est terrible près de Nantes, elle l’est tout autant dans les autres départements couverts par Mediacités. Et malgré nos enquêtes à répétition, elle ne semble pas devoir connaître d’amélioration dans les mois ou les années qui viennent, sauf mobilisation – imprévue, donc improbable – de pouvoirs publics jusqu’ici impuissants ou indifférents. 

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Je soutiens Mediacités
  • Et avant

LILLE - Le fiasco à 10 millions d’euros du Centre européen des textiles innovants 

Créé en 2012 grâce à 40 millions d’euros issus de l’État, de l’Europe, de la Région Hauts‐de‐France et de la Métropole européenne de Lille, le Centre européen des textiles innovants (Ceti), installé à la frontière de Roubaix et de Tourcoing, ne cesse de perdre de l’argent. A partir d’un rapport de la Cour des comptes, Mediacités s’est penché sur le fiasco de ce projet censé favoriser la renaissance d’un secteur textile autour d’un pôle innovant. Las. La structure abandonne de plus en plus sa mission originelle de recherche pour se concentrer sur de la pré‐production industrielle, dénoncent les magistrats. Et bien que se présentant comme « privée », elle nécessite toujours plus de subventions publiques pour survivre (8 millions d’euros sur la période 2017–2021). Une situation que documente également notre enquête.

👊 Impact 

Malgré ce constat au vitriol, la MEL et la Région ont reconduit leur soutien en 2024 à hauteur de 700 000 euros. Les deux institutions ne voient manifestement aucun mal à ce que le Ceti ait indirectement utilisé leur argent pour devenir actionnaire d’une usine de recyclage de textiles située… à Hendaye ! Mais comme le confie un connaisseur du dossier à Mediacités : « Les collectivités ont mis tellement d’argent depuis le lancement du projet qu’elles ne peuvent plus laisser tomber, ce serait un désaveu. »

 

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Montage photo : Nicolas Barriquand (Mediacités)

NANTES - Rien ne change au Puy du Fou

C’était il y a un an. Pour la première fois de son histoire, Mediacités s’associait au magazine d’investigation de France 2 “Complément d’enquête” pour un numéro intitulé « Les vrais secrets du Puy du Fou ». Dans les colonnes de Mediacités, cette plongée inédite dans les coulisses du parc vendéen se déclinait en quatre volets dont un consacré à l’expansion foncière du parc bâtie à coup d’influence et de dérogations.

👊 Impact 

Malgré le succès du magazine télé (827 000 téléspectateurs le soir même et 245 000 en replay), les petits arrangements du Puy du Fou grâce à ses soutiens politiques historiques ont perduré. Le parc s’apprête à racheter 400 hectares de terres agricoles riveraines. Ce qui pourrait lui permettre de doubler sa surface.

 

LYON - Accidents du travail : la victime du chantier de la Part‐Dieu

En octobre 2020, Mediacités révèle l’accident mortel d’un ouvrier, survenu sur le méga‐chantier du centre commercial de la Part‐Dieu quelques semaines auparavant. Sur la base d’un rapport interne à l’entreprise qui intervenait sur ce chantier, notre article dévoile que les conditions de sécurité n’étaient pas réunies sur le lieu du drame. Quelques temps auparavant, nous avions déjà épinglé les pratiques sociale de GCC, géant du BTP qui a mené les travaux d’agrandissement du centre commercial.

👊 Impact 

Aucun. Rien. Zéro. Aucune reprise, aucune réaction.

 

LILLE - Les failles de la carte scolaire lilloise

Le 11 janvier 2023, Mediacités Lille révélait comment la carte scolaire des collèges publics  de la métropole lilloise aggravait la ségrégation entre établissements, au lieu de la corriger. Grâce à une minutieuse analyse des données de l’Insee, le journaliste‐cartographe Denis Vannier identifiait sept zones où des collèges publics, bien que voisins, accueillaient des élèves aux profils sociaux radicalement différents. 

👊 Impact 

Cette information sur la démission totale du Département du Nord en matière de mixité au collège, n’a fait l’objet d’aucune reprises médiatique, hormis en janvier 2024 sur le site de Rembobine, “le média qui lutte contre l’obsolescence de l’info”.

