Sélection de la rédaction et articles plébiscités : le « best of 2024 » de Mediacités Lyon

Avant une nouvelle année d'enquêtes et de révélations, notre rédaction vous propose un coup d'œil sur nos publications des 12 derniers mois, à travers un florilège de nos articles et quelques secrets de fabrication.

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L'usine Arkéma, la députée RN Tiffany Joncour, la bibliothèque de la Part-Dieu, le pharmacien hospitalier Bruno Charpiat et des agents de Veolia. Montage : Mediacités.

On aurait pu vous proposer un quiz (Malgré son départ de la présidence, Laurent Wauquiez est‐il toujours le patron de la région Auvergne‐Rhône‐Alpes ? a) Oui, il tient encore les rênes grâce à son statut de « conseiller spécial » ; b) ah bon, il n’est plus président de la Région ? ; c) C’est qui le Monsieur désormais en photo à côté de Laurent Wauquiez ?). On a préféré vous préparer un best of.

Choix de la rédaction et choix des lecteurs : en cette période de fêtes, Mediacités vous propose de découvrir ou redécouvrir 10 publications marquantes de l’année 2024 (et même un peu plus…). Les cinq premières ont été choisies par nos journalistes de façon totalement arbitraire selon des critères tout aussi arbitraires. Les cinq suivantes sont les articles qui ont généré le plus d’audience au cours des douze derniers mois. Bonnes lectures !

LA SÉLECTION DE LA RÉDACTION

1/ L’enquête qui vous a emmené le plus loin

Qui a dit que l’investigation locale se limitait au coin de la rue ? Collaborateur régulier de Mediacités, le journaliste Hugo Coignard s’est plongé dans le dossier des PFAS, ces « polluants éternels » qui ont durablement contaminé l’environnement au sud de Lyon, autour de la vallée de la chimie. Dans ses recherches sur l’industriel Arkema, implanté à Pierre‐Bénite et très fortement soupçonné d’être le principal responsable du scandale des PFAS, il a retrouvé la trace du chimiste dans le Michigan et le New Jersey.

Dans ces deux états des Etats‐Unis, Arkema a exploité des usines qui ont, elles aussi, pollué les sols et les cours d’eau. Outre‐Atlantique, malgré la mobilisation de riverains et d’élus, malgré une assignation en justice des autorités publiques, malgré les actions entreprises par l’Agence américaine de protection de l’environnement, l’industriel français a rechigné pendant des années – des décennies – à financer la dépollution des sites. Sous la menace d’une condamnation, il a finalement consenti à débloquer 100 millions d’euros sur le dossier du New Jersey en mai dernier.

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L’ex‐usine Arkema, désormais site du chimiste belge Solvay à West Deptford (New Jersey) – Image : Google Earth.

Alors que l’État français comme les collectivités (métropole de Lyon en tête) s’interrogent sur le coût de la dépollution de l’eau potable – pour rappel, 148 000 habitants boivent une eau du robinet contaminée aux PFAS dans le département du Rhône – notre enquête sur le passif américain d’Arkema éclaire le débat autour de la question « Qui doit payer ? ».

Arkema : de Pierre‐Bénite aux États‐Unis, la stratégie bien rodée du pollueur‐non‐payeur

Bonus

Un dossier d’une nature bien différente nous aura aussi fait voyager. Depuis février 2023, et les premières révélations de notre partenaire Mediapart sur des prises de positions déroutantes de l’ancien député lyonnais Hubert Julien‐Laferrière, nous avons suivi les déboires de l’ex-parlementaire, aujourd’hui mis en examen pour corruption. Ceux‐ci passent par le Qatar – où « HJL » avait effectué un séjour en 2022 payé par une organisation du régime de Doha, comme nous l’avions révélé – et le Kazakhstan. Dans le récit que nous avions consacré à la chute de l’ancien protégé de Gérard Collomb, un temps écologiste, nous effectuions aussi des détours par l’Équateur ou la Roumanie.

Hubert Julien‐Laferrière, député « nonchalant » devenu embarrassant

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2/ L’enquête qui nous a donné du fil à retordre

Comme tout le monde, nous avons été surpris par la dissolution inopinée d’Emmanuel Macron. Dans le Rhône, la décision du président de la République a porté à l’Assemblée nationale deux députés d’extrême droite : les RN Tiffany Joncour et Jonathan Gery. La première, élue dans la 13e circonscription qui couvre une partie de l’Est lyonnais, a beau diriger la fédération départementale du Rassemblement national et avoir tenté sa chance aux législatives par deux fois auparavant, elle restait, jusqu’à juin dernier, une relative inconnue sur la scène politique locale.

