Il est 9 h, ce matin‐là, dans une pâtisserie d’un quartier sud de Toulouse. Derrière le comptoir, entre deux clients, Eshan, trentenaire aux yeux clairs, jette un regard à l’écran de son ordinateur. « Je passe mes journées sur le site de la Préfecture en espérant voir un rendez‐vous de libre apparaître, ma compagne fait exactement la même chose derrière le sien, elle se réveille même la nuit pour aller sur le site », raconte‐t‐il, amer. A chacune de ces tentatives, le même message apparaît : « Il n’existe plus de plage horaire libre pour votre demande de rendez‐vous. Veuillez recommencer ultérieurement ». Avec quelques variantes, comme le fréquent message d’erreur « 502 Bad Gateway ».
Eshan connaît ce refrain depuis deux ans. « Je suis arrivé en France il y a 10 ans, je suis réfugié politique et je ne peux pas rentrer en Turquie », explique‐t‐il dans un français parfait. La nationalité française ? Eshan la voudrait parce qu’aujourd’hui il se « sent français, vit comme un français » et surtout pour sa fille de 4 ans, apatride, scolarisée à Toulouse, et dont les premiers mots ont été « préfecture » et « rendez‐vous ». « C’est devenu quelque chose d’obsessionnel, on a toujours peur de passer à côté d’un rendez‐vous », lâche t‑il.
Pour mettre toutes les chances de son côté, Eshan a rejoint quelques uns des forums et groupes sur les réseaux sociaux où de nombreux étrangers cherchent à obtenir le fameux sésame partagent tuyaux et encouragements. Sur le groupe Facebook RDV naturalisation préfecture Toulouse on trouve ainsi le conseil de Naïma : « Il paraît que pour avoir le plus de chances, il faut se connecter le week‐end vers 6h du matin ».
Quasi absence de rendez‐vous
La situation d’Eshan n’est pas une surprise pour la Cimade. Depuis 2016, l’association de soutien aux migrants et r …