« Avec 95 communes, notre métropole est celle qui, après le Grand Paris, en compte le plus grand nombre. Une métropole qui est composée d’un tissu urbain dense, mais dont la moitié des villes compte moins de 5 000 habitants. Une métropole qui est aussi la plus agricole de France. » Le dernier conseil métropolitain de l’année 2021 touche à sa fin en cette soirée du 17 décembre, et Hélène Moeneclaey, vice-présidente de la Métropole européenne de Lille (MEL) en charge de la gouvernance et des territoires, démarre son exposé. Ce qu’elle présente, ce sont les « contrats de projets », descendants des contrats de co-développement que la MEL a déjà mis en place lors du mandat précédent. L’objectif affiché : s’adapter à une métropole « plurielle » pour pouvoir concrétiser ses ambitions.
Pour comprendre ce qui se cache derrière ce terme un peu vague, jetons un œil aux quelque 1 308 projets répartis dans les 850 pages qui constituent ces contrats de projets. Le dossier est divisé en huit parties : une pour chaque territoire constituant la métropole européenne de Lille.
On y découvre, en préambule, une explication un peu plus complète. L’ambition est de « partager une vision consolidée de l’ensemble des projets du territoire, à toutes les échelles : communale, territoriale, intercommunale et métropolitaine ». Plus concrètement, tous les grands projets de la MEL sont décortiqués pour permettre une articulation entre chaque territoire.
Du projet au concret
Au nord de la métropole, par exemple, dix-huit communes sont engagées dans le projet du
parc paysager de l’Arc Nord. L’objectif est de développer la trame verte et bleue, de préserver les zones agricoles et de créer des chemins permettant l’accessibilité des espaces verts aux promeneurs. Pour le mettre en place, il s’agit donc de s’adapter aux
compétences et aux envies de chaque commune. À Verlinghem par exemple, l’aménagement du bois et de ses abords est prévu dans la programmation budgétaire de la MEL. À Prémesques, c’est la base de loisirs qui devrait être rénovée.
C’est aussi au nord de la métropole qu’une nouvelle ligne de tramway, qui permettrait notamment de relier Wambrechies à Lille-Europe, devrait voir le jour. En tout, deux lignes supplémentaires sont à l’étude. Elles relieraient Roncq à Hem ou encore Hallennes-lez-Haubourdin à Seclin. Si le projet prend du retard - les travaux ont peu de chance de commencer avant 2026,
malgré une récente subvention de 120 millions d’euros de la part de l’État - les communes s’organisent en prévision de l’arrivée de cette nouvelle ligne. « Le projet de tramway Lille-Loos-Haubourdin, dans le cadre du Schéma directeur des infrastructures de transport (SDIT) devrait renforcer considérablement l’attractivité de la commune [de Hallennes-lez-Haubourdin], explique par exemple le document. Des accompagnements seront à prévoir avec des aménagements cyclables, du stationnement et des rabattages en transport collectif. »
Le développement des aménagements cyclables constitue justement l’une des promesses du président de la métropole lilloise, que nous avons répertoriée dans
notre application Radar. Le conseil métropolitain du 17 décembre a d’ailleurs validé
une enveloppe de 15 millions d’euros pour le maintien et le développement des pistes cyclables - sur un total de 100 millions d’ici à la fin du mandat. Pour faire face au développement de la pratique du vélo, boostée par la crise sanitaire, les aménagements cyclables se sont multipliés dans l’ensemble des villes françaises. Et la MEL n’y a pas échappé. Ainsi, la ville de Mouvaux a demandé à implanter une station V’Lille au carrefour des 3 Suisses. Même son de cloche à Faches-Thumesnil, qui souhaite installer des stations de vélos en libre-service pour réaliser un maillage avec le « pôle mairie » de la commune et le CHR.
Un outil de travail en évolution
Certes les idées sont listées mais les contrats de projets ne répertorient ni le budget ni le calendrier des différentes propositions. La feuille de route n’est d’ailleurs pas tout à fait aboutie. Elle ne le sera jamais véritablement, car ce document a été créé pour évoluer dans le temps, au fil des plans stratégiques votés au fil du mandat. Les projets sont listés en fonction de leur degré de maturité : « action identifiée au sein de la programmation budgétaire de la MEL », « action en cours d’instruction ou à l’étude » et « demande communale ».
« L’inscription des projets ou demandes ne présage pas de leur faisabilité technique et juridique et notamment de leur compatibilité avec les documents d’urbanisme en vigueur et leurs évolutions futures », précise aussi le dossier. En bref, il s’agit plus d’un outil de travail qu’un vrai plan d’actions. Pour avoir un bilan complet, il faudra attendre 2026 et la publication d’un compte-rendu, comme
celui déjà réalisé lors du mandat précédent. De quoi faciliter notre suivi des promesses des élus locaux.