Assez vite, reviennent à nos oreilles le bruit selon lequel la nouvelle parlementaire serait mariée à une ancienne figure de la mouvance identitaire lyonnaise. Une rumeur à ce stade, qui plus est de l’ordre de la vie privé a priori. Nous y prêtons toutefois attention. D’une part parce que, comme l’avait relevé StreetPress, des militants issus de mouvements radicaux, dont un ancien membre des Remparts, ont prêté main forte à la candidate de la 13e circonscription pendant la campagne électorale. D’autre part parce que le mari présumé n’est pas n’importe qui : animateur avec d’autres du groupuscule Rebeyne, branche du Bloc identitaire, au début des années 2010, Maxime Gaucher a été condamné à 18 mois de prison avec sursis en première instance, en 2013, pour des violences contre une photographe et des policiers.

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La députée RN Tiffany Joncour lors des élections législatives de 2024. Photo : N.Barriquand/Mediacités.

Cette union ne fait pas de la nouvelle députée une identitaire. Mais la révéler bat en brèche la fable d’une frontière étanche entre le RN et l’extrême droite radicale que Marine Le Pen et ses lieutenants distillent à longueur d’interviews. Dans le Rhône, Tiffany Joncour incarne justement cette stratégie de « normalisation » dont le parti use dans sa conquête du pouvoir. En cela, l’information de son mariage nous a paru d’intérêt public. Encore fallait‐il la prouver…

« Vous pouvez l’enregistrer dans vos contacts en ajoutant “Ne pas répondre” »

Demander confirmation à la parlementaire ? Tiffany Joncour a black‐listé Mediacités. Le soir du second tour des élections législatives, elle a fait expulser notre journaliste Mathieu Périsse de la soirée du Rassemblement national, à Saint‐Priest. « Vous êtes Mediacités, vous sortez. Les médias militants qui nous crachent dessus ne sont pas les bienvenus », avait alors ordonné son collaborateur Tim Bouzon. Une référence à de précédentes révélations. Depuis, elle a aussi fait passer la consigne, via une boucle WhatsApp interne au RN, de boycotter Mathieu Périsse, en diffusant son numéro de téléphone : « Voici les coordonnées du journaliste en question (…). Vous pouvez l’enregistrer dans vos contacts en ajoutant “Ne pas répondre”. »

N’ayant pas, par ailleurs, le contact de Maxime Gaucher, nous nous tournons alors vers… l’administration. Renseignements pris, l’extrait d’un acte de mariage sans filiation (sans les noms des parents des mariés) peut être communiqué à toute personne qui en fait la demande « sans avoir à la justifier ». Mais à quelle commune s’adresser ? Dans nos recherches, nous avons retrouvé l’année du mariage des Joncour‐Gaucher et une adresse liée au couple à la même époque, dans une petite ville au sud de l’agglomération lyonnaise.

Extrait d’acte de… naissance

Nous voilà donc à l’accueil de cette mairie où nous apprenons à l’officier d’état civil qu’il est bien possible d’obtenir un acte de mariage, sans filiation donc, même si nous n’avons aucun lien de parenté avec les intéressés. L’agent passe un coup de téléphone pour vérifier la légalité de notre demande, farfouille dans ses dossiers et son ordinateur. En vain : la députée ne s’est pas mariée dans cette commune. Mais notre escapade n’aura pas été totalement vaine : notre interlocuteur nous apprend que les extraits d’acte de naissance comportent mention d’éventuels mariages.

De retour à la rédaction, nous demandons à la mairie de l’arrondissement de Lyon où est née Tiffany Joncour un extrait d’acte de naissance, toujours sans filiation, via un formulaire en ligne. Le document administratif arrivera par La Poste quelques jours plus tard, avec la confirmation du fameux mariage dont nous ferons état dans l’article ci‐dessous. Le journalisme d’enquête s’apparente parfois à un jeu de piste.

Extrême droite : les accointances identitaires de la députée RN Tiffany Joncour

3/ Le portrait qui nous a scotché 

La persévérance faite homme. Au printemps, le journaliste de Mediacités Matthieu Slisse fait la connaissance d’un certain Bruno Charpiat, pharmacien hospitalier aux Hospices civils de Lyon (HCL). Le praticien a contacté Matthieu après la publication d’une enquête sur les vols à l’hôpital. Il l’alerte sur un autre fléau méconnu : les erreurs médicamenteuses en milieu hospitalier, mortelles dans certains cas et estimées entre 55 000 et 130 000 par an.

