A première vue, rien de suspect dans cet espace boisé de cinq hectares de la commune de Dardilly, à l’ouest de l’A6… Et pourtant ! Ici, sont enfouis, depuis plus de quarante ans, 100 millions de litres de déchets toxiques. Des fûts bourrés de benzène, dioxine, zinc et autre cadmium enterrés entre cinq et quinze mètres de profondeur et qui menacent à tout moment, sous l’effet de l’usure et des infiltrations, de contaminer la nappe phréatique de Lyon. Les bidons ont été entassés à partir de 1975 dans la décharge du Bouquis, considérée comme la deuxième plus dangereuse de France après celle de Montchanin, en Saône‐et‐Loire.
Il y aurait là, selon la Direction régionale de l’environnement, de l’aménagement et du logement (Dreal), entre 200 000 et 300 000 mètres cubes enfouis dans le sol. Jusqu’à 500 000 selon l’association Dardilly Environnement… « Les produits autorisés à être déversés, dérivés de la pétro‐chimie, arrivaient le jour. La nuit, on voyait des camions, dont certains étrangers, se débarrasser de substances interdites dans la décharge », se souvient son président Michel Gaucher. Suite aux plaintes des riverains, le préfet du Rhône avait fini par ordonner la fermeture de cette poubelle géante en 1980. Mais, trente‐huit ans plus tard, le problème reste entier. « C’est une bombe à retardement », résume Michel Gaucher.
La décharge du Bouquis n’est pas un cas isolé. Mediacités s’est plongé dans « Basol », une base de données publiques du ministère de l’Environnement qui recense partout en France les sites pollués ou anciennement pollués. Sur le territoire du Grand Lyon, au terme d’un travail de fourmi, nous en avons recensé 145. Certains font ou ont fait l’objet de travaux de dépollution. D’autres sont « en attente de diagnostic ». Dans cet inventaire, on trouve de tout : dépôt sauvage de déchets, cuves de fioul ou d’huiles enterrées, produits de décapage de toutes natures…