Ouverture, emménagement, procédure judiciaire, attente, expulsion… Ouverture, emménagement, procédure judiciaire, etc., etc. Inlassablement, d’un squat à l’autre, les mêmes étapes s’enchaînent. La même histoire se répète. C’est ce qu’illustre le travail du photographe Antoine Merlet que Mediacités publie ici. Pendant six mois, le journaliste s’est rendu régulièrement dans ces immeubles ou anciens établissements scolaires reconvertis en abri de fortune pour des migrants en procédure de demande d’asile ou en transit dans l’agglomération lyonnaise.
I – Juin 2019, la Maison Mandela – Occupation
Villeurbanne, rue Bourgchanin. Depuis début 2018, plusieurs familles de migrants ont élu domicile dans cet immeuble rebaptisé « la Maison Mandela ». Une cinquantaine de personnes en tout. Toutes ou presque survivaient jusqu’alors dans un immense campement à proximité de la Part‐Dieu, « l’esplanade Mandela ». Le bâtiment appartient à la Métropole de Lyon.
La plupart sont Albanais, comme ces grands‐parents et leur petit‐fils. Chaque famille – souvent trois générations – occupe un appartement entier. « Les parents, présents dans la pièce, ne souhaitaient pas être photographiés », se souvient Antoine Merlet.
« Malgré le bon accueil qu’on me réserve, chaque cliché fait l’objet d’une négociation pour éviter de mettre quiconque en danger. En général, les parents acceptent plus facilement que je photographie les enfants car leurs visages vont changer », ajoute‐t‐il. Ils sont nombreux à la Maison Mandela, tous scolarisés. Le collectif Agir migrants qui a « ouvert » le squat cherchait un lieu mieux adapté aux familles que l’Amphi Z [lire plus bas] où logent en majorité des hommes seuls.
Dans cette famille serbe, l’heure est aux valises. « Ils repartaient le lendemain de ma visite pour la Serbie, raconte Antoine Merlet. Dépités. » La grand‐mère avait vécu et travaillé en France toute sa vie, et, après un retour dans son pays, avait l’espoir de toucher sa retraite en revenant ici. En vain.
Pendant des mois, les militants qui apportent leur aide aux occupants de la Maison Mandela réclament des bennes à ordures à la ville de Villeurbanne et à la Métropole pour les déchets de l’immeuble. Les détritus s’entassent à l’extérieur, le long de la bâtisse. « Toutes nos demandes restent lettres mortes », écrivent‐ils. « Ne pas ramasser les ordures, cela attire les rats, accrédite l’idée que le squat est sale et au final justifie l’expulsion », s’exaspère un membre d’Agir migrants.
II – Juillet 2019, Valmy – Ouverture
Lyon, 9e arrondissement, quartier de Valmy. Sur les bords de Saône, à la jonction des …