Notre journaliste part à la rencontre de Bruno Charpiat, à l’hôpital de la Croix‐Rousse. Blouse blanche, traits tirés mais détermination intacte, le pharmacien de 64 ans lui livre le récit du « combat de [s]a vie ». « Jusqu’ici, je l’ai perdu », ajoute‐t‐il. Opiniâtre, le professionnel recense depuis 1989 les erreurs médicamenteuses (problèmes d’étiquetage, de conditionnement, de prescription ou d’administration) de son établissement. En interne, il tente, avec d’autres, de faire évoluer les pratiques et de sensibiliser la direction des HCL à cet enjeu sanitaire. En vain.

Bruno Charpiat / HCL
Bruno Charpiat, 64 ans, exerce depuis trente‐cinq ans comme pharmacien à l’hôpital de la Croix‐Rousse à Lyon. Photo : Matthieu Slisse / Mediacités

« Dans les hôpitaux, des patients meurent tous les jours des suites d’une erreur, déplore Bruno Charpiat dans le portrait que nous lui avons consacré. Ce n’est pas la faute des soignants, qui font ce qu’ils peuvent dans des conditions dégradées. Le principal coupable, c’est le défaut d’organisation. »

« À l’hôpital, des patients meurent tous les jours par erreur » : le cri d’alarme d’un pharmacien des Hospices civils de Lyon

4/ L’enquête qui fait changer le regard

À quoi servent les bibliothèques ? À permettre au plus grand nombre d’avoir accès à la lecture, à organiser des événements culturels, à emprunter des livres. Mais pas que. En février dernier, pour Mediacités, la journaliste Morgane Remy a raconté dans un reportage au long cours une autre facette de la « BM » de Lyon.

Sans domicile fixe, jeunes migrants non accompagnés : chaque jour d’ouverture, nombre de personnes sans ressources viennent trouver refuge dans le vaisseau amiral du réseau des bibliothèques municipales, au cœur de la Part‐Dieu. « Nous restons le dernier endroit couvert accueillant du quartier » pour les plus précaires, selon une agente historique de l’établissement.

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L’une des entrées de la bibliothèque municipale de la Part‐Dieu, la « BM » pour les intimes. Photo : M.Remy.

Trouver un refuge, un peu de répit, mais aussi la possibilité de se fondre dans la masse des usagers et de bouquiner « comme tout le monde », comme le raconte notre article. C’est le cas de Bernard, 72 ans, chassé de son logement depuis un an quand Morgane le rencontre ; de Cécile, 48 ans, elle aussi en galère de logement ; ou encore de Diakiti, 16 ans, jeune Ivoirien qui dormait à l’époque dans un gymnase et venait chaque jour à la bibliothèque faire ses devoirs. « Quand je m’assois à cette table, je suis presque un étudiant comme un autre », nous avait‐il alors confié. 

La « BM », dernier refuge des plus précaires dans un quartier de la Part‐Dieu en chantier

Bonus

« Merci Mediacités pour ce portrait honnête sur les richesses et les difficultés de notre quartier des États‐Unis, les espoirs et les inquiétudes qui traversent ses habitants aussi. » Le commentaire a été laissé au bas de l’article par un de nos lecteurs. En octobre dernier, Oriane Mollaret et Moran Kerinec brossent le portrait – en texte et en images – des États‐Unis, secteur emblématique du 8e arrondissement de Lyon. Loin des caricatures et des polémiques, au fil de leurs nombreuses rencontres, les deux journalistes racontent avec justesse les métamorphoses à l’œuvre aux « États ». Leur enquête s’inscrit dans une longue tradition de notre journal : celle des « portraits de quartier ». Une série garantie sans clichés.

« Un quartier qui peut faire peur au premier abord » : à Lyon, la discrète transformation des États‐Unis

5/ L’enquête qui a eu un impact immédiat

La décision n’a pas traîné… Début septembre, nous publions une enquête du journaliste Paul Poirot sur une association de l’EM Lyon, Ligne de Mire, qui enregistre et diffuse des images parfois humiliantes ou dégradantes de la vie étudiante de l’école de commerce. La « tradition » dure depuis plus de trente ans ! Deux petites semaines après notre parution, la direction de l’EM annonce avoir suspendu « définitivement » les activités de Ligne de Mire.

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Devant le nouveau campus de l’EM Lyon, dans le 7e arrondissement de Lyon. Photo : N.Barriquand/Mediacités.

Notre premier article, à retrouver ci‐dessous, ne faisait pas que dévoiler l’existence de vidéos pour certaines à connotation sexuelle et/ou enregistrées sans forcément le consentement des personnes concernées. Elle détaillait le système mis en place par cette association, avec la nomination, chaque année, d’un « maître des archives », gardien des rushs amassés depuis les années 1990. « L2M peut arrêter des carrières », nous avait confié un étudiant de l’EM Lyon.

