A Roubaix, le maire persiste et signe : les démolitions de l’Alma auront bien lieu

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Temps de lecture : 3 minutes

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Par Eden Sakhi-Momen

Une brèche s’était entrouverte. Mais malgré des négociations avec les forces d’opposition mobilisées contre les démolitions du quartier emblématique de la lutte contre la politique de rénovation urbaine, elles sont définitivement actées.

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«Delbar et Lazzaro [respectivement le maire et l’adjoint à la mairie de Roubaix chargé de la rénovation urbaine], c’est un peu Trump et Vance de Roubaix ! » Le socialiste Michel David, conseiller municipal de l’opposition, change de ton sur la rénovation urbaine à l’Alma. L’élu roubaisien qui était engagé dans une négociation avec la municipalité afin d’amender le projet de requalification du quartier (dans le cadre d’un programme de l’ANRU) a publié un post Facebook cinglant pour dire tout le mal qu’il pense des dernières annonces de Guillaume Delbar (Ensemble!) à ce sujet. 

Le 26 mars, la mairie a réuni le Comité des engagés, instance de concertation créée pour discuter avec des acteurs et habitants du quartier. Cet espace de discussion – dans lequel les invités sont choisis par la ville – était censé trouver des compromis pour pousser la municipalité à revoir sa copie sur l’Alma. Mais les annonces de Guillaume Delbar ont douché les espoirs des partisans d’une réhabilitation des 486 logements promis à la démolition dans le périmètre de l’ANRU.

Une reconstruction partiellement prévue

D’après le post publié sur le compte Facebook personnel du maire, le sort des bâtiments emblématiques de l’Alma gérés par le bailleur social 3F Notre Logis est acté. Ils seront bien démolis, comme l’a toujours souhaité le maire qui maintient en fait sa position initiale. À la place des logements détruits, le bailleur s’est finalement dit favorable à la reconstruction de logements neufs, adaptés aux normes environnementales, sans en préciser le nombre. L’enjeu est d’introduire davantage de mixité sociale en rendant le quartier moins dense, ce qui implique de toute façon moins de logements reconstruits que détruits.

Démolitions à l’Alma : Guillaume Delbar rouvre le dialogue… à ses conditions

La mairie qui souhaitait installer une plaine sportive à cet endroit va donc la relocaliser un peu plus loin, sur une friche industrielle. Et décide finalement par la même occasion de réhabiliter la salle de sport actuelle plutôt que la détruire pour proposer plus d’activités dans le quartier.

«  Ce crime contre le patrimoine, pour reprendre un slogan qu’on voit désormais fleurir sur les murs de la ville de Roubaix, s’accompagne de pratiques plus que douteuses »

Métropole Label.le

« Nous exigeons la publication du rapport justifiant la démolition », poursuit l’opposant socialiste Michel David dans son post Facebook. Dans un communiqué acerbe, l’association de défense du patrimoine de la métropole lilloise Métropole Label.le fustige elle aussi ces annonces, et ajoute que « ce crime contre le patrimoine, pour reprendre un slogan qu’on voit désormais fleurir sur les murs de la ville de Roubaix, s’accompagne de pratiques plus que douteuses », citant l’absence de réponse répétée de la mairie, l’appel « disproportionné » à la force publique pour sécuriser le chantier et une concertation limitée à des partenaires choisis par les élus. Le maire de Roubaix a réussi semble‐t‐il à braquer l’ensemble des opposants au projet, y compris les plus modérés.

« Le projet de l’Alma a dix ans, c’est normal qu’on l’actualise »

« Notre objectif était de convertir certaines démolitions en réhabilitations en renégociant avec l’Agence nationale de rénovation urbaine (ANRU). Le projet de l’Alma a dix ans, c’est normal qu’on l’actualise, expose Michel David à Mediacités. Mais le maire est extrêmement buté. Il a toujours refusé de toucher aux démolitions. » Le socialiste regrette notamment que l’ANRU mette beaucoup plus d’argent sur la table pour supporter les démolitions plutôt que les réhabilitations.

[EN IMAGES] Un premier bâtiment totalement démoli dans le quartier de l’Alma à Roubaix

Le cabinet du maire estime que « la réhabilitation n’est pas envisageable au regard de l’étude, faite par le bailleur, sur les contraintes bâtimentaires. En effet, l’élément qui justifiait le maintien de ce bâtiment était son architecture extérieure ; cela signifiait donc que sa réhabilitation en matière d’isolation aurait dû se faire de l’intérieur. Les surfaces corrigées, après travaux, auraient été insuffisantes au regard des normes à respecter (par exemple les chambres n’auraient plus eu 9 mètres carrés de surface, mais moins).»

L’opposition, bien remontée, demande à ce qu’une mission flash indépendante soit lancée sur la question. « Désormais, nous mènerons un combat total, citoyen, politique, médiatique et judiciaire, préviennent les socialistes. À l’exclusion bien sûr de toute forme de violence. » Plusieurs actions administratives ou judiciaires sont d’ailleurs toujours en cours. Après un conseil municipal houleux en octobre qui avait débouché sur l’ouverture de négociations, celui du 24 avril promet d’être lui aussi animé. A un an des élections municipales, le dossier de l’Alma est plus inflammable que jamais.

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