« T u ne vas pas semer là‐dedans tout de même ! » Tous les dimanches, Bernard Ader, agriculteur à Aurignac, en Haute‐Garonne, a le droit aux mêmes remarques de son père. Depuis 35 ans, ce céréalier ne laboure plus ses terres. « C’était une étape très énergivore, qui renforçait l’érosion. Je voulais arrêter ce saccage et éviter la fuite de minéraux dans le sol », explique celui qui est aussi président du Conseil national pour la résilience Alimentaire, une association qui réunit les acteurs engagés sur le sujet.
Petit à petit, lui et ses deux associés se sont donc mis donc à l’agriculture dite de « conservation » pour entretenir leurs cent hectares de terres. « On se lance pas là‐dedans à la petite semaine. Être un bon chauffeur de tracteur ne suffit pas. Il faut être un bon agronome. C’est vraiment du cousu main et tout se passe au moment du semi. Il faut connaître sa météo, ses parcelles… »
L’agriculture de conservation est basée sur trois piliers : l’arrêt du labour pour ne pas perturber les sols, la couverture permanente de la terre avec des végétaux et la rotation des cultures. Aujourd’hui, Bernard Ader se félicite d’avoir choisi cette stratégie qui lui « évite un travail fastidieux » et diminue en parallèle ses besoins en main‐d’œuvre.
À cela s’ajoute les économies d’achat et d’entretien des tracteurs, et sur le carburant : « un système de labour nous demande 70 litres de carburant par hectare, alors qu’aujourd’hui, en semi direct, on est plutôt sur du 10 …