Humiliations et scènes de sexe : à l’EM Lyon, les vidéos indignes d’une association étudiante

Bonus

Début novembre, comme chaque année, Mediacités a passé en revue les conséquences de nos publications dans notre « rapport d’impact ». Vous y retrouverez les suites de nos révélations sur l’EM Lyon, mais aussi celles de nos enquêtes sur le promoteur immobilier Alila, sur un marché public du Grand Lyon, sur les accusations de harcèlement d’un professeur du conservatoire de musique de Lyon ou encore sur le scandale des eaux minérales du groupe Alma.

EM Lyon, Alila, PFAS, Laurent Wauquiez… le rapport d’impact 2024 de Mediacités Lyon

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Depuis huit ans, Mediacités propose un journalisme d’investigation sur les pouvoirs locaux et ses enquêtes ont de l’impact dans les villes. Mais aujourd’hui notre existence est menacée. Aidez la rédaction et ses journalistes à passer ce cap en vous abonnant ou en effectuant un don (défiscalisable).

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LES ARTICLES LES PLUS LUS

6/ Quand la région de Laurent Wauquiez s’entête

Et le gagnant est… Au cours des 12 derniers mois, c’est l’article ci‐dessous, consacré à notre interminable parcours du combattant pour obtenir les notes de frais de Laurent Wauquiez (quand il était président de la région Auvergne‐Rhône‐Alpes), qui a suscité le plus d’audience parmi nos publications lyonnaises. Signe que la transparence de nos élus – ou leur manque de transparence en l’occurrence – ne vous laisse pas indifférents. A coup sûr, on vous reparlera de ce dossier en 2025, puisque le parcours du combattant n’est pas terminé.

Notes de frais de Laurent Wauquiez : la Région porte l’affaire devant le Conseil d’Etat

7/ Laurent Wauquiez bis

Ce n’est pas une obsession, mais presque… Le deuxième article que vous avez le plus plébiscité concerne encore Laurent Wauquiez et plus précisément son départ (officiel, là aussi on vous en reparlera en 2025) de la présidence du conseil régional d’Auvergne‐Rhône‐Alpes. Dans ce décryptage, nous faisions le tour des successeurs pressentis et – autant le dire tout de suite – celui finalement choisi par le patron des députés LR, le Savoyard Fabrice Pannekoucke, ne faisait pas partie des « quatre noms en balance ». Comme tous nos confrères et autres commentateurs, ainsi que bon nombre de vice‐présidents de la Région eux‐mêmes, nous n’avions pas vu venir cette « surprise du chef ».

Pour remplacer Laurent Wauquiez à la Région, quatre noms en balance

8/ Histoire d’eau

Il n’est jamais inutile de se plonger dans les petites lignes des contrats et autres rapports. Pour Mediacités, la journaliste Isabelle Jarjaille s’en est fait une spécialité. Exemple en mars dernier, quand elle a découvert les 7 millions d’euros de dividendes que s’est attribués le géant Veolia sur la gestion de l’eau potable du Grand Lyon, juste avant que la Métropole ne reprenne cette mission en régie publique. C’est le troisième article de Mediacités Lyon le plus consulté en 2024.

Eau du Grand Lyon : Veolia est parti avec la caisse

9/ Laurent Wauquiez ter

Décidément… Depuis nos premières révélations en 2022 sur un marché public truqué au Puy‐en‐Velay, nous nous penchons régulièrement sur la gestion du fief électoral de Laurent Wauquiez (il fut le maire de la préfecture de Haute‐Loire de 2008 à 2016). Cette fois‐ci, la journaliste Blandine Flipo s’est plus particulièrement intéressée à Emmanuel Boyer, homme de l’ombre de l’ex‐président de Région, au cœur d’une enquête du Parquet national financier.

Affaires du Puy‐en‐Velay : un proche de Laurent Wauquiez dans le viseur du Parquet national financier

10/ Où l’on reparle des PFAS

On savait que les PFAS avaient contaminé l’eau, la terre, l’air ou le même lait maternel. En mars dernier, une enquête des journalistes Lucas Martin‐Brodzicki et Hugo Coignard révèle qu’on en retrouve aussi dans des boues de la station d’épuration de Givors, épandues sur des cultures de la région lyonnaise. Plusieurs mois plus tard, nous publierons en exclusivité les résultats d’analyse de la terre de deux parcelles agricoles concernées par ces épandages. Ils confirment la présence de « polluants éternels » mais pas dans des proportions inquiétantes

Scandale des PFAS : des boues contaminées épandues sur plus de 1 100 hectares de cultures de l’Est lyonnais

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Temps de lecture : 10 minutes

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Par Nicolas Barriquand