Aussi, alors que l’élaboration de la carte scolaire relève de sa stricte compétence, le conseil départemental du Nord n’a daigné répondre à aucune de nos sollicitations, et aucune modification notoire de la carte scolaire en ce sens n’a eu lieu depuis. Dans le même temps, les Départements de Haute‐Garonne et de Loire‐Atlantique continuent de mener des actions particulièrement fortes pour favoriser la mixité sociale dans les établissements publics.

 

5. Les enquêtes qui ont produit un résultat indésirable

Parmi tous les articles que nous publions, il en est certains que l’on range dans une catégorie un peu particulière, celle des enquêtes aux conséquences aussi amères qu’inattendues. Parce qu’ils ont entraîné leur lot de complications (au premier rang desquels des procès) ou parce que leur impact n’est pas celui que l’on espérait.

  • En 2024 
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Usine Yara à Montoir‐de‐Bretagne. Photo : Creative Commons

NANTES - Plutôt que cesser de polluer, Yara préfère fermer son usine

Par une enquête publiée en 2018, Mediacités a été le premier média à mettre en lumière les agissements systémiques de l’usine chimique de Montoir‐de‐Bretagne, propriété d’une multinationale norvégienne Yara. Nous dévoilions à l’époque qu’elle rejetait depuis au moins douze ans déjà des effluents d’azote et de phosphore directement dans l’estuaire de la Loire. Et qu’elle ignorait les nombreux rappels à l’ordre de la préfecture et des autorités environnementales.

👊 Impact 

Suite à cette enquête, la mobilisation des associations et le suivi des médias se sont accentués autour de l’usine chimique. Même les élus ont été obligés de monter au créneau.  Acculée de toute part, la société Yara a décidé en octobre 2023 de fermer son usine de fabrication d’engrais de Montoir, plutôt que d’effectuer les réparations nécessaires et de se mettre en conformité avec les normes environnementales. Elle a annoncé « un plan de transformation » de son usine classée Seveso qui prévoit la suppression de 139 des 171 postes. Elle justifie sa décision par une « consommation d’engrais azotés en chute libre à cause de la guerre en Ukraine, l’inflation » et un résultat déficitaire de 40 millions sur ces cinq dernières années ». Un chiffre dérisoire comparé aux 22 milliards d’euros de chiffre d’affaires réalisés en 2022 par le géant de la chimie. Et aux 4,6 milliards d’euros de bénéfices engrangés cette même année.

 

LYON - Révélations sur le promoteur immobilier Alila : procédures en cascade

Golden boy de l’immobilier lyonnais, Hervé Legros, PDG du promoteur Alila, fait l’objet d’une première enquête de Mediacités en février 2023. Alors que l’homme d’affaires est inquiété par une information judiciaire pour harcèlement moral et abus de biens sociaux, nous nous penchons sur les fournisseurs et sous‐traitants non payés et, pour certains, mis en difficultés par le groupe Alila. D’autres révélations sur Mediacités suivront, quelques semaines tard, concernant le management problématique d’Hervé Legros et les soupçons d’abus de biens sociaux. 

👊 Impact 

C’est peu dire qu’Hervé Legros n’a pas apprécié nos deux premières enquêtes sur l’envers de son business. Avec son groupe, il nous attaque coup sur coup pour « diffamation ». Une troisième procédure suivra, quelques mois plus tard, après la publication dans nos pages d’une brève sur des démêlés fiscaux du patron, une information révélée par nos confrères de L’Informé. Soit, donc, trois procès, synonymes d’une débauche de temps, d’énergie et d’argent pour un média comme le nôtre. Trois procès‐bâillons dont on se serait bien passés. Nous avons définitivement gagné les deux premiers (en première instance et en appel). Et le dernier, gagné en première instance, et en cours d’appel. 

Enfin, le 25 octobre dernier, le tribunal de commerce de Lyon prononce la liquidation judiciaire de la filiale de gestion du groupe d’Hervé Legros. Arrivée au sommet en se spécialisant dans la production de logement pour des bailleurs sociaux, l’entreprise est tombée en moins de deux ans, sur fond de retournement du marché immobilier et d’affaires judiciaires visant son patron.

