A Ramonville, les forçats du clavier du groupe Tessi

Dans l’entreprise Tessi C2I Production, contrôlée par quelques unes des plus grandes fortunes françaises, une centaine de femmes entassées dans un open space saisissent des chiffres à longueur de journée pour le compte de mutuelles ou de caisses de retraite. Payées au smic, les trois quarts d’entre elles n’ont droit qu’à des contrats précaires.

dessin entreprise tessi
Illustration : Jean-Paul Van Der Elst.

Des longs chiffres, des longs chiffres, toujours des longs chiffres… Le travail de saisie informatique effectué par le personnel de Tessi C2I Production fait penser au Poinçonneur des Lilas de Gainsbourg. Dans l’open space de l’avenue de l’Europe, à Ramonville – Saint‐Agne, les cent quinze salariées alignent sept heures par jour sur leur ordinateur des 3021846651047 ou parfois des 8075525166449… Il s’agit de saisir des données chiffrées pour des mutuelles ou caisses de retraite, clientes de Tessi. « Et chaque minute compte », dit Isabelle qui a englouti des milliers et des milliers de ces interminables combinaisons : des numéros de sécurité sociale, des numéros de contrats, le nombre de mois travaillés pour le calcul des retraites… 

Celles qui accomplissent cette tâche, après deux jours de formation, sont appelées opératrices polyvalentes. Chacune a devant elle deux écrans : sur celui de gauche les informations fournies par l’entreprise cliente ; sur celui de droite un tableau Excel qu’il faut remplir avec ces mêmes informations. Non, on ne peut pas faire de copier‐coller. Car il ne s’agit pas seulement de recopier les chiffres mais aussi de les vérifier. « Un travail pénible », soupire Julie. « Un travail bête et méchant », renchérit Sarah. « Quand je finissais ma journée, j’étais lessivée », ajoute Isabelle.
De très nombreuses smicardes mères célibataires
Toutes les trois ont effectué un CDD …

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Par Bruno Vincens

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