Le pavé a été lancé dans la mare le 16 juin, au détour d’un entretien accordé au Journal du Dimanche. L’hebdomadaire nous explique que « le sujet mis sur la table par la ministre de la Justice, Nicole Belloubet, est audacieux » : la garde des sceaux envisage de retirer l’injure et la diffamation de la loi de 1881 sur la liberté de la presse, afin que ces délits relèvent du droit commun. Audacieux ? Chez Mediacités, on aurait plutôt dit « gravissime ». Faire entrer l’injure et la diffamation dans le droit commun, c’est affaiblir notre profession : aujourd’hui, les journalistes peuvent témoigner de leur bonne foi et du sérieux de leur enquête devant une chambre spécifique, composée de magistrats spécialisés dans le droit de la presse.
Après le vote d’une loi sur le secret des affaires susceptible d’empêcher toute révélation dans le domaine économique, après les violences policières subies par les journalistes lors de manifestation de gilets jaunes, après les convocations à la pelle de journalistes par la Direction générale de la sécurité intérieure, cette annonce confirme l’idée que, pour le gouvernement, la liberté d’informer ne justifie pas des protections particulières. Et qu’il faut, d’urgence, abolir ces horribles privilèges. Quelle drôle de priorité ! Sauf qu’elle ne fait absolument pas rire.
La liberté de penser et d exprimer notre pensée est en danger en France quand des gens décident de comment nous devons penser, écrire et parler. Ceci dit la loi doit être identique pour tout le monde et appliquée de la même façon par des juges indépendants. Même au pays des libertés la diffamation doit être punie pour les journalistes aussi. Je sais je suis un rêveur. L humain même français n’est pas parfait.