 

LYON - Virés de la soirée électorale du RN 

« Vous êtes Mediacités ? Vous sortez. » Publier des enquêtes peut aussi conduire à être blacklisté, surtout lorsqu’elles portent sur l’extrême droite. Notre journaliste Mathieu Périsse en a fait l’expérience en juillet dernier au soir du second tour des élections législatives. Venu couvrir la soirée électorale organisée par le parti au domicile d’un militant du RN à Saint‐Priest – et avec l’accord de ce dernier – il a été mis à la porte dès l’arrivée de Tiffany Joncour, la patronne du RN du Rhône, et de son bras droit Tim Bouzon.

À l’origine de cette expulsion, un article publié quelques jours plus tôt sur les liens avec la mouvance identitaire de deux candidats de l’extrême droite (Tiffany Joncour et Patrick Louis, candidat dans le Beaujolais). Ces révélations n’ont pas empêché Tiffany Joncour de devenir député de la 13e circonscription du Rhône. Pas plus que notre éviction de cette soirée électorale n’aura stoppé les enquêtes de Mediacités sur ce sujet : fin octobre, nous avons ainsi révélé que la nouvelle parlementaire Tiffany Joncour était mariée à une figure historique des identitaires lyonnais.

TOULOUSE - Une lanceuse d’alerte poursuivie 

Est‐ce de la faute de Mediacités ? Toujours est‐il qu’après la publication de nos articles sur les maltraitances au sein de l’Ehpad l’Ecuyer, à Toulouse, le groupe DomusVi, dont dépend cet établissement, s’en est pris à la lanceuse d’alerte. Fille d’un résident malmené par le personnel, Juliette Loore a dénoncé le scandale grâce à des enregistrements sonores clandestins. 

👊 Impact 

DomusVi l’a attaquée en justice en février pour exiger qu’elle leur remette les enregistrements, puis, en mai, pour lui retirer le mandat de protection future que son père lui avait confié, l’autorisant à prendre des décisions en son nom. Dans les deux cas, les requêtes ont été rejetées.

 

  • Et avant
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Gilles Freyer, vice‐doyen de la faculté Lyon Sud. Image : capture France 2.

LYON - Faculté de médecine Lyon Sud : l’affaire Freyer

En mai 2019, Mediacités révèle, enregistrements à l’appui, le contenu de cours dispensés par Gilles Freyer, cancérologue reconnu, à la faculté de médecine de Lyon Sud, dont il est le vice‐doyen. Devant des amphithéâtre bondés, le médecin brocarde la lutte contre l’homophobie ou le racisme, tient des propos misogynes ou encore nie le scandale du Mediator, sans que sa hiérarchie ne s’en émeuve.

👊 Impact 

L’Association nationale des étudiants en médecine de France (ANEMF) s’empare de nos révélations et publie un communiqué dénonçant « les propos intolérables du vice‐doyen de Lyon Sud ». La ministre de l’Enseignement supérieur de l’époque, Frédérique Vidal, réagit et diligente une enquête de l’inspection générale de son ministère. En parallèle et en interne, Carole Burillon, la doyenne de Lyon Sud, défend bec et ongles son collègue Gilles Freyer. L’inspection générale rendra son rapport quelques mois plus tard en enterrant « l’affaire Freyer », moyennant quelques recommandations de prudence au professeur qui soutenait devant ses étudiants que « les races humaines existent ». Problème : les deux auteurs du rapport ont consacré une partie de leur mission à enquêter sur… la journaliste de Mediacités, Béatrice Kammerer, passant à la loupe son CV, ses précédentes publications ou son projet de thèse, sans jamais avoir cherché à contacter notre collaboratrice. Plus tard, Gilles Freyer publiera un livre resté confidentiel et intitulé Dénoncer et bannir, l’obscurantisme progressiste pour régler ses comptes.

 


Lire aussi nos rapport d’impacts à Lille, Lyon, Nantes et Toulouse

  • L’impact des enquêtes de Mediacités à Toulouse en 2024
  • L’impact des enquêtes de Mediacités à Lyon en 2024 (à paraître le 6 novembre)
  • L’impact des enquêtes de Mediacités à Nantes en 2024 (à paraître le 7 novembre)
  • L’impact des enquêtes de Mediacités à Lille en 2024 (à paraître le 8 novembre)
  • et tous nos rapports d’impact des années précédentes

 

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Par La rédaction de Mediacités

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