L’affaire avait donné lieu à une enquête de Mediacités en juillet dernier. Le verdict est tombé le 15 janvier. Le généraliste mis en cause par des patientes écope d’une peine de quatre ans de prison dont trois avec sursis et d’une interdiction définitive d’exercer. Il va faire appel de la décision.
Elle a longtemps hésité à porter plainte car elle pensait qu’« il était intouchable ». Clémence*, une patiente du docteur B*, médecin généraliste à Wattrelos, a pourtant été entendue par la justice. Et avec elle les six autres patientes qui étaient également parties civiles. Le 15 janvier dernier, le tribunal judiciaire de Lille a en effet condamné le docteur B* pour des agressions sexuelles commises à leur encontre entre janvier 2020 et octobre 2023.
Sévérité du verdict
Le praticien écope de quatre an de prison dont trois ans avec sursis et un ferme sous forme de détention à domicile avec un bracelet électronique. Surtout, comme l’espérait Clémence*, il a interdiction définitive d’exercer sa profession avec inscription au Fichier judiciaire automatisé des auteurs d’infractions sexuelles ou violentes (FIJAIS). S’y ajoutent des versements de 3000 euros à chacune des victimes présentes au procès, au titre du préjudice moral.
Mediacités avait rencontré Clémence dans le cadre d’une enquête publiée en juillet dernier qui mettait en évidence la fréquente lenteur des procédures judiciaires dans les cas de VSS imputées à des médecins et l’absence de coordination avec le conseil de l’Ordre. Prévu pour se dérouler normalement en avril dernier, le procès avait été repoussé en décembre, prolongeant la crainte de Clémence* que face à un médecin, « il n’y ait pas de grosse condamnation ». Un crainte démentie par la lourdeur du verdict, comme on l’a vu. Celui‐ci confirme le chef « d’agression sexuelle par personne abusant de l’autorité que lui confère sa fonction ».
Propos malaisants et gestes déplacés
Les plaignantes ont évoqué à l’audience des propos « malaisants » et des gestes déplacés qui n’ont « aucune justification médicale », comme la palpation des seins, une claque sur les fesses ou un doigt glissé dans la culotte, selon le récit des débats fait par La Voix du Nord. De son côté, le médecin a justifié chacun de ses gestes, en arguant ne « pas vouloir passer à côté de quelque chose » et en assurant que ses patientes les avaient « mal interprétés », a encore relevé le quotidien régional. Mais sans convaincre le président du tribunal qui l’a été en revanche « par les témoignages des plaignantes qui décrivent toutes le même mode opératoire ».
Contactée par Mediacités, l’avocate du médecin, Me Alice Cohen‐Sabban, indique que son client va faire appel de ce jugement. Il avait été placé avant le procès sous contrôle judiciaire avec interdiction d’exercer ses fonctions de médecin traitant et obligation de se soumettre à un suivi psychologique et addictologique. Il suivait une formation pour devenir médecin régulateur au Samu.
* Les noms ont été changés
Aucun commentaire pour l'instant