« Construire ensemble un futur désirable » pour l’aéroport Toulouse‐Blagnac et les territoires qui l’entourent : c’était l’objectif d’une ambitieuse consultation lancée par l’ancien préfet Étienne Guyot en décembre 2021. État, collectivités, entreprises et société civile, cet atelier grand format a réuni les représentants d’une trentaine d’acteurs locaux pendant un an et demi. Durant trois sessions de discussions en mars, octobre et décembre 2022, ils ont réalisé un diagnostic, réfléchi et finalisé une stratégie.
La restitution de leurs travaux a été présentée le 7 juin à la préfecture de Haute‐Garonne. Trois ambitions déclinées en douze objectifs (voir l’encadré en bas de page) doivent permettre de « faire de la place aéroportuaire » toulousaine « un territoire d’innovation environnemental », de « l’intégrer dans les territoires voisins », le tout en encourageant le « développement économique durable ». Tout un programme.
Pour porter la voix de la société civile, le CCNAAT (représentant les riverains de l’aéroport), l’Union des comités de quartiers toulousains (UCQT), France Nature environnement (FNE) Occitanie et le collectif Pensons l’aéronautique pour demain (PAD) ont participé aux discussions. Alors que ces associations doivent décider si elles signeront le pacte « gagnant gagnant » proposé par la préfecture en guise de conclusion, Pascal Gassiot, l’un des porte‐parole du PAD revient pour Mediacités sur ces longs mois d’échanges. Il regrette la difficulté de la majorité des acteurs à envisager l’éventualité d’une décroissance du trafic aérien.
Le PAD est un collectif récent qui regroupe une dizaine d’acteurs de la société civile à Toulouse. Vous aviez organisé des assises de l’aérien en 2021. Comment vous êtes‐vous retrouvés intégrés aux discussions sur l’avenir de la zone aéroportuaire ?
Quand nous avons appris que le préfet Étienne Guyot lançait cette consultation, nous lui avons écrit pour lui demander d’y participer. Il nous a répondu assez rapidement en nous donnant son accord. Au fil des discussions, nous avons établi une position commune avec le CCNAAT, l’UCQT et la FNE Occitanie et nous avons beaucoup insisté sur les hypothèses alternatives de développement du trafic aérien, ainsi que sur l’impact des nuisances sonores et de la pollution sur la santé des riverains et l’environnement.
Comment se sont passés les échanges ?
Au début, on entendait des discours convenus pas très intéressants, mais finalement je pense qu’on a progressé dans la compréhension des enjeux des uns et des autres. On a pu dire ce qu’on voulait. On ne s’est pas sentis bloqué, même si on avait parfois l’impression de « pisser dans un violon ».
Nos déclarations ont pu provoquer des réactions éruptives. J’ai par exemple évoqué la société Aéroport Toulouse‐Blagnac en disant qu’une entreprise capitaliste en avait chassé une autre quand Eiffage a remplacé les Chinois de Casil et, qu’en fait, rien n’avait changé. À ce moment‐là, le représentant de la CCI a sauté au plafond parce que j’avais parlé de système capitaliste.