Décidément, la privatisation de la société Aéroport de Toulouse‐Blagnac (ATB), organisée par Emmanuel Macron du temps où il était ministre de l’économie, n’est qu’une suite ininterrompue de scandales. Et le dernier épisode en date n’est pas des moindres. L’Autorité de la concurrence vient d’autoriser le groupe Eiffage à racheter la participation de 49,9 % de la société chinoise Casil dans ATB. Et d’après nos informations, l’État a secrètement reconduit le pacte d’actionnaires qu’il avait conclu initialement avec Casil, qui va maintenant jouer au profit du groupe de concessions et de travaux publics Eiffage. Ce qui permet au vendeur de faire une immense plus‐value au détriment de l’intérêt général et à l’acquéreur de détenir tous les pouvoirs de la société, alors qu’il n’est qu’un actionnaire minoritaire.
L’opération symbolise jusqu’à la caricature tous les défauts des privatisations des biens publics pilotées par Emmanuel Macron, d’abord comme ministre de l’économie, ensuite comme chef de l’État. Affairisme, spéculations, mensonges publics, pactes secrets avec les puissances d’argent, mépris de l’intérêt général : l’histoire de cette opération financière conduite au détriment des collectivités locales et des citoyens montre une réalité qu’il faut bien appeler par son nom, le capitalisme de l’ombre.
C’est l’Autorité de la concurrence qui est à l’origine de ce nouveau rebondissement. Le Conseil d’État a en effet récemment validé la privatisation d’ATB, annulant un arrêt strictement opposé rendu le 16 avril dernier par la cour administrative d’appel, laquelle avait annulé la privatisation au motif que la procédure n’avait pas été régulière.
Du même coup, le groupe Eiffage qui avait fait une offre de reprise à la société chinoise Casil pour lui racheter les 49,9 % qu’elle détient dans ATB, mais à la condition suspensive que la justice valide la privatisation, a maintenu sa proposition de rachat. C’est donc celle‐ci que l’Autorité de la concurrence a examinée et à laquelle elle a donné, ce jeudi 12 décembre, son feu vert.
Par un communiqué de presse, l’Autorité de la concurrence « a autorisé le rachat » et dit ne pas avoir « identifié de problèmes de concurrence susceptibles de survenir à l’issue de l’opération ».
Laissons de côté pour l’instant ce dernier constat – qui paraît pour le moins discutable. Et arrêtons‐nous d’abord sur le détail de l’opération. Ainsi donc, le groupe de concession et de travaux publics Eiffage obtient le feu vert pour acquérir les 49,9 % d’ATB, les autres actionnaires étant l’État (10,1%), la Région, le département et la ville de Toulouse …