Des geôles aux interrogatoires en passant par les interventions visant surtout à satisfaire la communication politique, l’enquête du journaliste Mikael Corre auprès des policiers roubaisiens décrit avec force détails une police qui « n’est pas là pour faire baisser la délinquance, mais pour la contenir ».
En janvier 2022, La Croix Hebdo publiait un numéro spécial titré “Au commissariat, un an au cœur de la police”. Ce récit de 40 pages du journaliste Mikael Corre était le fruit d’une longue immersion au sein du commissariat central de Roubaix et nous en avions rédigé une synthèse. Plus d’un an plus tard, cette même enquête vient de paraître en livre et en version augmentée sous le titre “Le Central”. Roubaix y est raconté dans un style sobre, sans esthétisation de la misère. De même, le travail de la police y est soigneusement autopsié, sans emphase, sans zoom sur des affaires sordides.
« Les policiers ont souvent tendance à mesurer leur efficacité aux grandes affaires qu’ils résolvent (homicide, etc.) ou à la quantité de drogue qu’ils saisissent écrit Mikael Corre. Or, pour ce travail, j’ai choisi de ne m’intéresser qu’aux plus petites affaires, apparemment anodines ou insignifiantes. (…) Je ne voulais pas faire du commissariat un décor, comme c’est souvent le cas dans les séries. »