Aéroport de Toulouse privatisé : le scandale rebondit avec Eiffage

L’Autorité de la concurrence a autorisé le groupe Eiffage à racheter la participation de 49,9 % de la société chinoise Casil dans la société gestionnaire de l’aéroport de Toulouse-Blagnac. Selon nos informations, l’État a secrètement reconduit le pacte d’actionnaires, permettant au vendeur de faire une plus-value et à l’acquéreur de détenir tous les pouvoirs.

Aeroport toulouse
L'aéroport de Toulouse-Blagnac /© Gyrostat (Wikimedia, CC-BY-SA 4.0)

Décidément, la privatisation de la société Aéroport de Toulouse‐Blagnac (ATB), organisée par Emmanuel Macron du temps où il était ministre de l’économie, n’est qu’une suite ininterrompue de scandales. Et le dernier épisode en date n’est pas des moindres. L’Autorité de la concurrence vient d’autoriser le groupe Eiffage à racheter la participation de 49,9 % de la société chinoise Casil dans ATB. Et d’après nos informations, l’État a secrètement reconduit le pacte d’actionnaires qu’il avait conclu initialement avec Casil, qui va maintenant jouer au profit du groupe de concessions et de travaux publics Eiffage. Ce qui permet au vendeur de faire une immense plus‐value au détriment de l’intérêt général et à l’acquéreur de détenir tous les pouvoirs de la société, alors qu’il n’est qu’un actionnaire minoritaire.

L’opération symbolise jusqu’à la caricature tous les défauts des privatisations des biens publics pilotées par Emmanuel Macron, d’abord comme ministre de l’économie, ensuite comme chef de l’État. Affairisme, spéculations, mensonges publics, pactes secrets avec les puissances d’argent, mépris de l’intérêt général : l’histoire de cette opération financière conduite au détriment des collectivités locales et des citoyens montre une réalité qu’il faut bien appeler par son nom, le capitalisme de l’ombre.

C’est l’Autorité de la concurrence qui est à l’origine de ce nouveau rebondissement. Le Conseil d’État a en effet récemment validé la privatisation d’ATB, annulant un arrêt strictement opposé rendu le 16 avril dernier par la cour administrative d’appel, laquelle avait annulé la privatisation au motif que la procédure n’avait pas été régulière. 

Du même coup, le groupe Eiffage qui avait fait une offre de reprise à la société chinoise Casil pour lui racheter les 49,9 % qu’elle détient dans ATB, mais à la condition suspensive que la justice valide la privatisation, a maintenu sa proposition de rachat. C’est donc celle‐ci que l’Autorité de la concurrence a examinée et à laquelle elle a donné, ce jeudi 12 décembre, son feu vert.

Par un communiqué de presse, l’Autorité de la concurrence « a autorisé le rachat » et dit ne pas avoir « identifié de problèmes de concurrence susceptibles de survenir à l’issue de l’opération ».

Laissons de côté pour l’instant ce dernier constat – qui paraît pour le moins discutable. Et arrêtons‐nous d’abord sur le détail de l’opération. Ainsi donc, le groupe de concession et de travaux publics Eiffage obtient le feu vert pour acquérir les 49,9 % d’ATB, les autres actionnaires étant l’État (10,1%), la Région, le département et la ville de Toulouse …

Nous vous offrons l’accès à cet article

Et à toutes nos enquêtes pendant deux jours  !
Oui, on est généreux 😉 Mais pensez aussi à vous abonner  !

En renseignant votre adresse, vous acceptez nos conditions générales d’utilisation.
Mediacités s’engage à ne pas céder votre adresse à des tiers. En cas d’échec, écrivez à contact@mediacites.fr
  • J’accède aux 4 éditions de Mediacités (Lille, Lyon, Nantes et Toulouse)
  • Je découvre un média 100 % indépendant, avec 0 % de publicité

Attention, journal en danger !

Depuis huit ans, Mediacités propose un journalisme d’investigation sur les pouvoirs locaux et ses enquêtes ont de l’impact dans les villes. Aujourd’hui notre existence est menacée.
Soutenez la rédaction, ses journalistes et la démocratie locale :

Je soutiens Mediacités

  • en vous abonnant (69 € par an ou 7,90 € par mois, résiliable à tout moment et facilement) pour lire toutes les enquêtes
  • en effectuant un don (défiscalisable à 66%) pour soutenir le travail et assurer la survie d’un journal local indépendant, sans pub et à impact.

Publié le

Modifié le

Temps de lecture : 9 minutes

Favorite

Par Laurent Mauduit et Mediapart

Attention : journal en danger !
Soutenez Mediacités !

Depuis bientôt huit ans, notre journal d’investigation propose des enquêtes sur les pouvoirs locaux dans les grandes métropoles. À Lille, Lyon, Nantes et Toulouse, des dizaines de journalistes publient en toute indépendance des informations inédites qui nourrissent le débat public et produisent de l’impact.
Aujourd’hui, notre campagne de financement participatif a dépassé 75% de l’objectif. Aidez-nous à atteindre les 100% d'ici au 31 décembre !
On vous explique tout ici :

Comment soutenir Mediacités ?

D’ici au 31 décembre, chaque coup de pouce compte !

Ceci fermera dans 25 secondes