La salle est bondée, beaucoup ont dû rester debout. Quelque 80 visages aux traits fatigués, la plupart d’origine africaine, sont tendus vers des instructeurs bénévoles déclinant les sigles à connaître : OFFII, OFPRA, CNDA, GUDA, CAF, CCAS, etc. Où comment s’y retrouver dans la jungle administrative française…« Et savez vous ce que veulent dire nos trois lettres AMI ? », interroge Sylla, instructeur guinéen lui‐même bénéficiaire, traduit en arabe par son voisin (alors que dans une autre salle, autant de monde suit la même présentation en anglais). Comme tous les jeudis après‐midi, dans les locaux de l’association accompagnement migrant intégration (AMI), le cours d’instruction civique rassemble une foule de demandeurs d’asile et de réfugiés. Il faut dire que ces séances sont obligatoires pour les adhérents de l’AMI, conformément au « contrat personnalisé d’aide à l’intégration dans la société française » qu’ils ont signé, les engageant aussi à suivre des cours de français. Les présents sont listés. Les absents risquent l’exclusion du programme d’accompagnement.
La cinquantaine dynamique, le port droit, lunettes sur le nez, robe fleurie et mocassins verts, la directrice de l’AMI, Catherine Libault, se fraye soudain un chemin pour interpeller l’assemblée : « qui a le statut de réfugié et n’a aucun rendez‐vous prévu dans les semaines à venir ? J’ai un travail pour lui à partir de lundi ! Je ne prendrai qu’un adhérent assidu et motivé ! ». Sa voix s’élève au dessus du brouhaha : « un peu d’attention pour nous qui sommes là pour vous aider à trouver des contrats, c’est ça aussi le respect ! » A la sortie du cours « d’intégration » comme il l’appelle, Mohamed Yosufi est aux anges : « c’est moi qui vais partir récolter des légumes. Mon premier travail en France ! ». En attendant de pouvoir devenir mécanicien, ce réfugié Afghan de 22 ans, en France depuis 2018 et sous protection depuis janvier dernier, se réjouit de mettre enfin le pied à l’étrier.
Montée en puissance
Depuis 2006, l’AMI, ses deux salariés et sa trentaine de bénévoles, agissent pour trouver du travail aux exilés de l’agglomération nantaise. « Nous avons commencé par envoyer des groupes cueillir le muguet, les pommes ou faire les vendanges. Pour ces campagnes « historiques », les besoins en main d’œuvre sont tels que la préfecture accorde des autorisations de travail dérogatoires
Droit du travail
Les personnes sous protection de la France (ayant obtenu de l’OFPRA un statut de réfugié ou une protection subsidiaire) ont un titre de séjour qui leur permet …