« Le maire ne reculera pas ? Nous non plus » : Florian Vertriest, le Roubaisien qui résiste aux démolitions à l’Alma

À l’arrêt depuis sept mois après avoir été la cible de violences, le très contesté chantier de rénovation urbaine de l’Alma à Roubaix, qui prévoit la démolition de près de 500 logements, a repris début novembre. Patrouilles de police sur les toits, palissade en béton et surveillance permanente : l’Etat et la mairie assument de passer en force… Au risque de l’embrasement, alors que l’opposition citoyenne menée par Florian Vertriest poursuit le combat.

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Florian Vertriest, 30 ans, est le porte-parole et leader de la résistance des habitants de l’Alma-Gare aux 486 démolitions prévues dans le cadre d’un vaste programme de renouvellement urbain. Ici, il se tient devant ce qu’il nomme le “mur de la honte”, une palissade en béton érigée fin novembre 2023 afin de protéger les ouvriers travaillant sur le chantier. Photo : Matthieu Slisse / Mediacités

Les mains enfoncées dans les poches de son anorak bleu, le regard sombre et le pas lent, Florian Vertriest arpente les rues de son quartier, l’Alma, tout près de la gare de Roubaix. En pleine rénovation urbaine, la cité ouvrière de briques rouges est devenue, au fil des mois, une citadelle assiégée.

Elle est le théâtre de « la lutte urbaine la plus importante depuis vingt ans », selon le politiste spécialiste des quartiers populaires Julien Talpin. Le symbole, scruté depuis les quatre coins de la France, du dialogue impossible entre ceux qui décident de transformer un quartier… et ceux qui y vivent.

L’an passé, une longue palissade de béton haute de 2,5 mètres a été installée pour protéger les ouvriers sur le premier chantier de démolition, au n°165 de la rue de l’Alma. Les travaux ont été suspendus pendant sept mois après plusieurs épisodes de violences envers des ouvriers ainsi que d’importantes dégradations de matériel.
Surveillance policière XXL
Depuis le 4 novembre, la répression s’est intensifiée afin de permettre au chantier de reprendre. Mobilisés par dizaines, des policiers, des CRS et des équipages de la BAC (brigade anticriminalité) quadrillent vingt‐quatre heures sur vingt‐quatre les rues du quartier.

Certains agents sont postés sur les toits, quand d’autres patrouillent dans les coursives ou guettent aux fenêtres des appartements. Le 7 novembre, sitôt la nuit tombée, plus d’une dizaine de camions de CRS ont pénétré dans le quartier pour se garer en file indienne, comme pour un jour de grande manifestation. L’un des axes principaux du quartier, la rue Archimède, est depuis coupée à la circulation.

« Tous les matins, on se réveille en se demandant s’il y a eu un problème sur le chantier pendant la nuit. C’est terrorisant », confiait il y a un an à Mediacités Maxime Bitter, le directeur général de Lille Métropole Habitat (LMH). À nouveau sollicité pour cet article, le bailleur social et propriétaire du premier immeuble à démolir reste, cette fois, silencieux. Tout comme 3F Notre Logis, l’autre grand bailleur du quartier, lui aussi concerné par des destructions de logements, pas encore mises en œuvre.

Un projet que la mairie refuse de remanier
La démonstration de force a le mérite de clarifier les discours : l’Etat et le maire (divers droite) de Roubaix, Guillaume Delbar, sont déterminés à (re)lancer le programme de renouvellement urbain validé dès 2020 par toutes les parties prenantes.
Projet verrouillé
Après une période de concertation menée par la mairie de Roubaix, la Métropole européenne de Lille et les bailleurs sociaux (LMH, Vilogia, et 3F) dès décembre 2017, le projet de rénovation urbaine de l’Alma a été validé par l’Agence nationale de …

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Par Matthieu Slisse

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