[CARTES/GRAPH’] En partenariat avec Mediacités, les étudiant·e·s du master “Datajournalisme et enquête” du CFJ et de Sciences Po Lyon se sont penché·e·s sur l’évolution des prix de l'immobilier dans la Métropole de Lyon depuis les précédentes élections municipales (2014). En un mandat, le prix du mètre carré a augmenté en moyenne de 17%.
Le seuil symbolique a été franchi. Début février, à la Croix‐Rousse, un studio de neuf mètres carrés a été proposé à la vente à 95 000 euros, soit plus de 10.000 euros le mètre carré. Le montant reste exceptionnel, mais la tendance est réelle : fin janvier le prix moyen de l’immobilier à Lyon a franchi pour la première fois les 5600 euros le mètre carré. En pleine période électorale, le montant exorbitant du studio croix‐roussien a aussitôt engendré son lot de réactions politiques. David Kimelfeld, le président de la Métropole et candidat macroniste dissident, s’est indigné en dégainant son slogan déjà scandé auparavant : il ne sera pas « le président des 10 000 euros le mètre carré ».
Résultat : plusieurs candidats à la Métropole ou aux municipales ont inclus dans leurs programmes des mesures pour freiner cette explosion des prix : encadrement des loyers, développement de l’office foncier solidaire, construction massive de logements sociaux… Il y a urgence à agir, préviennent‐ils. Le phénomène ne date pourtant pas d’hier.
Une hausse de 500 euros du mètre carré en cinq ans
D’après le site zimmoa.fr, un site compilant les données sur les prix des transactions immobilières fournies par data.gouv.fr, plateforme de données publiques de l’Etat, la tendance dans la Métropole est à la hausse, avec une augmentation de plus de 17% depuis 2014, année des précédentes élections municipales. Les chiffres récoltés regroupent les prix au mètre carré à l’achat des maisons et appartements, par commune.
Comme en témoigne le graphique ci‐dessous, le prix moyen à l’achat au mètre carré, maisons et appartements confondus, s’élevait à 3513 euros en 2019, contre 3001 euros en 2014.
La courbe du prix de l’immobilier à Lyon et dans la métropole depuis 2014.
Si la commune de Lyon enregistre une augmentation de 16% en moyenne sur la période 2014–2019, ce chiffre cache de fortes disparités d’un arrondissement à l’autre. Signe de la gentrification à l’œuvre dans le quartier, le 7e arrondissement a vu ses prix s’envoler de 34% sur la période, une hausse deux fois plus rapide que dans le reste de Lyon. A l’inverse, les prix de l’immobilier n’ont augmenté que de 6,5% dans le 6e arrondissement. Ceci s’explique par les prix déjà élevés pratiqués dans ce quartier huppé, où le mètre carré se négociait en moyenne à 3929 euros en 2014, contre mille euros de moins dans le 7e la même année.
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Certains chiffres récoltés sont à prendre avec précaution. La petite commune de La Mulatière a ainsi connu une explosion de 140% de ses prix entre 2014 et 2019, soit la plus forte hausse dans la Métropole. Mais cette augmentation spectaculaire peut s’expliquer par la vente d’un bien immobilier de grande valeur une ou plusieurs années de suite, venant gonfler artificiellement la tendance générale. De telles augmentations restent rares et concernent uniquement La Mulatière, Corbas et Jonage.
Flambée immobilière dans le sud de Lyon
Autre trompe‑l’œil : avec une hausse de 16,3% des prix, Lyon semble s’inscrire dans la moyenne basse de l’évolution du marché dans l’agglomération. Mais cette analyse est à pondérer : les prix y étaient déjà plutôt élevés, d’où une hausse moins rapide que dans le reste de la Métropole. En comparaison, le sud du Grand Lyon connaît de fortes augmentations, comme à Solaize (+38,3%), Charly (+27,8%) ou Pierre‐Bénite (+34,3%). A moins d’une politique publique ambitieuse en la matière, les récentes estimations démographiques qui prévoient l’arrivée de 150 000 nouveaux habitants dans les dix prochaines années, ne devraient pas inverser la tendance…
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