Brigitte Sebbah est chercheuse au LERASS (Laboratoire d’études et de recherches appliquées en sciences sociales), à l’université Toulouse Paul Sabatier. Avec Natacha Souillard, Lucie Loubères, Julie Renard, Laurent Thiong‐Kay et Nikos Smyrnaios, chercheurs toulousains, elle analyse le mouvement des Gilets Jaunes à partir de très nombreuses données récoltées sur les réseaux sociaux.
Le mouvement des Gilets Jaunes s’essouffle-t-il vraiment, comme le répètent de nombreux médias ?
Il y a moins de gens qui se rendent en manifestation. La répression policière a restreint le cadre des mobilisations du samedi. Mais nos analyses des réseaux sociaux montrent que le mouvement ne s’est pas essoufflé. Le nombre de contributions ne faiblit pas. Dès le départ, les réseaux sociaux ont joué un rôle important puisqu’ils ont permis aux Gilets Jaunes de se donner rendez‐vous sur des lieux d’actions. Le changement d’algorithme réalisé par Facebook en janvier 2018, favorisant les relations entre internautes et groupes au détriment des médias, a joué un rôle important : cette nouvelle puissance de mise en réseau a structuré le mouvement. Depuis, ces réseaux ont fait émerger des contre‐récits politiques et médiatiques, mais aussi une forte convivialité entre les participants, souvent sous‐estimée. Elle ne s’amenuise pas : sur les réseaux sociaux, les Gilets Jaunes continuent à échanger, partager, se politiser.
Aujourd’hui, le dynamisme des troupes reste énorme et les Gilets Jaunes réfléchissent à de nouveaux modes d’action comme le porte à porte. Ils ont conscience qu …