Avec ce premier article, c’est une expérience exceptionnelle à laquelle Mediacités vous propose de participer. Exceptionnelle par sa durée, d’abord. Pendant au moins un an, nous vous proposerons de plonger dans le quotidien des habitants de La Boissière, un quartier du nord de Nantes en pleine rénovation urbaine. A raison d’un article par mois, que vous retrouverez sur une page spécialement dédiée à l’opération, nous vous décrirons les bouleversements engendrés par ce chantier hors du commun. Exceptionnelle dans sa forme ensuite, à la croisée des chemins entre l’enquête sociologique et le récit journalistique. Immergées à La Boissière depuis plus d’un an, Frédérique Letourneux et Elvire Bornand, deux sociologues nantaises menant un travail ethnographique dont elles tirent notamment le podcast La Bonne cage, ont accepté de prendre la plume en plus de leur micro pour raconter ce quartier et ce chantier. Exceptionnelle, enfin, par ce que permettent à la fois cette durée et ce regard singulier : une plongée inédite et détaillée dans la vie d’un secteur populaire de Nantes, par delà les clichés généralement véhiculés sur ce type de quartier. Les jeunes, les vieux, les commerçants… Ceux qui travaillent et ceux qui ne travaillent pas… Les trafics et les solidarités… Le logement et les lieux de sociabilité… Chaque article sera l’occasion de décrire un pan de la vie à La Boissière, où la banalité du quotidien sera bientôt secouée par les travaux. B.P.
La Boissière : un quartier populaire en chantier
Épisode 1 : En attendant Noël et les travaux
Gisèle se souvient. Quand elle est arrivée à la Boissière en 1959, elle habitait « un véritable taudis sans eau courante, ni sanitaires ». Annette, elle, avait dit à l’office HLM « tout sauf la Boissière ». C’est pourtant là qu’elle a débarqué en 1961. Quant à Madeleine, elle se remémore qu’elle et son mari ne voulaient en aucun cas venir habiter dans ce quartier « très mal côté », même s’ils étaient mal logés au centre‐ville (1). Si l’on a encore accès aujourd’hui à ces témoignages, c’est grâce à