En septembre dernier, la chambre régionale des comptes signait un rapport sévère sur le Ceti, Centre européen des textiles innovants, une structure qui accumule les pertes et dont l'utilité interroge. Cette situation ne semble pourtant pas remettre en cause le soutien de la MEL à l'association... Le vote d'une nouvelle subvention pour 2024 est en effet à l'ordre du jour du conseil métropolitain de vendredi.
La délibération à l’ordre du jour du conseil métropolitain du 9 février prochain pose la question du bon usage de l’argent public. La MEL s’apprête à voter un « soutien au programme d’actions 2024 » du Ceti, le Centre européen des textiles innovants, fleuron nordiste installé depuis dix ans sur la zone de l’Union, à la croisée de Tourcoing, Roubaix et Wattrelos. En septembre 2023, la chambre régionale des comptes s’interrogeait en effet – dans un rapport que Mediacités a déjà analysé – sur l’utilité de ce centre : alors qu’il devait se concentrer sur la recherche privée pour s’autofinancer, il n’a jamais trouvé son équilibre économique et fait figure de gouffre à subventions publiques.
« L’avenir de l’association semble menacé, à brève échéance, si elle ne parvient pas à trouver un modèle économique viable et moins dépendant de financements publics, quitte à faire évoluer son objet, ses activités et sa forme juridique », indiquait le rapport au sujet de cette structure pour laquelle l’État, l’Union européenne, la MEL et la Région ont déboursé plus de 40 millions d’euros à sa création, locaux flambants neufs et machinerie de pointe à la clef.
Les errances du Ceti, fleuron nordiste des textiles innovants et gouffre à subventions
10 millions d’euros de pertes entre 2017 et 2021
En dix ans d’existence, le bilan du Ceti apparaît ainsi particulièrement mitigé. Sur la période 2017–2021, le cumul des pertes d’exploitation avoisine les 10 millions d’euros… et ce, malgré l’apport dans le même temps de près de 8 millions d’euros de subventions de fonctionnement ! Le nouveau soutien – s’il était voté par la MEL au cours du prochain conseil – pourrait bien alimenter un puits sans fond.
Et pour cause ! Le Ceti a entamé ses dernières années un virage en dehors de la recherche, qui est pourtant son objet initial. La principale activité de l’association est aujourd’hui la fabrication de produits en petites séries, le temps pour les entreprises partenaires de « tester un marché et d’acquérir une expérience industrielle ». D’autre part, le Ceti a co‐fondé en décembre 2021 une entreprise au capital partagé… avec une école du pays basque. Cette structure est située à Hendaye, à près de 1 000 kilomètres de Tourcoing. La chambre régionale des comptes a pointé dans son rapport une « structure privée, potentiellement concurrente et sans lien avec le territoire des Hauts‐de‐France (…) qui paraît porter atteinte aux intérêts du Ceti et de ses financeurs ».
Sollicitée par Mediacités, la MEL n’a pas souhaité préciser le montant de cette subvention de fonctionnement ni commenter son bienfondé. Pourquoi une si grande indulgence à l’égard de cette structure pour laquelle de nombreux voyants sont au rouge ?
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